L'organisme Sécurité et réparation automobiles (SRA) classe les constructeurs moto et scooter en fonction de leurs coûts de réparations en cas de sinistres. Spoiler : non, le plus cher n'est pas BMW ! Décryptage.
En voilà une idée qu'elle est bonne : SRA dresse la hiérarchie des coûts de réparations grâce aux données collectées par les assureurs après un sinistre. Concrètement, ce classement 2022 compile "l'ensemble des expertises réparables des sinistres de collision en circulation et stationnement (hors vol, vandalisme, bris de glace, incendie, catastrophe naturelle)".
Pour compléter cet intéressant baromètre, Sécurité et réparation automobiles suit aussi de près l'évolution "des prix des pièces de rechange chez les différents constructeurs, celles des taux horaires de main-d'oeuvre carrosserie et des équivalents horaires des prix des ingrédients de peinture". De cette manière, SRA est en mesure de classer les constructeurs - auto et moto - en fonction du prix de leurs interventions.
Rappelons que Sécurité et réparation automobiles (SRA) fédère depuis 1977 l'ensemble des compagnies d'assurances pour mettre en oeuvre "tous moyens utiles" permettant de limiter "le nombre et le coût" des sinistres. Dans cet objectif, SRA édite des bases de données sur les caractéristiques des véhicules, leurs performances de sécurité, mais également leurs coûts de réparations.
Cette association Loi 1901 passe aussi à la moulinette les dispositifs antivols intégrés ainsi que les chaînes, U et bloque-disque accessibles dans le commerce (encadré ci-dessous). Bref un organisme sérieux et reconnu, par ailleurs d'autant plus pointu que ses informations proviennent directement des fichiers des assureurs !
Et le constructeur moto aux réparations les plus onéreuses est… "BMW ?". Raté ! "Ducati ? ". Non plus !" C'est en réalité Harley-Davidson qui hérite de cette peu enviable distinction devant Aprilia, Ducati, BMW, KTM et Triumph. La firme d'Hinckley est la dernière marque dont le prix des réparations dépasse le coût moyen total constaté par SRA (base 100).
Honda apparaît juste en dessous de cette moyenne devant Moto Guzzi, Kawasaki et Yamaha. Suzuki et Royal Enfield sont les derniers classés, avec même un net décrochage pour la marque indienne. Pour une fois qu'être le dernier peut rapporter gros !
Doit-on en conclure que Harley abuse sur le prix de ses interventions ? Oui et non : certes ce classement n'est guère favorable à la marque de Milwaukee, mais n'oublions pas qu'une grande partie des Harley-Davidson sont personnalisées. Autant de pièces plus coûteuses que l'origine à changer en cas de sinistre, selon le contrat d'assurance.
Par ailleurs, Harley est friand de périphériques dédiés : ses motos partagent certes châssis et moteur, mais rarement les mêmes roues, fourches, échappements, selle et guidon (les mauvaises langues diront même qu'il n'y a que ça qui change). Soit l'inverse d'un "généraliste" comme Honda, par exemple, qui rationalise grâce à sa politique de partage de plate-forme inspirée de l'automobile.
Cette démarche "à l'américaine" fait fatalement grimper le prix de la casse : la roue à bâtons polis de 21 pouces (!) du Breakout 117 est en toute logique plus coûteuse à remplacer que la "basique" jante de 17 pouces des CB500. Question de complexité de fabrication, donc de coûts, mais aussi de volumes.
Le constat vaut aussi pour Aprilia et Ducati, même si dans une moindre mesure : les deux constructeurs italiens installent des pièces haut de gamme sur leurs motos, notamment les Superbike RSV4 et Panigale V4. Ligne d'échappement titane, carters en magnésium, roues forgées : rien n'est trop beau pour ces divas… qui le font payer cash en cas de crash !
MNC observe également que Aprilia est sous-représenté avec seulement "1,1%" des expertises étudiées par SRA. A comparer avec Yamaha ("19,6%"), constructeur le plus représenté devant BMW ("16,9%") et Honda ("15,6%"). Soit autant de possibilités de lisser les coûts en faveur d'une moyenne entre petites et grosses réparations, "mécaniquement" plus onéreuses.
Pour les scooters de plus de 125 cc, c'est Yamaha qui s'illustre négativement sur le coût de ses réparations… Le classement SRA - par ailleurs plus complet que pour les motos - révèle nettement la cause : le prix des pièces (en orange sur le graphique) serait beaucoup plus élevé que chez la concurrence.
Cette observation ne s'applique pas - étrangement - sur les scooters à 3-roues de Yamaha : la gamme Tricity apparaît à l'inverse parmi les moins chers à réparer, tant au niveau de la main d'oeuvre que du coût des pièces détachées.
Honda est deuxième en termes de coût de réparations sur ses scooters devant BMW. Avec une subtilité néanmoins pour la marque à l'hélice : ce sont ses scooters électriques - C Evo et CE 04 - qui sont concernés par cette troisième place.
Quatrième, Suzuki se classe tout juste en dessous du coût moyen total observé par SRA (base 100) sur l'année 2022. Le blason d'Hamamatsu précède les trois-roues Piaggio et Peugeot, tandis que les deux-roues Piaggio (nuance !) sont au coude à coude avec Kymco pour le titre de marque la moins chère à faire réparer.
Là encore, des biais de représentativité tendent cependant à pondérer les résultats : Piaggio (MP3), Yamaha et Honda concentrent à eux seuls les trois quarts (74,6%) des expertises étudiées par SRA. Constat (hé, hé !) logique au regard de leurs ventes et de leurs positions sur le marché scooter français.
Le bon élève Kymco n'apparaît quant à lui qu'à hauteur de "2,8%" sur le nombre total d'expertises : soit un rapport de un à dix avec Yamaha, par exemple. De quoi faire énormément varier le coût moyen, selon le prix des pièces concernées.
SRA : antivols et airbags moto |
|
|
.
.
.