"Désarmons nos routes", scande l'association Prévention routière dans sa dernière campagne de communication contre les comportements à risques au volant et au guidon, où la moto est abordée à travers le seul prisme de la vitesse... Explications.
La nouvelle thématique de la Prévention routière dresse un parallèle volontairement "percutant" entre écart de conduite et arme à feu : "votre comportement peut transformer votre véhicule en arme", décrit cette association lancée en 1949 par les sociétés d'assurances et "les professions de l'Union routière de France" pour diminuer le nombre d'accidents de la route.
Sa campagne "Désarmons nos routes" s'articule autour de trois vidéos qui illustrent ce slogan via des armes fictives réalisées avec des pièces mécaniques : la double sortie d'échappement d'une moto se transforme ainsi en canon juxtaposé, alors que l'ensemble poignée et levier font office de gâchette...
Objectif ? Faire réaliser aux conducteurs la dangerosité de certains comportements qui peuvent aboutir à cet "instant où tout bascule de façon définitive comme dans l’usage des armes à feu", explique la Prévention routière qui "cible" particulièrement trois situations : l'usage du téléphone en conduisant, la somnolence et la vitesse excessive.
Des comportements "trop souvent banalisés", regrette la déléguée générale de l'association Anne Lavaud tout en se livrant à son tour à un raccourci devenu banal : vitesse et moto sont de nouveau associées autour d'un portrait type "motard-chauffard". A croire que les conducteurs de deux-roues sont tous des criminels en puissance ivres de vitesse aux yeux des organismes de sécurité routière !
La vidéo consacrée à la moto (ci-dessous) met en scène Enzo, motard à l'origine d'une collision mortelle avec un petit garçon car il "voulait juste pousser un peu ma bécane, mais elle est devenue incontrôlable". Le message est clair : "quelques kilomètres/heure de trop suffisent pour que des vies basculent".
"L’exemple d’Enzo, le motard de notre grande campagne de sensibilisation aux dangers de la route, est édifiant car plus de deux tiers des 483 piétons tués sur la route (en 2019, NDLR) l’ont été en milieu urbain", commente la Prévention routière qui suggère implicitement que les motards sont fréquemment responsables de ces collisions mortelles en ville.
La perspective de se faire renverser par un bus, un taxi, une camionnette ou une voiture nous paraît pourtant autrement plus élevée, y compris sur les passages pour piétons pas toujours respectés...
L'importante baisse de la mortalité des piétons sur l'année 2020 en est l'exemple : le bilan annuel de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) évoque une diminution de "-24%" (369 décès), qui s'explique essentiellement par les restrictions de circulation imposées par le coronavirus.
Moins de morts... mais pas moins de motos ! Au contraire même : beaucoup de motards ont préféré leur moto au métro en réaction à l'épidémie, ce qui se confirme par le faible recul des ventes malgré le contexte sanitaire peu propice aux affaires (seulement -3,6% !). Sans parler de l'explosion des livraisons à domicile (essentiellement à scooter) pendant les confinements : rarement piétons et deux-roues ont autant cohabité en ville.
"En raison des règles de distanciation sociale, beaucoup d’usagers ont changé de modes de déplacement, notamment en zone urbaine où les modes individuels (marche à pieds, trottinettes et autres engins de déplacement personnel, vélos, deux-roues motorisés, voitures) ont été privilégiés aux transports en commun", confirme ainsi l'ONISR dans son bilan annuel.
A ce titre, la moto est davantage à considérer comme une solution que comme une arme... n'en déplaise à la Prévention routière !
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