L'australien Paul Maloney est à l'origine d'une moto spectaculaire propulsée par deux moteurs de Yamaha R1 que cet ancien ingénieur en Grands Prix et en Superbike a accouplé pour former un 8-cylindres en V. Partie-cycle de haute volée et poids raisonnable distinguent aussi son délirant roadster PGM V8 à... 160 000 euros ! Présentation.
En matière de roadsters extravagants avec un énorme moteur en V, le Journal moto du Net connaissait déjà la Midalu 2500 et son 6-cylindres de 2442 cc qui cracherait quelque 240 ch d'après son concepteur tchèque. L'allemand Horex fait également très fort avec sa VR6 de 168 ch et son V6 très compact de 1218 cc !
Mais la PGM V8 repousse encore de deux cylindres cette folie mécanique : son moteur est le fruit de l'association de deux 4-cylindres en ligne de 998 cc, installés face à la route et ouverts à 90° ! Cylindres et culasses proviennent d'une Yamaha YZF-R1, tandis que le bas moteur et ses carters sont nés sur la planche à dessins de Paul Maloney.
Basé à Victoria (sud-est de l'Australie), cet ancien ingénieur motoriste a fait ses armes en mondial Superbike avec Kawasaki et Yamaha à la fin des années 80 avant de collaborer avec Sauber. Sa parfaite connaissance des moteurs de course s'exprime également fin 2002 sur le 4-cylindres de la ZX-RR, première MotoGP 4-temps de Kawasaki.
En 2007 lui vient l'idée de créer un roadster hors norme avec un 8-cylindres en V. Pourquoi un V8 ? Car en bon australien, Maloney a une faiblesse pour les gros moteurs multicylindres ! Sans compter la beauté du défi : fabriquer de ses mains un V8 suffisamment compact pour entrer dans un roadster n'est pas donné à tout le monde.
Huit ans de travail acharné lui seront nécessaires pour arriver à ses fins avec sa PGM V8, découverte fin 2015 : son bloc de 1996 cc (!) revendique 334 ch (!!) à 12 800 tr/mn et pas moins de 214 Nm de couple à 9500 tr/mn en sortie de boîte. Son injection est confiée à un ride-by-wire Mikuni et à un calculateur Motec.
L'échappement passe au travers de collecteurs "maison" qui débouchent dans deux silencieux en titane 4-en-2-en-1", fabriqués sur mesure par Akrapovic. Chair de poule assurée à l'écoute de cette mécanique à 40 soupapes via la vidéo ci-dessous (les R1 comptaient 5 soupapes/cylindres en 2006).
Paul Maloney s'enorgueillit sur son site Internet d'avoir fabriqué "la moto de production la plus puissante du monde"... ce qui n'est pas tout à fait vrai. Certes sa PGM V8 supplante toutes les Superbike de série - y compris la RSV4 1100 de 217 ch ! - et bat de 8 ch le 4-cylindres suralimenté de la Kawasaki H2R (326 ch)...
Mais une autre moto - ironiquement aussi à moteur V8 - lui colle la pige avec... 445 ch (!) : la Boss Hoss BH-3 LS3 présentée dans notre dossier sur les motos les plus moches ! L'américaine tire sa monstrueuse puissance d'un 8-cylindres d'origine Chevrolet, qui cube l'incroyable volume de 6300 cc (6,3 l !).
La Boss Hoss est comme la PGM une moto artisanale fabriquée à la main aux ventes assez confidentielles, mais tout de même suffisante pour être considérée comme une petite série. L'américaine est par ailleurs homologuée et importée en France depuis 2013.
Mais le recours à un moteur de voiture confère à la Boss Hoss un look pachydermique et un poids démesuré d'une demie tonne ! Hors de question pour Maloney d'enfanter un tel "monstre" : sa PGM V8 est à l'inverse conçue comme un roadster sportif.
Le cadre de sa conception s'appuie sur un treillis tubulaire en acier renforcé au molybdène - comme sur les KTM -, sur lequel viennent se fixer des platines usinées en aluminium. Cette solution présente l'avantage d'une relative facilité de conception, tout en assurant la rigidité requise par une moto de plus de 330 ch.
Pour les équipements, "l'Aussie" n'a pas fait dans la demi-mesure : fourche de 48 mm et amortisseur Öhlins dérivés du MotoGP, étriers de frein monoblocs Brembo et roues forgées Marchesini. Le tout recouvert d'un habillage en carbone pour contenir le poids à 242 kg avec le plein de 16,5 litres.
Si une moto de 240 kg ne peut être qualifiée de "légère", la performance reste notable au regard de l'architecture mécanique V8 ! A titre de comparaison, le roadster Yamaha MT-10 ne pèse que 32 kg de moins (210 kg) malgré son recours à la dernière génération de moteur R1.
Le prochain défi de Paul Maloney est justement d'accoupler deux 4-cylindres Yamaha plus modernes dans le but de dépasser les 400 ch. MNC ose à peine imaginer le répondant et le son démentiels de la réunion de deux "CP4" à calage Crossplane que nous venons de tester sur la R1 2020 !
Petit "détail" à prendre en compte : la PGM V8 tutoie également les extrêmes sur un plan tarifaire, avec un prix de départ d'environ 160 000 euros. De quoi lui faire intégrer directement en bonne place notre dossier sur les motos les plus chères du monde !
MOTEUR
TRANSMISSION
CHÂSSIS
SUSPENSIONS
ROUES
FREINS
DIMENSIONS
Prix
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