Alors que sous-traiter en Asie pour diminuer les coûts est courant pour les constructeurs de motos européens, Norton se lance dans un autre type de collaboration : développer un bicylindre de 650 cc pour équiper les motos du géant chinois Zhongshen !
La marque de motos Norton, relancée par l'homme d'affaires Stuart Garner, souffle depuis plusieurs années sur les cendres de son glorieux passé dans l'espoir de ranimer la flamme avec une production très haut de gamme et volontairement élitiste, réalisée artisanalement dans ses locaux de Donington Hall.
Une démarche opposée à celle du géant chinois Zhongshen, qui a construit l'an passé pas moins de 4 millions (!) de moteurs et dont le catalogue s'articule autour de motos de petite cylindrée à prix serré. Et pourtant, ces deux entreprises au profil si différent viennent de sceller un accord de 20 ans (!!) pour le développement commun d'un bicylindre vertical de 650 cc.
Cet inédit moteur à refroidissement liquide, conçu par Norton, sera exclusivement utilisé sur les futures motos Zhongshen et sa marque Cyclone, permettant au groupe asiatique de sérieusement étoffer sa gamme. Dans le cadre de ce partenariat, Norton développera ce bicylindre qui sera ensuite fabriqué dans les usines géantes de Zhongshen à Chongqing, avec tous les avantages économiques procurés par ce type de montage.
L'autre gros intérêt pour le troisième fabricant chinois de deux-roues est de profiter de l'expertise de Norton sur un plan mécanique, notamment pour la maîtrise des rejets polluants. Zhongshen va ainsi rapidement pouvoir exporter des motos performantes, et surtout compatibles avec les dernières normes antipollution (Euro4 actuellement, puis Euro5 aux alentours de 2020).
"Travailler avec Zhongshen va leur permettre de proposer des moteurs de grande qualité à faibles émissions polluantes répondants aux actuels standards globaux en la matière", confirme Stuart Garner, PDG de Norton.
Quant à Norton, le bénéfice de l'opération est simple à appréhender : le constructeur britannique va toucher une forte somme d'argent de la part de Zhongshen pour mener à bien ce projet, puis des royalties sur chaque bloc moteur vendu. Au regard de la force de frappe du géant chinois et de la durée du contrat (deux décennies, tout de même !), l'argument ne manque pas d'intérêt !
"Cela nous permettra d’investir de substantiels revenus dans nos compétences, notre formation et nos capacités d’ingénierie, tout en assurant une viabilité à long terme de nos Norton fabriquées ici en Angleterre", explique le PDG de la marque anglaise.
D'autre part, Stuart Garner assoit un peu plus son envergure avec ce partenariat : Norton passe du statut de petit constructeur artisanal à faibles volumes à celui de partenaire privilégié d'un mastodonte comme Zhongshen. Voilà qui vous pose une marque, en plus de rassurer d'éventuels investisseurs et clients sur sa solidité financière !
Loin d'être idiot, l'industriel britannique précise que Norton continuera en revanche à fabriquer "tous ses propres moteurs dans son usine", située à deux pas du magnifique circuit de Donington Park. Impossible autrement de continuer à valoriser l'aspect luxueux et fait main des Norton si leur propulseur était assemblé à bas coût en Chine ! Rappelons en effet que Norton a écoulé en deux semaines seulement 200 exemplaires de sa splendide sportive V4 SS, pourtant facturée la bagatelle d'environ 50 000 euros !
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