MV Agusta, propriétaire de Cagiva, s'inspire de l'emblématique Elefant pour proposer deux nouveaux trails de cylindrée et de conception différentes via son Lucky Explorer Project. Le premier de 931 cc provient de la banque d'organes du constructeur italien, tandis que le second de 554 cc est réalisé par son partenaire chinois Qianjiang. Présentations.
MV Agusta évoque depuis plusieurs années son désir de ressusciter sa marque Cagiva à travers des motos inédites : le constructeur italien tient parole en ressuscitant le "Lucky Explorer Project" qui accompagna les belles heures de Cagiva au Dakar avec sa mythique Elefant et sa "fumante" livrée aux couleurs de son sponsor cigarettier américain.
Cette initiative donne naissance à deux nouveaux trails inspirés de cette moto victorieuse sur le Roi des Rallyes en 1990 et 1994 avec Edi Orioli : les "Lucky Explorer Project 9.5" et "Lucky Explorer Project 5.5". Deux nouveautés au stade du prototype finalisé, voire prêtes à prendre la piste : ce ne sont pas, a priori, des "maquettes de salon" comme le suggère leur accastillage routier (éclairage, support de plaque, clignotants).
Mais si cette "9.5" et "5.5" partagent la même allure robuste et un réservoir haut et imposant - clin d'œil au double bidon de l'Elefant - , leur conception diffère radicalement : le modèle de plus forte cylindrée (931 cc) sort des chaînes italiennes de Varese, alors que la variante de 554 cc arrive de Chine et plus précisément de chez Qianjiang, avec lequel MV Agusta est en affaires depuis fin 2020 !
Une inspection plus approfondie renvoie même directement au trail TRK502 X lancée en 2018 par Benelli, qui appartient - depuis 2005 - à Qianjiang ! La MV Agusta 5.5 et la Benelli ont notamment en commun le même bicylindre parallèle et un dessin très, très proche de leur cadre treillis tubulaire acier. La plus grosse différence ? La MV s'affranchit avantageusement du proéminent "bec" de la Benelli !
Le moteur voit cependant sa cylindrée passer de 499,6 cc à 554 cc pour développer une puissance similaire de 47,5 ch - directement compatible A2 -, mais une poignée de newtons-mètre supplémentaires de couple : 51 Nm pour la Lucky Explorer 5.5 contre 45 Nm pour la TRK502.
De même, la MV Agusta adopte une fourche inversée Showa de 43 mm entièrement réglable, quand sa donneuse d'organes Benelli affiche une fourche surdimensionnée de 50 mm. Le freinage est quant à lui confié à de luxueux étriers radiaux 4-pistons Brembo, qui pincent des disques de 320 mm dissimulés des caches recouverts de cache.
Les roues à rayons en 19 et 17 pouces accueillent des pneus à pavés de 110 et 150 mm, largeur suffisante au regard des performances limitées. Une béquille centrale facilite le graissage de la chaîne de cette moto annoncée à... "220 kg à sec".
Lourd ? Oui : comme la Benelli TRK502X de "238 kg en ordre de marche", soit le même poids qu'un maxi-trail ! Le twin refroidi par eau à double ACT va avoir du pain sur la planche pour déplacer presque un quart de tonne avec moins de 50 ch…
Le trail Lucky Explorer 9.5 pioche quant à lui dans la banque d'organes de MV Agusta : son moteur dérive des 3-cylindres "maison" des F3 800, mais voit ses côtes évoluer pour atteindre 921 cc. Ce nouveau "Tri pistoni" - loin du bicylindre de l'Elefant d'origine ! - conserve les pistons forgés et le vilebrequin contrarotatif propres aux motos sportives de la marque.
La puissance de ce bloc compact et léger ("57 kg") s'établirait à 123 ch et son couple à 102 Nm, alors que MV Agusta le proposera avec un shifter double effet ou son dispositif d'embrayage automatisé Smart Clutch System (SC) qui avait été étrenné en 2018 sur la Turismo Veloce Lusso.
Le cadre de cette "9.5" diffère de la production habituelle de MV Agusta puisqu'il s'agit d'un double berceau acier avec bâti boulonné, où viennent se greffer des suspensions Sachs à forts débattements : 220 mm pour la fourche inversée et 210 mm pour l'amortisseur. Ce modèle exposé à Milan exhibe par ailleurs le pilotage électronique de ses suspensions, au gré des modes de conduite.
Les jantes à rayons sont en 90/90/21 et en 150/70/18, alors que la selle varie de 850 à 870 mm de hauteur : courts sur pattes, s'abstenir a priori ! Rançon logique des grandes suspensions et de la garde au sol de 230 mm. Haut de gamme, cette MV Agusta 9.5 reçoit des étriers Brembo Styema dignes d'une Superbike sous la surveillance d'un ABS sensible à l'angle, ainsi qu'un instrumentation en couleurs et connectée de 7 pouces.
Les baroudeurs pesteront contre l'absence de centrale mais salueront les pare-mains et les protections moteur enveloppantes, ainsi que le porte-paquets et les supports de valises qui semblent être de série. Le silencieux en position haute et fortement redressé confirme les ambitions off-road de cette nouveauté, dont le profit et la face avant font penser à la Honda Africa Twin.
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