Pour terminer deuxièmes à l'arrivée du Bol d'Or 2021 sur la Yamaha n°96 du team Moto Ain, Randy de Puniet, Roberto Rolfo et Robin Mulhauser ont bien sûr misé sur leur talent, leurs mécanos et tous les membres de l'équipe... mais pas seulement ! Révélations.
Autant se l'avouer tout de suite : un paddock moto, ce n'est pas le premier lieu qui vient à l'esprit quand on pense à la gastronomie française... Le plus souvent c'est malbouffe, sandwichs plus ou moins étranges, froids, etc. Dans les teams, on peut trouver du moyen et du catastrophique (surtout pour les pilotes), en passant de pain de mie jambon à la brioche pâte à tartiner et quelques fruits quand ils ont du bol... Autant dire que pour une course d'endurance comme le Bol d'Or, c'est loin d'être idéal.
Mais les membres du team Moto Ain, fidèles à eux-mêmes, sortent du lot ! Peut être que l'état d'esprit de l'équipe y est pour quelques chose, avec cet esprit de camaraderie qui saute aux yeux. Donc pour nourrir ce petit monde (mécanos, pilotes, partenaires, journalistes, etc.) ils ont trouvé la solution : mettre en cuisine une équipe dont le chef - pour l'occasion, car ce n'est pas son métier - va chaque jour faire ses courses pour avoir des produits frais et préparer des repas en tenant compte des besoins et des exigences de chacun.
Des pilotes de ce niveau ont très souvent des restrictions et des besoins alimentaires très spécifiques, sans oublier les petites préférences. Autant dire que c'est un réel casse tête... Et si Moto Ain débarque en EWC en s'offrant un podium au nez et à la barbe des cadors du championnat, c'est aussi grâce à ça ! Chapeau aux pilotes et aux mécanos, mais aussi au staff de la cuisine ! Merci messieurs !
Peux-tu nous expliquer comme ça se passe en coulisses pour faire manger un team de 40 personnes ?
Stéphane Vitte, chef cuisto chez Moto Ain : on est avant tout une bande de potes qui essayent de faire de belles choses ensemble. J'accompagne Pierre depuis plus de 20 ans. Pour ce Bol d'Or, en plus de mon père qui vient à chaque fois, j'ai aussi recruté mon frère et un pote. On a l'habitude de travailler ensemble. Donc sur la partie cuisine, on est rodé. Au niveau du team, il y a plus ou moins 40 personnes selon les courses. Sur une semaine, midi et soir, cela représente environ 500 repas servis.
Qu'est ce qui te plait le plus dans ton job ?
SV : on aime faire plaisir. On aime voir les sourires sur les visages à la fin du repas. On aime voir certains anciens pilotes revenir manger chez nous. Quelque part cela valorise notre travail. A contrario, on n'aime pas trop le gâchis alimentaire. Moto Ain est un team privé avec des moyens limités, on ne peut pas se permettre de gâcher. Alors on fait en sorte que tout le monde aime notre cuisine et pour le moment, on s'en sort plutôt bien.
Qu'est ce qui est le plus difficile à gérer sur une semaine de course ?
SV : à partir du moment où on est organisé et où l'on a notre cuisine, pour les courses en France il n'y a pas de réelles difficultés. L'important c'est le respect des aliments et de la chaîne du froid. On va faire les courses tous les jours. On fait les menus à l'avance et on prévoit les quantités. La difficulté arrive plutôt à l'étranger. Nous avons moins de matériel et c'est plus difficile de faire les courses avec des produits que l'on ne connaît pas dans une langue que l'on ne parle pas... Mais globalement, depuis le temps on s'est adapté et, au fil des ans, on est de plus en plus sereins quand on part sur une course.
Comment gères-tu les repas des pilotes ?
SV : les pilotes ont des besoins spécifiques, donc on s'adapte. On échange avec eux pour savoir ce qu'ils veulent. Pour la course, ils ont des menus à part que l'on ne fait rien que pour eux. Tous nos pilotes ont connu le très haut niveau des catégories Moto2 et MotoGP. Sur la nourriture ils sont exigeants et on aime ça. Ils nous ont fait monter en compétences.
As-tu une recette dont tu es fier et que tu pourrais donner à nos lecteurs ?
SV : Bien sûr, avec plaisir ! On est de l'Ain, alors forcément on essaye de faire un ou deux repas pendant la semaine autour des produits de notre terroir. Pour tes lecteurs il y a une de nos recettes qui est très simple à faire. On a revisité la célèbre tartiflette en la transformant en Bressiflette : le poulet de Bresse remplace les lardons et le bleu de Bresse remplace le reblochon.
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