Après Volvo, Renault est le deuxième constructeur automobile à volontairement brider ses voitures à 180 km/h en faveur de la sécurité routière et de l'écologie. Alors que le mot "vitesse" est pratiquement devenue une grossièreté, les motos devront-elles aussi limiter leurs performances ? Éclaircissements et perspectives.
Luca de Meo, directeur général du groupe Renault, a créé la surprise et l'émoi dans le monde de l'automobile en annonçant que la "vitesse de nos véhicules sera plafonnée et ne dépassera pas les 180 km/h" lors de l'assemblée générale des actionnaires. "La vitesse cause un tiers des accidents mortels", explique le dirigeant qui défend aussi la portée écologique de cet "auto-bridage".
Argument facilement contre-attaquable : les accidents mortels à très haute vitesse sont largement minoritaires, pour la bonne et simple raison que plus personne n'osent outrepasser exagérément les limitations ! Brider les voitures à 180 km/h ne diminuera en rien les nombreuses collisions fatales qui surviennent à des vitesses deux fois moins élevées.
En cela, l'important ne tient pas dans les capacités du véhicule mais de la façon dont il est utilisé : le comportement du conducteur est toujours prépondérant. En quoi un bridage à cette vitesse dissuadera-t-il l'abruti de service de traverser une agglomération à 90 km/h au lieu de 50 km/h ?
Toujours est-il que le constructeur français rejoint ainsi son rival suédois Volvo et ses voitures limitées à 180 km/h depuis 2020. La marque au losange précise toutefois que ses voitures de sport Alpine ne seront pas concernées, mais uniquement ses Renault et Dacia... Paradoxe qui trahit plus une mesure d'affichage de "bonne conduite", qu'un réel parti pris en faveur de la sécurité.
Soyons sérieux : à quoi bon brider à 180 km/h des Scenic, Kadjar et autres Duster, souvent même incapables d'atteindre une telle allure ?! Au-delà de l'image, cette décision marque en réalité l'abandon de la vitesse comme argument promotionnel par les constructeurs, ainsi que leur capitulation face à la dictature de la sécurité routière toujours plus envahissante.
Pour MNC, cet aspect est justement inquiétant dans la mesure où cette "bonne conscience" pourrait se transposer à la moto. Si demain toutes les voitures étaient bridées, combien de temps se passera-t-il avant que des associations comme la Prévention routière exigent la même chose pour les deux-roues ?
D'autant que certains n'y manqueraient pas d'y voir une autre forme d'inégalité entre automobilistes et motards, à l'instar notamment de l'éternel débat autour du contrôle technique. MNC imagine déjà les discours accusateurs : "pourquoi ne pas brider aussi la vitesse maxi des motos, ces engins dangeureux, bruyants et polluants ?".
Les constructeurs de moto - mis sous pression - pourraient alors être contraints de placer des limites : la vitesse maxi dans un premier temps, et pourquoi pas ensuite la performance pure ? Mais oui : à quoi bon fabriquer des Superbike de 220 ch et des maxitrails de 160 ch pour rouler à 80 km/h sur le secondaire et 130 km/h - hourra - sur autoroute ?! On n'en est pas là, fort heureusement, mais la menace est bien réelle.
Le rapport passionnel avec sa moto, le simple fait de contempler et d'écouter son moteur ou encore ce sentiment exaltant de savoir ce qu'elle a dans le ventre sans pour autant l'exploiter au quotidien : qu'une Aprilia RSV4 1100 dépasse déjà les 180 km/h en deuxième (!), comme sur notre photo d'illustration, n'implique pas de rouler au rupteur en permanence.
Mais tout ça n'a aucune importance pour les ayatollahs de la sécurité routière, pour qui la vitesse est le mal absolu. Or ces derniers ont malheureusement l'oreille d'une quantité grandissante de dirigeants politiques...
Reste qu'instaurer une limite de vitesse sur les motos n'est pas une nouveauté en soi : en 2011 Honda, notamment, avait bridé électroniquement sa Crossrunner à 200 km/h, comme constaté dans notre duel MNC face à la TDM 900. D'autres constructeurs ont fait la même démarche, généralement pour des raisons de stabilité à très haute vitesse en duo chargé.
Autre forme de bridage déjà en vigueur sur les motos : l'absence d'affichage au-delà de 299 km/h sur les hypersports et les missiles sol-sol comme la Suzuki Hayabusa, via un "gentlemen agreement" entre les constructeurs. Déjà un "bon" début, non ?!
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.