Le MotoGP n'en finit plus de copier la Formule 1 : un système de communication audio intégré au casque des pilotes a de nouveau été testé pendant les essais de Jerez (Espagne) avec l'objectif de l'introduire pour la saison 2024. Explications.
Ailerons à tout-va, championnat électrique, série documentaire, courses sprint : le MotoGP copie de plus en plus ouvertement la rivale Formule 1, au risque de frôler la sortie de piste tant les deux modèles sont difficilement transposables. Exemple avec "MotoGP Unlimited" qui a fait un flop sur Amazon alors que "Drive to Survive" dédié à la F1 marche du tonnerre sur Netflix !
Quant aux appendices aérodynamiques indispensables en Formule 1, leur développement défigure les MotoGP - les pics des Ducati ou la "poignée passager" des KTM, sérieusement ! - et génère en plus des turbulences. Sans parler des problématiques de surchauffe des pneus avant dans le sillage des autres pilotes, sous l'effet de l'appui au sol supérieur.
Résultat : les motos sont certes toujours plus performantes, mais de plus en plus délicates à piloter en paquet, au détriment direct du spectacle. Soit exactement le scénario inverse dont a besoin le MotoGP pour renouer avec ses audiences d'avant le Covid… et le départ en retraite d'un certain Valentino Rossi, soit dit en passant !
Autre technologie incontournable en F1 sur laquelle lorge depuis longtemps le MotoGP : la communication vocale avec les pilotes via un système audio dans leur casque. L'initiative a déjà été testée dans le passé - notamment par les teams Roberts et Tech3 -, sans succès en raison du caractère extrêmement bruyant des MotoGP.
Difficile de percevoir distinctement des consignes émises par radio avec déjà 130 décibels - seuil maxi autorisé en MotoGP - de furie mécanique dans les oreilles ! Sans parler du risque de déconcentration : raison pour laquelle ce projet "d'intercom" avait été mis de côté en 2016, aux profits de messages envoyés au tableau de bord puis d'avertissements sur de grands panneaux à LED autour des circuits.
Mais l'idée poursuit malgré tout son bonhomme de piste : une nouvelle évolution de communication radio - étrennée en 2020 - a été proposée à plusieurs pilotes lors des récents tests de Jerez au lendemain du Grand Prix d'Espagne. Le récepteur prend deux formes : un écouteur directement dans l'oreille, façon bouchon, ou un dispositif autour de l'oreille.
L'expérience à Jerez consistait à émettre des messages de sécurité pré-enregistrés dans le casque du pilote : "Drapeaux rouges" (interruption de course), "Drapeaux jaunes" (interdiction de doubler car danger) ou encore changement d'adhérence (pluie). A terme, l'idée est d'automatiser ces avertissements vocaux via localisation GPS : les pilotes seraient ainsi sollicités en amont, si possible dans une ligne droite pour limiter leur déconcentration.
Mieux vaut effectivement éviter de balancer "Drapeaux rouges, drapeaux rouges !" dans les oreilles de pilotes en pleine bagarre dans une courbe avec 60° d'angle ! Ce dispositif est par ailleurs à sens unique : les pilotes peuvent recevoir des consignes vocales, mais pas en émettre comme cela se pratique en F1. Pour l'instant…
"Plus tard, si les équipes sont d'accord et une fois qu'elles seront plus à l'aise avec le dispositif, je pense qu'on arrivera à une communication bidirectionnelle par radio entre les pilotes et la direction de course ou entre les teams et les coureurs", prévoit le nouveau directeur sportif du promoteur des Grands Prix, Carlos Ezpeleta (oui, oui : le neveu de l'inoxydable Carmelo !).
"L'introduction complète de ce système dépend de différents facteurs et ne se fera pas avant le lancement de la saison 2024 au Qatar", précise le dirigeant de Dorna Sports. "Il y a pas mal de développement du côté des logiciels : si les pilotes ne veulent recevoir des messages qu'à certains endroits, ce sera plus difficile pour nous de préparer ces communications et ces secteurs".
Et les intéressés, qu'en pensent-t-ils ? Fabio Quartararo se dit séduit par certaines fonctionnalités mais admet quelques réserves, notamment en termes de dérangement et de confort. Par ailleurs, le champion du monde 2021 est plutôt contre l'extension des possibilités de communication…
"C'était bien et je pense que s'ils arrivent à l'utiliser d'une bonne manière, ça peut être un plus au niveau sécurité. Mais je ne pense pas qu'on ait besoin d'avoir beaucoup de monde qui parle là-dedans : ça doit juste être en cas d'urgence", explique-t-il, visiblement pas intéressé par des échanges vocaux avec son équipe.
MNC rejoint l'avis du "bon 20 français" : si le MotoGP suit cet axe de développement, les courses deviendront inévitablement beaucoup plus stratégiques. Les teams communiqueront les infos clés à leur pilotes au fur et à mesure, avant de leur dicter précisément le rythme à suivre pour atteindre les objectifs. Exactement comme en Formule 1, en somme…
"Dans mon premier tour, ça m'a fait un peu bizarre", souligne Fabio, qui a mis un certain temps avant de s'habituer. "On peut l'utiliser pour la sécurité, surtout pour des drapeaux rouges ou une moto au milieu de la piste : ça peut être utile. Par contre, c'était assez inconfortable mais ce n'est qu'un prototype".
Son compatriote Johann Zarco se montre moins enthousiaste et estime avoir déjà suffisamment d'informations sous ses yeux via les messages relayés sur l'instrumentation : "les pilotes peuvent lire le tableau de bord, même si c'est assez difficile et qu'on n'a pas beaucoup de temps. Si on se sent bien sur la moto, on peut le regarder : je suis plus favorable à ça qu'à avoir des informations dans des oreillettes".
Quitte à enfiler des oreillettes, le n°5 préférerait des appareils avec système actif pour réduire le bruit comme l'ont développé les géants de l'électronique sur leurs casques et écouteurs audio (Apple, Bose, JBL, Sony, Samsung, etc.) : "une réduction de bruit active apporte du confort pour le cerveau donc c'est mieux pour la concentration", estime-t-il.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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