Le tentaculaire groupe Kawasaki Heavy Industries (KHI) met en place un vaste plan de restructuration pour faire face aux défis des dix prochaines années, avec notamment davantage d'autonomie accordée à sa division moto. Explications.
Pour beaucoup de motards, Kawasaki représente des motos vertes qui vont vite. Mais cette définition est aussi simpliste qu'incomplète : le deux-roues représente environ 20% seulement du chiffre d'affaires du groupe Kawasaki Heavy Industries, qui fabrique trains (le célèbre "Shinkansen"), hélicoptères, navires, turbines et robots !
Pas la peine de vous faire un dessin : les bénéfices - mais aussi les investissements - sont incomparables entre une Z650 à 7000 euros et une rame à grande vitesse de 20 ou 30 millions d'euros, sans parler des porte-containers géants qui dépassent les 100 millions d'euros ! L'histoire de Kawasaki débute d'ailleurs en 1878 avec un chantier naval à Tokyo (Japon), et non pas une moto.
Mais le deux-roues n'est pas qu'une jolie vitrine pour le groupe et ses "36 332" salariés (!), au contraire même en ces temps troublés : KHI décrit l'impact négatif du coronavirus sur ses principales activités - surtout de transports - pendant le deuxième trimestre 2020, mais se réjouit à l'inverse de la bonne santé de sa division moto (qui comprend également les buggys et autres utilitaires tout-terrain) !
"La pandémie de COVID-19 a contraint les opérateurs ferroviaires du Japon à revoir leurs plans d'investissement à court terme en réponse à la baisse du nombre de passagers", explique le géant japonais, également pénalisé par les importants retards engendrés par la crise sanitaire sur "la construction de nouvelles lignes ferroviaires".
Kawaski Heavy Industries reste toutefois confiant sur le potentiel de développement des systèmes ferroviaires dans son plan stratégique pour les dix prochaines années "Groupvision 2030", évoquant une "croissance relativement stable" motivée par les besoins croissants de déplacements dans les "grandes villes en forte concentration de population", spécialement en Asie.
Pour mieux traverser la crise, KHI s'appuie notamment sur les résultats encourageants de ses activités moto au deuxième semestre par rapport à 2019 : ses ventes en Europe se maintiennent positivemment compte tenu du contexte et des contraintes liées au(x) confinement(s). A cela s'ajoute le succès de ses véhicules tout-terrain aux États-Unis : les moto-cross et "Kawa" tout-terrain à quatre-roues (buggy, ATV, etc.) ont le vent en poupe dans ce pays pourtant le plus touché par le Covid-19.
A contrario Kawasaki enregistre une "baisse significative sur les marchés émergents" avec 158 000 unités écoulées au deuxième trimestre 2019 contre 84 000 au deuxième trimestre 2020. A voir sur la durée, mais ce constat interpelle quand l'Asie, l'Inde et l'Amérique du sud incarnent l'Eldorado pour beaucoup des constructeurs moto !
KHI estime en conséquence devoir se montrer "agile et flexible" pour aborder la décennie à venir : cette souplesse industrielle passe notamment par la "scission de l'entreprise Motocycles et moteurs" de la branche "Power Sports". Concrètement, la marque de motos deviendra une nouvelle entité plus autonome à partir "d'octobre 2021".
Cette décision "accélérera la prise de décision tout en offrant des produits et services synchronisés avec les clients - y compris de nouvelles offres lifestyle", assure Kawasaki Heavy Industries, conscient des défis à relever par sa division moto...
"Notre industrie dans son ensemble est confrontée à des problèmes importants tels que le vieillissement de la clientèle et le respect des réglementations environnementales", rappelle la marque Verte, qui espère répondre à ces problématiques grâce à des "coopérations intra-industrielle" comme les batteries électriques développées conjointement avec Honda, Suzuki et Yamaha.
Autre secteur qui sera davantage exploré à l'avenir par le groupe KHI : la propulsion par hydrogène. "L'attention croissante concernant l'hydrogène ces dernières années, en tant que source d'énergie propre qui n'émet pas de CO2, signifient que des opportunité se développent rapidement autour de cette énergie sur laquelle Kawasaki a longuement travaillé".
Le plan de restructuration du groupe japonais prévoit par conséquent "d'accélérer ses efforts" pour devenir une "entreprise leader dans le domaine de l'hydrogène", prévoit Kawasaki Heavy Industries qui prépare peut-être le futur avec une hypothétique Ninja H2 sur-alimentée... à l'hydrogène ! Restez connectés.
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