Alors que le gouvernement français martèle haut et fort sa volonté de faire passer le réseau secondaire à 80 km/h malgré la grogne populaire, une nouvelle étude surgit opportunément pour vanter les bienfaits d'une diminution de la vitesse. Selon le Forum international des transports (FIT), l'allure en rase campagne devrait même carrément être limitée à... 70 km/h ! Explications.
Non, ce n'est pas un poisson d'avril : dans son rapport du 29 mars 2018 intitulé "Speed and Crash Risk", le Forum international des transports (FIT) recommande bel et bien de limiter la vitesse à 70 km/h "sur les routes de rase campagne sans barrière médiane, pour éviter les risques de collision frontale" !
Cette préconisation s'accompagne d'autres restrictions du même tonneau, comme de réduire la vitesse à 30 km/h "dans les agglomérations et les zones urbaines résidentielles où les véhicules motorisés et les usagers vulnérables de la route partagent le même espace". Autrement dit, dans à peu près tous les centre-villes !
Autre recommandation : renforcer les contrôles de vitesses automatisés, en vertu du principe que "les expériences dans différents pays ont prouvé l'efficacité des systèmes de contrôle automatisé pour réduire la vitesse et, par conséquent, la fréquence des accidents de la route", affirme le FIT.
Sur ce point précis, cet organisme intergouvernemental - appelé jusqu'en 2006 "Conférence européenne des ministres des transports" (CEMT) - s'avance un peu rapidement : si les radars éradiquent tous les risques, pourquoi la mortalité routière française a-t-elle augmenté pendant trois années consécutives - de 2014 à 2016 - et ne connaît qu'une infime baisse de 0,6% en 2017 malgré la multiplication et la sophistication des moyens de contrôles ?
Seule note positive lue dans cette étude présentée à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui réunit une quarantaine de pays développés en majeure partie européens : l'incitation à prendre "des mesures d'amélioration de l'infrastructure" dans le cas où "une augmentation de la vitesse limite est envisagée".
Cependant, cette mesure dite "compensatoire" étant envisagée par le rapport au même niveau qu'un "renforcement des contrôles de vitesses", MNC a sa petite idée sur le choix retenu par la majorité des ministres des transports qui l'ont lu !
Concrètement, cette étude entend "documenter objectivement la relation entre la vitesse des véhicules et le risque d'accident". Ses auteurs ont examiné les données de sécurité routière de dix pays (Australie, Autriche, Danemark, France, Hongrie, Israël, Italie, Norvège, Suède et États-Unis) afin d'évaluer les effets d'une diminution de la vitesse et "l'introduction à grande échelle des radars automatiques".
Les conclusions sont sans équivoque : "la vitesse a une influence directe sur la fréquence et la gravité des accidents. Lorsque les vitesses augmentent, le nombre et la gravité des accidents augmentent de façon disproportionnéé", assure le Forum international des transports dont le discours et les "recommandations" ressemblent à s'y méprendre à ceux... de la Sécurité routière française !
Etonnant d'ailleurs de constater cette coïncidence de dates, qui fait que la publication de ce rapport visiblement préparé de longue date et à grande échelle tombe pile poil pendant que le gouvernement s'entête à faire passer aux forceps sa limitation à 80 km/h sur les routes de France ! Suspicieux chez MNC ?! Mais nan, voyons, y a pas de raisons...
Selon l'étude du FIT, "lorsque les vitesses diminuent, le nombre d’accident et leur gravité diminuent". Cette conclusion est chiffrée selon le "modèle puissance de Nilsson" qui indiquerait qu'une augmentation de "1%" de la vitesse moyenne augmenterait "d'environ 2% la fréquence des accidents corporels, de 3% la fréquence des accidents avec blessés graves et de 4% la fréquence des accidents mortels".
"Ainsi, réduire la vitesse même de quelques km/h réduit de manière importante le risque d’accidents et leur gravité", estime le rapport. Cette phrase pourra être réutilisée au mot près par notre premier ministre, Edouard Philippe, qui ne cesse de clamer sa farouche volonté d'abaisser la vitesse à 80 km/h, quitte à être "impopulaire"...
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.