Le bilan annuel provisoire de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) recense 2947 morts sur les routes de France pour 2021, en hausse de 16% par rapport à 2020 mais en baisse de 9% comparé à 2019 avant la période de Covid. Ces données doivent toutefois être nuancées au regard des nombreuses restrictions encore en vigueur l'an dernier. Bilan.
La mortalité routière accélère quand le coronavirus ralentit : 2947 décès ont été constatés sur les routes de France métropolitaines en 2021, en hausse de "16%" par rapport aux douze mois précédents. Alarmant ? Non : cette reprise est logique dans la mesure où la France entière - ou presque - était cloîtrée à domicile en 2020, première année de "l'ère Covid-19".
C'est pourquoi l'ONISR étalonne son bilan 2021 via une inédite "double comparaison avec les données 2020 mais aussi 2019, année avant crise sanitaire". Une façon de gommer le caractère hautement atypique de 2020, quand la quasi absence de circulation sur les routes s'était logiquement traduite par une diminution record des accidents.
Comparé à 2019, le bilan de l'année écoulée apparaît favorable : "avec 297 décès de moins qu’en 2019, année de référence, la mortalité routière est en baisse de -9% en 2021", calcule l'instance gouvernementale dans son estimation provisoire. Rappelons que le bilan définitif sera connu au printemps - traditionnellement en mai - après consolidation des données.
Cette baisse de 9% permet de rester sous le seuil des 3000 morts sur les routes, objectif poursuivi de longue date par la Sécurité routière. Pas de quoi se réjouir pour autant car si un certain "retour à la normal" s'observe en 2021, plusieurs contraintes liées au Covid faussent la donne : couvre-feu, télétravail, fermeture des discothèques, reports et/ou annulations des grands événements, etc.
Sans parler de l'obligation vaccinale et/ou de tests pour accéder aux transports, restaurants, activités de loisirs et sportives ou partir en vacances : autant de privations de libertés qui incitent à rester chez soi plutôt qu'à prendre la route, aux bénéfices de l'accidentologie. Moins de monde sur les routes, c'est mécaniquement moins de risques de collisions, de blessés et de morts !
Preuve en est la sensible hausse observée en décembre 2021 avec "85" décès de plus qu'en décembre 2020 et "12" de plus qu'à la même période en 2019 : conséquence directe de la levée des restrictions visant à permettre aux familles de se retrouver pour les fêtes. Plus de monde sur routes, c'est mécaniquement plus de risques de collisions (relire ci-dessus)...
Autre évidence corroborée par ce bilan provisoire 2021 : la mortalité des cyclistes grimpe en flèche, ainsi que celles des usagers "d'engins de déplacement personnels motorisés" (trottinettes et autres gyropodes électriques). Des moyens de mobilité individuelle déjà en fort développement avant le Covid et qui sont préférés aux transports en commun par crainte du virus.
"Selon l’association Vélos&Territoires, la pratique cycliste a augmenté de +14% en zone rurale, de +20% en zone périurbaine et de +31% en zone urbaine en 2021 par rapport à 2019", signale l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière.
"Pour la première fois depuis 20 ans, la mortalité des cyclistes dépasse le seuil des 200 tués", regrette l'ONISR qui comptabilise 39 décès supplémentaires à vélo par rapport à 2019 (48 par rapport à 2020). Rien d'étonnant, là encore : plus de monde en selle implique fatalement plus d'accidents, surtout avec des vélos électriques aux performances grandissantes - voire "débridées"…
"A l’image de l’évolution de la pratique, la mortalité des utilisateurs d'engins de déplacement personnels motorisés (EDPM) est en forte hausse : 22 personnes sont décédées en 2021 contre 10 en 2019 et 7 en 2020", poursuit l'organisme. Doit-on y voir un lien avec la triste hausse du nombre de morts chez les moins de 18 ans ("+ 30 décès" Vs 2019), tranche d'âge qui plébiscite ces EDPM ?
Chez les deux-roues motorisés en revanche, la mortalité continue sa baisse observée ces dernières années avec 670 décès ("-10,5%" Vs 2019 et "+ 15,7%" Vs 2020). Dans le détail, "92" de ces morts concernent des usagers en 50 cc et "578" des motards et scootéristes sur des deux-roues de plus de 125 cc.
Pour les automobilistes, l'ONISR enregistre également une diminution sensible par rapport à l'année de référence pré-Covid avec "1 411 décès", ce qui représente "211" morts en moins "soit -13% par rapport à 2019, et 168 tués de plus soit +14% par rapport à 2020", détaille-t-elle.
A noter par ailleurs que sur les "1732 morts" recensées hors agglomérations et hors autoroutes, "655" concernent les 38 départements "ayant relevé la vitesse maximale autorisée (VMA) à 90 km/h sur tout ou partie de leur réseau", décompte l'organisme sous tutelle du ministère de l'intérieur.
La différence - 1077 décès - intervient dans les 57 départements "n'ayant pas modifié la VMA" constate-t-il bon gré mal gré. Autrement dit : 62% des personnes décédées sur le réseau secondaire en 2021 le sont sur des routes limitées à 80 km/h, pourtant censées résoudre tous les maux de l'insécurité routière !
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