Aprilia arrête les frais sur sa Caponord 1200 : faute de ventes suffisantes, le blason de Noale n'investit pas dans la mise aux normes Euro4 de son maxi-trail. Une fin de carrière discrète pour cette moto pourtant très moderne, après seulement quatre années de commercialisation.
Les chiffres ne mentent pas : avec un total de 95 immatriculations l'an dernier sur le marché moto français, l'Aprilia Caponord 1200 est loin d'avoir trouvé - et convaincu - son public... Par rapport aux 4010 BMW R1200GS (Standard et Adventure) écoulées sur la même période, n'ayons pas peur des mots : c'est tout simplement un bide !
Or l'obligation de produire des motos aux normes Euro4 depuis le 1er janvier 2017 pousse les constructeurs à raisonner leurs investissements en fonction des résultats. Dans ce contexte, la mise au rebut de la Caponord 1200 ne constitue pas une véritable surprise, du moins sur le plan économique. D'un point de vue stratégique en revanche, le retrait du maxi-trail italien est plus inattendu.
D'abord car il s'agit d'une moto très jeune, lancée en 2013 : sa carrière aura été pour le moins éphémère, comme celle de la précédente Caponord 1000 sortie en 2001. Seulement quatre ans pour faire valoir ses qualités, comme son bicylindre en V de 125 ch et ses périphériques de pointe, c'est tout de même un peu court. Surtout que son retrait déshabille la gamme Aprilia, déjà assez peu diversifiée : la marque n'a désormais plus aucune moto routière à son catalogue !
Que le constructeur du groupe Piaggio fasse aussi rapidement une croix sur sa Caponord 1200 pose aussi question dans la mesure où cette moto a demandé de lourds investissements. Comme toutes les motos Aprilia actuelles, le maxi-trail italien jouait la carte de la sophistication à tout-va : outre son ride-by-wire, ses cartographies et son contrôle de traction de série, la Caponord 1200 proposait en option une gestion électronique de son amortissement via le l'inédit système "ADD" (Aprilia Dynamic Damping).
Or ces technologies complexes sont coûteuses à développer, surtout quand elles sont propres à une seule moto comme c'est le cas pour ces suspensions semi-actives conçues en collaboration avec Sachs. Un système qu'Aprilia avait testé pendant des dizaines de milliers de kilomètres ("50 000 km avec chaque modèle de développement", assurent les italiens) et qui faisait l'objet de "quatre brevets". Le genre d'investissement prévu et raisonné sur le long terme...
Enfin, autre motif d'étonnement : a priori, passer la Caponord 1200 aux normes Euro4 ne demandait pas énormément de moyens techniques et financiers. Son moteur est en effet de conception récente, donc facile à accorder aux nouvelles exigences via une cartographie et un échappement spécifiques. Au pire, la moto aurait perdu un poil de couple, mais son gros moulin de 1197 cc - dérivé de la Dorsoduro 1200 - avait suffisamment de ressources !
Au final, la disparition de la Caponord 1200 - et de sa récente déclinaison Rally avec jantes à rayons - laisse un goût d'inachevé... et amène à s'interroger sur les axes de développement prévus par Aprilia. Certes, la marque de Noale dispose de solides têtes d'affiche avec sa géniale sportive RSV4 et son maxi-roadster particulièrement performant Tuono V4, mais c'est insuffisant pour monter en puissance...
D'autant que la RSV4 et la Tuono ne rencontrent pas un succès monstrueux : en 2016, la Superbike s'est écoulée en France à 208 exemplaires et le roadster à 257. Restent leurs déclinaisons 125 cc (RS4 et Tuono 125) et surtout les Shiver 900 et Dorsoduro 900 à venir, sur lesquelles la marque italienne doit beaucoup miser.
En attendant, Aprilia continue à écouler ses stocks de Caponord 1200 Euro3 en profitant de la tolérance accordée aux constructeurs (10% des volumes 2016 avec un quota minimum fixé à 100 exemplaires par modèle), au prix de 15 149 € avec ADD, béquille centrale et valises (pack travel) et de 16 499 € pour la déclinaison Rally. A bon entendeur...
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.