Si le marché moto et scooter résiste plutôt bien à la Covid-19 avec un léger repli de seulement -3,6% en 2020 pour les 125 cc et plus, celui du pneu décroche davantage face à la crise sanitaire avec -8% en France. MNC fait le point avec Francis Audefroy, directeur de la division Dunlop Moto France.
Concessions et magasins fermés pendant le premier confinement - mais pas le deuxième, ouf ! - , chaînes de production perturbée par les gestes barrières et le couvre-feu, renouvellements de modèles ou de pièces reportés voire annulés : les conséquences du coronavirus sont multiples sur la production moto et, par extension, sur tous les secteurs industriels qui gravitent autour d'elle.
C'est le cas notamment des fabricants de pneus moto qui enregistrent une perte sèche de "-8%" sur le marché français en 2020, soit un recul frôlant les 105 000 unités sur un total "d'environ 1,3 million de pneus par an", nous confie le directeur de la division française de Dunlop Moto.
"Le temps perdu ne se rattrape jamais en matière de renouvellement de pneus", fait observer au Journal moto du Net Francis Audefroy, qui pointe un phénomène logique lié à la situation sanitaire : "les produits ne s'usent pas sur des motos immobilisées ou beaucoup moins utilisées dans ce contexte".
Chez Dunlop, fournisseur exclusif des Moto2 et Moto3, ce "dégonflage" du marché pneumatique français se situe au-dessus de la moyenne avec "-9%" de recul en volume sur l'année 2020, soit 1% de pertes supplémentaires. L'une des raisons ? La provenance française des pneus moto de la marque du groupe GoodYear, dont les gommes pour deux-roues sont fabriquées à Montluçon (03) !
L'usine de 20 hectares produit environ 2000 pneus pour moto et scooter par jour, soit environ "80%" du volume de la marque sur le marché européen : l'arrêt de son activité pendant les deux mois du premier confinement en France ont fatalement impacté Dunlop, tout comme les procédures extrêmement strictes mises en place lors de la reprise d'activité...
"Le redémarrage de l'usine s'est montré laborieux", admet Francis Audefroy. "Il a fallu totalement se réorganiser et appliquer de nouvelles consignes, comme le nettoyage des machines entre chaque rotation de personnels. Tout cela combiné nous a placé en rupture de stocks en fin d'année, d'où notre recul supérieur au marché".
En cela, les concurrents de Dunlop ont profité de leur fabrication délocalisée dans des pays où les mesures sanitaires étaient moins strictes qu'en France et où l'activité industrielle s'est interrompue moins longtemps. Le deuxième confinement puis le couvre-feu en vigueur dans l'Hexagone n'ont évidemment rien arrangé...
De quoi remettre en cause la stratégie du "Made in France" fièrement revendiquée par la division moto de Dunlop ? Certainement pas, car la roue tourne : la donne s'est inversée et certaines marques concurrentes font désormais face à des problèmes d'acheminements depuis leurs usines asiatiques, alors que Montluçon tourne à plein régime !
"Nous effectuons une solide reprise depuis le début de l'année 2021, meilleure que des rivaux qui fabriquent en Asie", se réjouit le directeur de la division moto de Dunlop France en ajoutant que "les mois de janvier et février sont conformes à nos prévisions de production".
Cette situation sanitaire inédite - et qui restera unique, espérons-le ! - impacte également les modes d'achat et de distribution des pneus moto en France : Dunlop enregistre notamment une percée significative de la vente en ligne, en réaction logique à la fermeture des enseignes "physiques".
"Les ventes de pneus moto sur le web croissent régulièrement de 4 à 5% par an, mais cette augmentation atteint 15% pour 2020 !", dévoile Francis Audefroy à Moto-Net.Com avant de chiffrer le volume total de pneus écoulés en ligne à "environ 250 000 unités par an" ("20%" du marché).
Ce triplement des commandes sur le web s'inscrit aussi dans une hausse générale des achats en ligne : les confinements et les difficultés d'accès aux magasins profitent directement au e-commerce, tous secteurs confondus (à titre d'exemple, Amazon a triplé ses bénéfices au troisième trimestre 2020 à... 6,3 milliards de dollars !)
La situation est forcément moins brillante pour les enseignes physiques - concessionnaires et magasins accessoiristes -, qui assurent habituellement "environ 65%" du volume des pneus motos en France : ces deux canaux accusent sans surprise une baisse de leurs ventes de pneus...
"C'est la double peine les concernant", observe le dirigeant de Dunlop Moto France : "ils ont d'abord dû fermer leurs portes avec les pertes qui en découlent, puis se sont retrouvés saturés lors de la reprise".
Un secteur intermédiaire tire en revanche son épingle du jeu révèle le pneumaticien d'origine britannique : "les grossistes comme Bihr ou Sifam ont bien travaillé pendant le confinement avec des ventes en hausse", nous indique Francis Audefroy.
Quid de l'année 2021 ? Le directeur de la division moto de Dunlop France espère - comme nous tous - un retour à une situation "normale" pour notamment transformer les sensibles progrès enregistrés par Dunlop sur le segment des pneus trail.
"Le lancement du Méridian et du Mutant nous ont permis de gagner quatre points de parts de marché dans cette catégorie, ce qui est élevé", dévoile Francis Audefroy qui prévoit également d'intensifier les efforts sur la catégorie Enduro avec le Geomax EN 91 qui s'est illustré aux ISDE 2019.
L'année 2021 verra aussi le remplacement du Roadsmart 3, le pneu sport-touring de référence chez Dunlop. Petite exclu MNC : son successeur reste fidèle à cette appellation désormais bien connue des gros rouleurs et se nommera "Roadsmart 4". A suivre sur le Journal moto du Net : restez connectés !
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