Suite à sa nouvelle contre-performance au GP de San-Marin, Johann Zarco a été opéré du bras droit. Satisfait de son intervention, le Docteur Dufour estime que notre compatriote sera en pleine forme ce week-end à Austin et espère, comme MNC, que le n°5 Pramac Ducati pourra enfin revenir au top et bientôt passer un backflip ! Consultation.
Quatrième du classement provisoire MotoGP 2021 et seul pilote privé au sein du Top 10 ? La situation de Johann Zarco à quatre courses de la fin de saison est très, très loin d’être catastrophique. Depuis plusieurs semaines cependant, le n°5 du team Pramac Ducati est en perte de vitesse... ou en manque de bons résultats plutôt.
Qualifié à une engageante cinquième place sur la grille du dernier GP de San-Marin, Johann Zarco a terminé à une frustrante douzième place. Pour le double champion de Moto2 qui collectionnait les podiums en début d’année aux côtés souvent de notre compatriote et leader du championnat Fabio Quartararo, s’en était trop !
Johann Zarco had a successful operation today for Chronic Exertional Compartment Syndrome (CECS or ‘arm pump’) at the Centre Hospitalier Pays d’Aix. He is expected to be fully fit again for the Austin Grand Prix, held from 1st – 3rd Oct. pic.twitter.com/kz5y4GfCDB
— Pramac Racing MotoGP (@pramacracing) September 22, 2021
La baisse de régime subie par Zarco depuis la reprise du MotoGP cet été serait due au syndrome de loge, un mal bien connu des pilotes moto...cross ou MotoGP. Le Docteur Dufour en a d’ailleurs opéré des paddocks entiers, à commencer par un certain Frédéric Bolley il y a une trentaine d’années !
L’un des derniers patients de cet éminent spécialiste en chirurgie orthopédique et traumatologique du centre hospitalier du Pays d’Aix n’est autre que Fabio Quartararo "himself". Pour mémoire, le pilote Yamaha a été (ré)opéré au lendemain d’une énorme déconvenue au GP d’Espagne, quelques jours seulement avant "notre" GP de France !
Pour rappel toujours - pour encourager Zarco et pour réconforter ses fans ! -, notre savoureux "20" français avait fait sauter la pole position au Mans le samedi, puis sabré le champagne Prosecco - avec Johann ! - le dimanche au terme d’une éprouvante course, tant pour les nerfs que pour les muscles de son propre bras droit...
À quelques heures de l’ouverture des hostilités à Austin pour le Grand Prix MotoGP des Amériques 2021, Moto-Net.Com s’est entretenu avec le Docteur Dufour. Confiant en ce qui concerne la force et l’endurance du bras droit de Zarco, notre interlocuteur espère que cette opération permettra à son patient de rebondir enfin... et de passer un salto bientôt ? Interview.
Moto-Net.Com : Bonjour Docteur ! Vous avez opéré Johann Zarco la semaine dernière : dans quel état était son bras droit ?
Docteur Dufour, chef du service Chirurgie orthopédique et traumatologique du centre hospitalier du Pays d’Aix : Bonjour ! L’écho-doppler dynamique montrait un piège au niveau de l’artère cubitale, pas complet mais quasiment. Cela est du aux fortes contraintes imposées par les guidons bas et cintrés des motos de vitesse : les poignets sont constamment dirigés vers le petit doigt, vous voyez ? Le (muscle) cubital antérieur étant trop puissant, cela comprime l’artère cubitale et ça la bouche, surtout dans les virages à droite ou le bras est en flexion... Ce qui fait aussi que c’est plus flagrant sur certains circuits que sur d’autres.
MNC : Existe-t-il des degrés de sévérité dans ce type de syndrome ?
Dr D : Oui, il arrive quelques fois, surtout en motocross, que des pilotes ne parviennent pas à boucler un seul tour sans être victimes de crampes. Ils ne peuvent plus prendre le frein et l’embrayage. En vitesse, le bras gauche est un peu épargné car on n’utilise le levier gauche qu’au départ. Mais effectivement, certains pilotes ne peuvent plus rouler, plus du tout.
MNC : D’autres sont simplement gênés...
Dr D : Tout à fait, comme l’était Quartararo. Il avait dégringolé de la 1ère à la 13ème place durant sa course à Jerez. Dix jours après l’opération, il terminait troisième au Mans et s’imposait dès le GP suivant, au Mugello.
MNC : C’est rassurant pour Johann et ses fans.
Dr D : Complètement. C’est rare ce type d’intervention, où l’on pousse justement les patients à se relancer à fond, très tôt dans leur activité (rires). C’est rarissime. Normalement il faut observer une phase de repos, enchaîner avec de la rééducation. Mais là, c’est possible de reprendre immédiatement, la preuve avec Fabio !
MNC : Certains observateurs du MotoGP se demandent si le périple de Zarco et son team pour se rendre à Aragon à moto par la route n’était pas une fausse bonne idée... Mais cela n’a pas eu d’impact, si ?
Dr D : Oh non, les muscles ne se développent pas en deux jours ! Ça n’a pas été déterminant !
MNC : Après tout, plusieurs heures sur une moto de route ne sollicitent pas autant que quelques minutes sur une MotoGP...
Dr D : Évidemment ! Là il s’agissait d’une balade, il n’y avait aucun problème. En cas de gène, il pouvait rendre la main, se reposer. Cela n’a pas joué, c’est certain.
MNC : Contrairement à Fabio, il s’agissait de la première opération de ce type pour Johann. Cela change quelque chose ?
Dr D : Pour moi, oui ! L’intervention sur Johann Zarco était vachement plus facile (rires). Sur Fabio, j’avais été contraint de composer avec ce qu’avait réalisé le précédent chirurgien, deux ans auparavant en Espagne.
MNC : Le moral et le mental de Zarco sont-ils bons ?
Dr D : C’est délicat de répondre. Certains pilotes que je côtoie sont toujours enjoués, souriants, un peu insouciants, comme peut l’être Fabio par exemple. D’autres sont plus préoccupés, soucieux, renfermés, comme Johann. C’est une question de caractères. Ce que je leur dis à tous, c’est que le plus important chez un pilote, ce n’est pas les bras, mais le cerveau ! Ils ont beau être gênés, souffrir parfois, il doivent garder en tête qu’ils font quelque chose dont beaucoup rêvent, chez les motards du moins.
MNC : Fabio paraît plus détendu, mais ils ne sont pas dans la même situation.
Dr D : Je me souviens de l’épisode de la combinaison ouverte de Fabio. Bon nombre de pilotes se seraient plaints, auraient pestés sur le fait que ce genre d’incident n’arrive qu’à eux, que c’est trop injuste. Pour plaisanter, j’ai dit à Fabio que j’aurais du lui suturer la combi plutôt que la peau (rires)... Il s’est marré, a dit que c’était comme ça. Et le problème était réglé.
MNC : Il faut espérer que l’opération de Johann lui permette de rebondir.
Dr D : Exactement, je pense qu’il était très préoccupé par des douleurs qui apparaissaient de temps en temps. Or ce n’est pas bon de se focaliser là-dessus.
MNC : C’est ce qui peut expliquer sa baisse de régime depuis la reprise en août ?
Dr D : Certainement, car il ne devait pas se sentir bien. Mais on ne sait pas à quelle hauteur cela l’handicapait. Il le dit lui même : "le cerveau a peut-être peur de se faire mal". Vous savez, quand vous craignez une chute ou une douleur, le cerveau dit "non", il créée un petit rupteur. Il devient impossible de forcer. Je le vois surtout quand les pilotes ont un sévère traumatisme crânien. Souvent, leur cerveau les empêche d’aller vite pendant pas mal de temps. Ils ont beau savoir que ça passe à fond à tel endroit, le cerveau les bride. C’est dingue, et c’est aussi bien fait au final !
MNC : Dans le même ordre d’idées, est-ce que le fait de débloquer son compteur de victoires en catégorie reine pourrait libérer Johann ? Qu’avez-cous observé chez d’autres pilotes (patients) de sa trempe ?
Dr D : Pour moi c’est une évidence...
MNC : ... même s’il existe des pilotes qui gagnent pas plus d’une fois !
Dr D : Oui effectivement. Mais j’ai remarqué qu’il y a vraiment un avant et un après. Quelle que soit la discipline, lorsqu’un pilote gagne sa première épreuve au très haut niveau, ils se sentent soulagés (rires). Cela leur enlève évidemment une pression, un poids, un stress... Ils deviennent plus fluides, moins crispés et entrent dans un cercle vertueux.
MNC : Là encore, c’est le mental qui joue.
Dr D : Évidemment, c’est le cerveau. Heureusement que ça ne se limite pas à la technique, à l’entraînement... C’est le cerveau bien sûr. Et c’est valable dans n’importe quelle facette de la vie.
MNC : Ce sera notre conclusion. Merci, Docteur !
Dr D : Merci à vous, à bientôt !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"