Plus jeune champion de British Superbike en 2013, Alex Lowes s'apprête à disputer sa quatrième saison au niveau mondial, sa seconde au guidon de la R1 d'usine. Moto-Net.Com a profité de la présentation du team Yamaha Pata pour discuter avec le n°22 anglais, 12ème du WSBK 2016. Interview.
Moto-Net.Com : Tu as vécu une première saison difficile sur la R1, avec pas mal de chutes et de blessures. Peut-être un peu trop de pression sur toi, sur l'équipe ?
Alex Lowes : Peut-être que oui. Nous avions de grosses attentes et je me suis trop mis la pression. Mais je suis un gagnant, je veux remporter des courses et je ne peux pas me satisfaire de 6, 7 ou 8ème places. C'est peut-être un défaut chez moi, mais je suis convaincu que c'est un atout lorsque la moto est capable de se battre devant. Je dois contrôler ça cette année. C'est ce que j'ai appris de la saison dernière.
MNC : Quels changements sont effectués sur la R1 cette année ?
A. L. : Comparée à celle de 2016, la moto a beaucoup évolué. Les gars n'ont pas révolutionné un seul domaine en particulier, ils ont apporté de petites modifications à tous les points. Au global, la moto a l'air assez différente et elle a clairement progressé. J'ai hâte de courir contre les autres, pour évaluer cette progression. Je suis vraiment impatient.
MNC : Tu préfères le comportement de la moto aujourd'hui ?
A. L. : J'ai eu cette impression pendant les tests. J'étais plus en confiance, or dans notre boulot la confiance est ce qu'il y a de plus important. C'est venu plus facilement et j'espère que ça va se confirmer en course.
MNC : La moto a donc changée, et tu disais que toi aussi. As-tu modifié ton pilotage, ton entrainement ou ta mentalité ?
A. L. : C'est un tout. L'année dernière en fin de saison, je me suis dit "Allez Alex, je sais que tu vaux mieux que cela". Je me suis demandé ce qui avait pu clocher avec moi, ou avec l'équipe peut-être. Je me suis remis en question, j'ai essayé d'effectuer des changements, en particulier lors de ma pige en MotoGP. J'ai compris quelques trucs en pilotant avec les meilleurs mecs du monde. Et honnêtement, je n'étais pas trop largué. J'ai réalisé qu'en changeant ceci ou cela, je pouvais m'améliorer. Il faut que je continue de travailler dans ce sens, et ça me motive.
MNC : Tu as franchi un grand pas aussi dans ta vie personnelle... en demandant ton amie en mariage ! C'est lié au fait de traîner avec Leon Haslam, ou de voir Sylvain si heureux avec sa femme, ses quatre enfants et son chien ?
A. L. : Honnêtement, je ne peux pas parler pour les autres, je ne connais pas leur situation. Mais je peux dire que ma fiancée Corinne est fantastique. Elle fait de moi une meilleure personne. Elle me fait comprendre ce qu'est la vie : la moto est à la fois ma passion et mon métier, mais elle me libère d'une certaine pression. Elle me permet d'être heureux quoiqu'il arrive en compétition. Cela m'aide à me motiver lors de mes entraînements. Elle me rend heureux, tout simplement, et c'est très important.
MNC : Tu t'entraînes beaucoup avec Sam et Leon, notamment en motocross. Qu'est-ce que cela t'apporte ?
A. L. : Le motocross est très bon pour le physique, pour la concentration car c'est un autre style de pilotage. On roule aussi en supermotard et en pitbike sur du bitume. Ca fait de bonnes bagarres. Tout cela ne ressemble pas à nos motos de course, mais on se fait plaisir. Le mieux dans tout ça, c'est la rivalité entre nous.
MNC : Justement, lequel est le meil...
A. L. : Moi ! Honnêtement, cet hiver en Espagne, tu pourras leur demander, que ce soit en cross, supermot', pitbike ou même en golf, je gagnais. J'étais trop content !
MNC : À quand remonte ta dernière "vraie" course contre ton jumeau Sam (pilote officiel Aprilia en MotoGP cette saison) ?
A. L. : Notre dernière bataille date de 2010. J'avais bénéficié d'une wildcard alors qu'il venait de remporter le championnat de Supersport britannique et il m'avait battu. Ce n'est pas bon... Trois ans avant cela, je l'avais battu à plusieurs reprises. J'espère qu'on pourra de nouveau se battre ensemble, dans la même équipe. Ce serait génial !
MNC : Rea et Sykes, Davies et Melandri, Laverty et Savadori, Camier, Hayden et Bradl, sans oublier ton coéquipier Van den Mark... Il y a de sacrés clients cette année en WSBK et la lutte pour le podium, voire le Top10, va être rude... Quel est ton objectif pour le début de saison ?
A. L. : J'ai la sensation que nous avons progressé, Yamaha est une compagnie fantastique et je suis vraiment fier de rouler avec eux. On doit être dans le peloton de tête. Si on n'arrive pas à suivre Kawasaki et Ducati dès le début, nous devons être juste derrière. Puis il faudra remonter sur eux... Yamaha le mérite et je veux les y aider. Comme je disais au début de l'interview, si ce n'est pas possible, il faudra comprendre où nous nous situons et prendre les bonnes décisions.
MNC : Je me dois de poser la question... Pendant la finale 2016 au Qatar, Sylvain Guintoli est monté sur le podium. Cela te met la pression ou cela te rassure ?
A. L. : C'était bon pour moi. En général, j'étais plus rapide que lui en course mais au Qatar, il tournait plus vite que moi : pendant les essais, en première manche, en seconde... Je savais qu'il quittait l'équipe et c'était dur à avaler pour moi. Le bon côté, c'est que j'ai compris pourquoi. C'est un grand pilote bien sûr, mais son style était parfait pour cette moto sur cette piste qui est très spéciale. Il ne pilotait pas la moto comme moi. Donc après la course, on a bossé dur avec les gars pour analyser tout cela. Il a fait un boulot fantastique et j'ai essayé d'en tirer des enseignements. Il n'y a que ça qui marche. Au final, je dirais que ça me met plus de pression, mais c'est bien. C'était un bon coup dans les couilles. Ca m'a fait du bien quelque part...
MNC : Pour conclure, que penses-tu de la nouvelle grille pour la deuxième course ?
A. L. : Je suis assez enthousiaste. Je ne sais pas à quoi m'attendre, ça n'a jamais été tenté. Mais je veux aborder ça de manière positive. On verra bien !
MNC : Nous suivrons ça de près. Bon début de saison et merci !
A. L. : Merci à toi, à plus.
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