Le sport électronique, ou "eSport", est actuellement en plein essor. À tel point que Dorna a décidé de lancer son propre championnat virtuel : le MotoGP eSport Championship qui se dispute dès cette année, exclusivement sur Sony PlayStation 4. Explications.
Selon le rapport 2017 de Newzoo, une société de conseil spécialisée dans le jeu vidéo, le chiffre d'affaire généré par l'eSport à travers le monde en 2020 pourrait atteindre 1,5 milliard de dollars américains, et le nombre de spectateurs frôler les 600 millions...
Ces estimations sont aussi vertigineuses que contestées, tout comme les chiffres annoncés pour l'année 2016 : les 493 millions de dollars de revenus du marché du sport électronique et les 323 millions de personnes ayant - de près ou de loin - suivi une compétition peuvent être remis en question.
Mais qu'elle qu'en soit l'échelle - millier, million, milliard ? -, le phénomène des jeux vidéos désormais pratiqués par des professionnels ne cesse de prendre de l'ampleur. Et les faits ne trompent pas : en 2014 par exemple, Amazon a déboursé 970 millions de dollars (!) pour s'offrir Twitch, une plateforme de partage de sessions de jeux vidéo en streaming.
Selon une autre étude dévoilée en avril à l'occasion des Wargaming Grand Finals du jeu World of Tanks - ça vous dit quelque chose ? -, le revenu généré par le sport électronique s'élevait l'an dernier en France à 22,5 millions de dollars (étude SuperData/PayPal).
"Les jeux vidéo sont au coeur de l'industrie numérique, qui a connu un développement fulgurant ces dernières années, et le phénomène de l'eSport constitue une révolution à part entière", estime Alexander Beresford, responsable "Gaming" chez PayPal France. "Considéré il y a quelques années comme l'expression de la sous-culture des "core gamers", l'e-sport a séduit le grand public pour devenir aujourd'hui une industrie en plein essor qui génère des millions, et continue de gagner en popularité et en envergure", constate le responsable français.
Dominé par les licences de jeux de guerre et/ou de combat, le secteur des sports électroniques est également investi par les sports mécaniques. Un pionnier dans le domaine, Darren Cox, vient d'ailleurs de fonder la première écurie de course automobile virtuelle.
L'ancien directeur général de Nissan Europe et directeur marketing et ventes de Nismo était à l'origine de la GT Academy : une compétition internationale créée en 2008 par Sony, qui permet aux meilleurs pilotes de Gran Turismo sur PS4 de débuter en compétition "in real life" (dans la vraie vie).
Depuis un an, ce fameux Mister Cox est le patron de la première équipe professionnelle de course virtuelle au monde : le team "eSports+Cars" qui a totalement écrasé la finale du championnat Forza sur Microsoft Xbox One en décembre dernier.
Cette compétition disputée sur des voitures Audi et sponsorisée par Michelin a été remportée par le pilote français Aurélien Mallet (cocorico !), ses coéquipiers trustant les trois places suivantes sur les trois courses disputées. Faute de concurrence ? Si tel est le cas, cela ne durera pas !
"Porsche a haussé le régime de ses activités dans le jeu vidéo ces derniers mois", se félicite Darren Cox : "ils envisagent de monter une équipe de course eSport, ce qui démontre à quel point les marques, même premium, s'intéressent aux sports électroniques".
"En 2016, des actionnaires tels que Disney et la Ligue nationale de basketball (NBA) ont investi 300 millions de dollars dans les droits sur le contenu des compétitions League of Legends pour les sept prochaines années", illustre par ailleurs l'habille team manager anglais.
"Les chiffres prouvent aujourd'hui ce que nous pressentions depuis longtemps : les sports mécaniques sont voués à être l'un des principaux secteurs de croissance dans les sports électroniques, et les marques peuvent en tirer de grands bénéfices à se lancer tôt dans cette courbe croissante", estime Darren Cox. Or qui dit courbe, dit moto, non ?!
Dorna, promoteur des championnats du monde MotoGP et Superbike, a justement décidé de négocier son virage numérique en lançant cette année son eSport MotoGP Championship : "les premiers pas de la MotoGP dans le monde de l'eSport marquent le début d'une nouvelle ère", estime Pau Serracanta, directeur exécutif du secteur commercial chez Dorna Sports.
"Par cette démarche, nous cherchons à stimuler nos fans et à envoyer un message fort aux joueurs en général : le MotoGP n'est pas seulement l'un des plus beaux sports mécaniques, il s'agit aussi d'une expérience numérique désormais sans équivalent sur console de jeu", assure le responsable espagnol.
"Nous souhaitons créer un maximum de passerelles entre les deux mondes, réel et numérique, pour renforcer l'authenticité de notre championnat. Partenaires de renom, chaînes TV, équipes MotoGP, tous les principaux acteurs du circuit travailleront de concert pour prendre le meilleur départ possible dans le monde de l'eSport et donner à la compétition l'ampleur internationale qu'elle mérite", prévoit-il.
À l'instar de la GT Academy, l'inédit championnat MotoGP virtuel pourrait-il devenir une passerelle entre le salon et les Grand Prix pour les jeunes "amateurs" de moto et "pros" de la manette ? La transition s'annonce plus compliquée : si en auto, les joueurs du dimanche bénéficient de volants et pédaliers à retour de force, en moto les simulateurs sont encore peu développés.
L'Automobile Club de l'Ouest (ACO), organisateur des 24 Heures auto et moto, n'est pas en reste avec le lancement des 24 Heures du Mans esports en partenariat avec Microsoft, qui auront lieu les 17 et 18 juin autour de la mythique course automobile. "Après cette course virtuelle, les vainqueurs de ces 24 Heures du Mans esports recevront leur trophée sur le podium officiel, à l’image des pilotes qui disputeront et gagneront le double tour d’horloge sarthois", explique l'ACO qui assume son "engagement fort dans l’univers du jeu vidéo afin d’y promouvoir le sport automobile et l’endurance en particulier, au niveau international, pour se connecter à de nouveaux publics adeptes de nouvelles expériences virtuelles et réelles".
La compétition électronique n'en demeure pas moins une solution pertinente pour un problème de taille qui se pose aux Grands Prix (auto et moto) : capter une jeune audience. Car d'après les études menées en France, 19% des fans d'e-sport ont entre 13 et 17 ans et 33% entre 18 et 24 ans ! Pour rappel, l'âge moyen du motard français ne cesse de grimper : 46 ans actuellement...
En début d'année, le patron de l'écurie de F1 Toro Rosso, Franz Tost, déplorait : "les jeunes ne sont plus tellement intéressés par les voitures et nous devons trouver un moyen de les ramener à la Formule 1 . Pourquoi ne diffuserait-on pas une course eSport le dimanche matin afin de susciter de l'intérêt ?"
C'est la direction qu'emprunte le MotoGP, via son prochain jeu vidéo officiel MotoGP17 sur lequel les joueurs s'affronteront depuis chez eux(sur PS4 uniquement), "dans le but de se qualifier pour la finale de la saison, laquelle se tiendra en novembre au circuit de Valence, en marge du Grand Prix du championnat du Monde FIM MotoGP".
"Cette finale eSport sera retransmise en direct par les partenaires télévisuels de Dorna", précisent les organisateurs qui planchent déjà sur "un calendrier plus important pour la prochaine saison du championnat eSport, soutenu par de nombreux membres fondateurs dont la plupart sont déjà impliqués dans le championnat du Monde MotoGP en tant que sponsors ou partenaires".
Voiture officielle du MotoGP depuis 1999, la BMW "M" est justement le premier prix de ce premier championnat eSport MotoGP. Un gros lot d'une valeur approximative de 50 000 euros qui saura sans doute motiver les - pères des ? - joueurs de MotoGP17 !
On est encore loin des sommes records atteintes en 2016 : le "prize pool" du dernier tournoi international sur Dota 2 - jeu vidéo de type arène de bataille - dépassait les 20 millions de dollars, dont 9 ont été remis aux vainqueurs chinois ! Qui sait si, dans quelques années, les pros de la manette - des gaz virtuels - ne gagneront pas autant, voire plus que les as du guidon ?!
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"