Fabio Quartararo, solide candidat pour le titre de champion du monde dès sa deuxième saison en MotoGP, termine finalement à la 8ème place du championnat du monde 2020 après une nouvelle déception lors de la dernière finale... Le français clôt son parcours chez Petronas-SRT - et son 100ème Grand Prix - avec une 14ème position au GP du Portugal à Portimaõ. Déclaration et bilan MNC.
Fabio Quartararo, Yamaha SRT-Petronas (5ème en qualifs, 14ème en course, 8ème au championnat) : "J'ai rencontré un problème avec le dispositif d'aide au départ et j'ai perdu plusieurs positions. Puis j'ai souffert d'arm-up (syndrome des loges, soit un gonflement excessif des muscles dans leur gaine, NDLR), ce qui est vraiment étrange car je n'ai plus souffert de ce problème depuis mon opération (en juin 2019, NDLR)".
"J'aurais voulu terminer cette finale avec un bien meilleur résultat : les sensations sur la moto étaient bonnes, donc il était possible de terminer entre la 5ème et la 8ème places. Dommage que ce syndrome des loges m'ait empêché d'atteindre cet objectif. Nous avons remporté trois courses, ce qui est très positif, mais cette saison ne s'est vraiment pas terminée comme nous le voulions".
"Ces deux années que j'ai passées avec l'équipe resteront néanmoins toujours dans mon cœur, car elles m'ont donné l'opportunité d'intégrer le championnat MotoGP. Merci beaucoup pour tout leur soutien et leur travail acharné : je leur rendrai visite chaque fois que je le pourrai".
"La semaine prochaine, je compte me détendre et faire une pause avec les médias et tout ce genre de choses. Je veux me déconnecter à 100 % de la moto et aller voir ma famille, car honnêtement cela fait très longtemps que je ne les ai pas vraiment vus".
L'analyse MNC : La déception du jeune prodige français (21 ans) était à la hauteur des enjeux à l'arrivée du GP du Portugal : Fabio Quartararo avait du mal à dissimuler sa frustration face à son impuissance à se maintenir aux avant-postes, comme il l'avait brillamment fait en 2019 puis en début de saison 2020...
La deuxième campagne du n°20 en MotoGP aura été à l'image de Portimaõ, dernier circuit du calendrier : des montagne-russes, à la fois sportives et émotionnelles ! Le niçois s'adjuge trois remarquables succès - du jamais vu en catégorie reine pour un pilote français - et quatre pole, héritant ainsi du trophée BMW M Award qui récompense le plus rapide en qualifications.
Mieux encore : Fabio est le pilote le plus longtemps resté aux commandes du championnat du monde, là encore un exploit inédit pour un représentant tricolore ! De quoi faire naître des attentes élevées... trop peut-être pour sa deuxième année seulement parmi l'élite. Encore que : Joan Mir ne décroche-t-il pas le titre suprême après deux exercices en MotoGP ?!
Rappelons que Fabio Quartararo s'est retrouvé en tête du championnat après son doublé à Jerez (Espagne), enfilant le costume de potentiel successeur de Marc Marquez alors que celui-ci s'orientait vers une saison blanche après s'être fracassé l'épaule dès l'ouverture. Revers cuisant pour le n°93 et Honda, mais une opportunité en or pour ses concurrents dont Fabio !
Mais l'inévitable pression liée au statut de favori se fait sentir pour le n°20, qui ne parvient pas à reproduire sa dynamique andalouse : 7ème en République tchèque, puis 8ème et 13ème en Autriche, le français voit Dovizioso revenir à trois petits points. En manque d'adhérence avec sa M1 et pénalisé par le bridage opéré sur son moteur, Fabio se dit être le premier surpris d'être encore en tête du championnat mi-août...
La chute du tricolore la course suivante à Misano 1 permet à "Dovi" de brièvement prendre la main sur le provisoire, malgré une réplique instantanée de Quartararo avec la 4ème place à Misano 2. Le pilote Yamaha récupère ensuite les rênes du classement grâce à sa splendide victoire en Catalogne... hélas non transformée au Mans avec une 9ème place qui trahit ses progrès à réaliser sur le mouillé.
Les choses se corsent définitivement en Aragon mi-octobre : Fabio finit la première manche espagnole à une lointaine 18ème position, victime d'un souci de pression dans son pneu avant. Joan Mir, moins brillant mais plus régulier, en profite pour lui chiper la première place du provisoire : le pilote Suzuki de 23 ans ne quittera plus le fauteuil de patron de la catégorie reine, décrochant le sacre à Valence (Espagne).
Le successeur de Valentino Rossi connaît quant à lui une seconde course compliquée le dimanche suivant (8ème à Aragon 2) qui le font douter de ses capacités à revenir au sommet... Le jeune français constate que son manque de constance se paye cash, quelles qu'en soient les raisons : impossible de rester aux avant-postes sans parvenir à sauver de gros points sur les courses difficiles.
Souvent agacé, parfois même en colère, le jeune prodige tricolore en vient à regretter la M1 2019 jugée plus évidente et homogène ! La 2020 s'est pourtant imposée à quatre reprises, auxquelles peuvent s'ajouter les trois succès de Morbidelli sur une hybride "2019-2020". Soit 50% des courses remportées par la Yamaha, alors que la M1 2019 n'avait gagné qu'une seule fois l'an dernier avec Viñales...
Le pilote Petronas-SRT est le premier à le regretter : il ne compte aucun podium hormis ses victoires, ce qui traduit selon lui l'extrême volatilité de la Yamaha. Cet avis est partagé par son futur coéquipier Viñales : soit la M1 est imbattable dès la première séance d'essais, soit sa mise au point est un cauchemar et son adhérence fuyante. Tout ou rien, en somme !
Valentino Rossi, plus mesuré, estime pour sa part que cette inconstance n'a rien de récent : le "Docteur" y voit un des effets du passage des pneus Bridgestone aux Michelin en 2016, qui n'aurait pas réussi à Yamaha. Autre virage mal négocié à Iwata : le passage à l'électronique unique, domaine où le retard de la M1 tend à continuellement s'accentuer selon le n°46.
Perdu dans ses réglages et marqué sur un plan émotionnel, Fabio Quartararo enchaîne deux mauvaises courses à Valence (14ème et chute) : le voila descendu à la 5ème place du classement avant la finale à Portimaõ, toujours en lice cependant pour le "titre" de vice-champion du monde.
Objectif raté : le n°20 passe au travers de son week-end portugais et clôt son parcours chez Petronas-SRT à une anonyme 14ème place, chutant encore de trois positions au général. Finalement huitième, Fabio fait moins bien que sa première saison parmi l'élite : 5ème en 2019.
Qui l'eut cru au regard de sa vitesse prodigieuse, qui lui vaut trois superbes victoires - à égalité avec son coéquipier Franco Morbidelli - contre deux pour Oliveira et une seule pour Viñales, Mir, Rins, Dovizioso, Binder et Petrucci ?! Pour autant, sa saison peut-t-elle être qualifiée de ratée ?
Oui et non, selon les attentes : "certains pilotes ne remportent pas une seule course de leur carrière MotoGP", souligne Fabio Quartararo avec à propos. Triple vainqueur en catégorie reine à seulement 21 ans, avouez que ça de la g... e?! Plutôt que de conclure sévèrement à une saison ratée, disons plutôt une opportunité manquée.
Le seul véritable reproche qui puisse lui être adressé tient en réalité à sa difficulté à canaliser ses émotions, aspect qui lui a déjà joué des tours à son arrivée en championnat du monde Moto3. A l'époque, beaucoup voyaient en lui le prochain Marc Marquez au regard de sa trajectoire météorique en championnat d'Espagne : trop de pression, trop tôt. Déjà...
"J’ai commencé à travailler pour être plus calme et subir mes émotions le moins possible", admet le niçois, conscient de la nécessité d'être davantage imperméable aux aléas de la compétition moto. Fabio sait foncer, c'est indiscutable. Mais il lui faut apprendre à prendre du recul pour aller vers l'avant...
"J’ai planifié de voir un psychologue la semaine prochaine à mon domicile : j’y suis déjà allé à plusieurs reprises mais j’irai plus souvent car de petites différences peuvent produire des gros changements ", ajoute-t-il avec franchise, là où la plupart des sportifs de haut niveau préfèrent employer le terme de "coach mental".
Autre aspect à l'origine de la déroute de Fabio : la montée en puissance de son coéquipier, pourtant moins bien armé avec sa moto de génération antérieure. "J'ai clairement ressenti le sentiment d'être la quatrième force chez Yamaha", décrit Franco Morbidelli, piqué au vif par ce choix.
Morbidelli, dans l'ombre du français depuis ses débuts en 2019, s'est révélé en pleine lumière cette saison avec cinq podiums dont trois victoires. Sacré retournement de situation dans la mesure où l'italo-brésilien s'inspirait des données de Fabio l'an passé ! Mais "Franky" avançait sans pression, lui...
Le futur coéquipier de Rossi termine à une belle deuxième place au général, offrant à son employeur et à son team la meilleure position aux classements pilote et par équipe. Morbidelli en a profité pour rappelé à quel point il avait été déçu d'apprendre qu'il piloterait la même moto l'an prochain quand Viñales, Quartararo et Rossi seront sur des versions 2020.
"Je suis heureux que nous ayons terminé deuxième du championnat : être vice-champion du monde de MotoGP est quelque chose de formidable", décrit-il. "Mon rêve est plus grand que cela, mais je me souviendrai toujours de cette saison. Un grand merci à mon équipe pour m'avoir aidé à atteindre cet objectif : je vais travailler maintenant pour m'améliorer et voir ce que la saison prochaine m'apportera".
Non classés
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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