Depuis plus de dix ans, les ingénieurs Yamaha se creusent la tête pour proposer une moto aux performances inédites en virage. Leur solution ? Ajouter une roue à l'avant pardi ! Moto-Net.Com est parti dans les Alpes, en Autriche, pour tester cette inédite machine à trois roues baptisée Niken. Essai.
Un nouveau trois-roues arrive sur le marché en ce milieu d'année 2018 ? Oui... "mais non, pas du tout !", se permettent de nous corriger les responsables Yamaha, très attentifs à ce que leur Niken ne soit pas classé dans la famille des tricycles : c'est une moto, d'un nouveau genre. Masculin ou féminin ?
Doit-on dire "un" ou "une" Niken ? Yamaha Motor France n'a pas officiellement tranché, évoquant tantôt le - modèle - Niken dans un article de son "Design Café", tantôt la - moto - Niken sur sa page dédiée... Autre question laissée en suspens : la prononciation même du nom de ce nouvel engin n'est pas clairement définie.
Le tripode d'Iwata tire son nom de "Ni Ken", qui signifie littéralement en japonais "deux épées" et représente les deux roues avant tranchant la route tels deux sabres. On serait donc tenté de prononcer "niquène"... Pas très élégant pour certains qui préfèrent l'appeler "Naïken", à l'américaine.
Mais laissons ces questionnements de côté pour revenir au point essentiel : cette nouveauté Yamaha 2018 est un motocycle, un vrai, dont la conduite requiert le permis A - contrairement aux scooters MP3 LT ou Metropolis qui sont accessibles aux titulaires du permis B via une formation de 7 heures.
Lors de sa présentation au salon de Milan, le directeur communication et marketing de Yamaha France nous expliquait que la décision de limiter l'accès de ce trois-roues aux seuls motards était "délibérée, ne serait-ce que pour une question de prudence dans la mesure où le Niken possède un moteur à fort potentiel et prend de l'angle. Ce n'est pas un engin urbain à vocation utilitaire comme le Tricity, NDLR), c'est un nouveau type de véhicule destiné à des motards avides de nouvelles sensations", tranchait Alexandre Kowalski.
Six mois plus tard, Moto-Net.Com retrouve "Kowalski San" et ses homologues européens en Autriche, à l'occasion du lancement presse de cette intrigante machine considérée par Yamaha comme un tout nouveau type de moto sportive, mais classée à part dans son catalogue. Le discours des responsables de la marque aux trois (!) diapasons n'a pas bougé de sa trajectoire.
"Avec la Niken, Yamaha pourrait marquer le commencement d'une toute nouvelle ère dans le monde de la moto, d'une révolution sur roues, générant un ressenti unique", décrit - au conditionnel ! - le constructeur. "Imaginez-vous aborder les virages avec une confiance inégalée... de nouvelles sensations palpitantes qui s'approchent de celles que l'on éprouve en ski en slalom".
Les amateurs de snowboard seront particulièrement réceptifs : penchés sur une seule carre, les surfeurs des neiges doivent dévaler les pentes avec un peu plus de retenue et de vigilance sur l'état de la piste, donc un peu moins de vitesse que les skieurs qui disposent d'un double appui très sécurisant, voire stimulant.
Pour la majorité des snowboarders, il est néanmoins hors de question de (re)passer du surf aux skis paraboliques : cela exigerait trop de sacrifices, comme chausser d'inconfortables chaussures et revoir intégralement leur posture, leur équilibre, leurs repères...
En dotant leur nouvelle moto d'une seconde roue avant, les Bleus d'Iwata assurent ne pas dérouter les motards : "la majorité des pilotes pourront aisément passer d'un deux-roues au système LMW (Leaning Multi Wheels) sans avoir à modifier leur style de pilotage", assure Yamaha. "Mais dès qu'ils aborderont une courbe, ils feront l'expérience d'une sensation grandissante de confiance et d'excitation. La Niken offre plus de plaisir et moins de stress".
Moto-Net.Com observe au passage que Yamaha parle de "Multiples Roues Inclinables" plutôt que de trois-roues. Comme la petite marque Quadro, le géant japonais songerait-il à pondre un canard à trois pattes une moto à quatre roues ? Aucune piste n'a été et ne sera jamais écartée...
"Yamaha a étudié maintes constructions différentes à 3 et 4 roues", rappelle Arata Kato du Product Planning. "Nous avons ainsi exposé précédemment des concepts comme le Tesseract et le MWT-9. Au final, nous avons trouvé qu'un trois-roues inclinable pouvait procurer le même plaisir de pilotage qu'une moto".
Fatalement, le développement du nouveau train avant (lire notre point technique en page 3) a sollicité des investissements humains et financiers importants : la commercialisation de la Niken (réservation en ligne depuis le 16 mai, premières livraisons en septembre) doit permettre au concepteur/constructeur de récupérer sa mise, puis d'engranger des bénéficies !
En prenant le risque d'ouvrir cette nouvelle voie, le trois-roues Yamaha a l'avantage de ne se confronter à aucun concurrent et de fixer son tarif plus librement : 14 999 euros. Néanmoins, la Niken se présente clairement comme une alternative aux roadsters sportifs comme la MT-09 dont elle est issue et qui ne coûte que 9199 euros (+1500 pour la SP)... ou la MT-10 et sa propre déclinaison SP, respectivement 1000 euros moins cher et 1000 euros plus cher que la Niken !
Pour 15 000 euros, que propose donc Yamaha ? Une MT-09 à trois-roues ? C'est un peu plus que cela (non vraiment, lire notre point technique en page 3 !). D'un point de vue purement esthétique, la Niken sort incontestablement du lot : même les plus "mangas" des motos sont complètement éclipsées.
Vue de face, la nouvelle moto évoque à Moto-Net.Com - et évoquera peut-être aux fans de JJ Abrams et Neville Page - la terrifiante mais incomprise créature du film de science-fiction "Super 8" : comme la bête extraterrestre, la Niken a des petits yeux ronds, un grand front, de larges épaules et deux paires de bras bien utiles pour trucider les vilains humains ou foncer dans les virages alpins. Impressionnant !
Les designers de Yamaha, pour leur part, affirment s'être inspirés du scorpion. Avec un minimum d'imagination, on peut effectivement discerner des pinces bleues qui serrent les deux roues avant, une carapace noir "graphite" bombée abritant le coeur de l'animal (le CP3) et une fine queue achevée par un double dard translucide enfermant les feux stop. Piquant !
"En outre, nous voulions exprimer l’agilité et la contrôlabilité", commente Arata Kato. "La clé pour y parvenir était de laisser apparente toute la construction de la partie avant pour qu’on puisse vraiment voir le mouvement des roues. Nous n’avons pas caréné ni caché tout le système et, quand la moto prend de l’angle, vous pouvez clairement voir les mouvements de chaque roue".
Si la majeure partie du monumental système à parallélogramme est visible de l'extérieur, le pilote lui n'a aucune vue sur ses deux roues. Leur présence n'est trahie que par l'inhabituelle largeur du carénage avant et les deux bulbes qui encadrent le tableau de bord. On regrette d'ailleurs que cet habillage supérieur soit resté en plastique brut.
Au global, la finition de la Niken déçoit un peu. Venant d'une Yamaha, compte tenu de la somme à débourser et de l'esprit futuriste de l'engin, on s'attendait à ce que les câbles et durites soient plus habilement agencés, que certains éléments mécaniques - comme le démarreur - soient davantage camouflés et que la majorité des pièces en plastique soient peintes.
Autre grief d'ordre esthétique : la présence dans le nuancier 2018 d'un unique coloris. Celui-ci mêle un profond et métallique - mais un peu tristoune - gris "Graphite" à l'incontournable bleu "Race" de Yamaha au niveau des fourreaux de fourche et des jantes. Du très classique en somme... pour une moto qui ne l'est clairement pas !
Détail qui n'a pas échappé à l'oeil vigilant de Moto-Net.Com : l'adoption d'un support de plaque double, bien plus élégant car "aérien" que celui, simple et massif, de la MT-09. Yamaha ferait bien de greffer au plus vite l'appendice du trois-roues sur sa frangine à deux-roues !
Enfin, la "futuriste" Niken - ce n'est pas MNC qui le dit, mais l'un des nombreux passants qui nous ont interrogés ! - méritait sans doute un écran TFT couleurs, comme on en trouve par exemple sur la toute nouvelle version GT de la Tracer 900...
L'écran LCD - inscriptions blanches sur fond noir car ça fait plus sportif, paraît-il - monté sur le trois-roues Yam' semble donc austère mais n'en demeure pas moins satisfaisant : complet et lisible, ses informations secondaires (trips, conso, températures, etc.) sont consultables grâce aux boutons surplombant le commodo gauche.
Le régulateur de vitesse (de série, comme sur les MT-09 et Tracer 900) ainsi que les modes de cartographie moteur se règlent au guidon également. La commande de l'antipatinage, en revanche, se trouve sur le tableau de bord et n'est active que lorsque le véhicule est arrêté. Or il est temps de le démarrer... et de l'essayer ! Vite, cliquez sur la page 2 !
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS NIKEN | ||
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POINTS FAIBLES NIKEN | ||
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