Pour Steve McQueen, un scrambler devait rimer avec grande évasion. Pour Triumph en 2019, les nouveaux Scrambler 1200 XC et XE riment aussi avec hyper connexion, soigneuse finition, haute tarification... Et pour Moto-Net.Com ? L'essai s'est conclu sur une profonde dermabrasion. Explications.
Elle guettait la sal... hop, pas de gros mots ! Mi-novembre, la simple glissade sans conséquences au guidon d'une Honda GoldWing signalait que Moto-Net.Com entrait dans une mauvaise passe. Deux semaines plus tard, c'est par une extraordinaire chance que MNC n'accompagnait pas au tas deux de nos estimés confrères, lors de la présentation des Kawasaki Z et Ninja 125 !
La chute, la vraie, celle qui fait mal au coeur, meurtrit l'ego et pique le corps - l'avant-bras en l'occurrence - a fini par "tomber" lors de cet ultime essai de l'année 2018 : le lancement des inédits Triumph Scramblers 1200 XC et XE présentés en avant première et sur le Journal moto du Net, entre le Mondial de Paris et le salon Eicma de Milan (Italie).
Tout avait pourtant fort bien débuté... La veille de notre première journée de roulage - en tout-terrain, puis essai sur route le lendemain ! -, les responsables de la marque anglaise soulignent leur riche historique, sur lequel ils auraient franchement tort de ne pas capitaliser.
"La nouvelle gamme Scrambler 1200 descend d'une lignée incomparable dont les racines remontent directement à la première scène scrambler du début des années 50", nous rappellent nos hôtes. "Triumph y joua un rôle clé en définissant les qualités essentielles d'un scrambler".
Comment distinguer le bon Scrambler du mauvais ? "Easy" : selon Triumph, le bon Scrambler combine allure distinctive, position de conduite surélevée, configuration optimale pour le trail et contrôle absolu sur route... "En bref, ils ont tout ce qu’il faut pour que vous puissiez vous éclater (sic !) sur toutes les routes et tous les chemins", garantit le constructeur sur facture.
Qu'il porte le suffixe XC ou XE, le nouveau "douze-cents" se pare donc d'un double échappement en position haute, d'un haut et large guidon, d'une roue avant de 21 pouces, de suspensions à grands débattements, d'une selle plate et d'un réservoir d'essence "sculptural", qualifient ses concepteurs (lire notre point technique complet en troisième page).
En poursuivant leur cours magistral d'histoire de la moto, Triumph se targue d'avoir construit "les meilleures motos de l'époque : des machines dépouillées avec un double échappement droit raccourci en position haute ou basse. Elles étaient les originales, les vrais "desert sleds" (pan, dans la face de la Ducati Scrambler Desert Sled, NDLR !) et inspirèrent les premiers scramblers de série du monde avec les Bonneville T120TT, T120C et TR6 SC".
Autant de - top - modèles avec lesquelles est sorti l'incontournable et indémodable Steve McQueen ! Mais la marque anglaise cite également, à l'attention des motards plus pointus, le grand copain de l'acteur américain : Bud Ekins, concessionnaire Triumph à Hollywood qui participa à de nombreuses courses dans le désert.
La doublure de Steve dans - le "famous" saut de - La Grande Évasion" fut même à l'origine de la mythique course Baja 1000... Une épreuve, soit-dit en passant, que Triumph n'a jamais remportée (!) et sur laquelle doit s'aligner en 2019 une XE préparée par l'usine anglaise.
Qu'ils soient vieux expérimentés ou ignares jeunes, les motards français ne connaissent pas nécessairement toutes ces vieilles histoires. En revanche, ils craquent en nombre sur les Scramblers de nouvelle génération. Et Triumph de jouer cette fois sur le capital sympathie de ce type de moto...
"En lançant le tout premier Scrambler de l'ère moderne en 2006, Triumph fut une fois encore à l'origine d'une nouvelle catégorie", se vantent à juste titre les anglais. Un segment dans lequel se sont engouffrés de nombreux concurrents : Ducati, BMW, Moto Guzzi, voire Mash, Orcal ou Brixton en petites cylindrées !
"Le monde des scramblers tel que nous le connaissons aujourd'hui était né, se construisant un nouveau noyau de passionnés dans le monde entier. Motards des villes ou stars de cinéma, tous étaient charmés par le style emblématique et la silhouette intemporelle des scramblers Triumph"... qui ne cubaient jusqu'alors "que" 900 cc.
Débordée par les BMX R nine T et Ducati 1100, la marque d'Hinckley a décidé de réagir en 2019 en lançant sa paire de Scrambler 1200 XC et XE qui lui permettent de contrer ses rivaux sur le marché des "big" scramblers tout en conservant ses clients actuellement sur Street Scrambler et désireux de passer à plus gros.
Pour appâter les propriétaires de Scrambler 900 justement, les Anglais n'hésitent pas à comparer deux valeurs clés : entre le "douze-cents" et la "neuf-cents", la puissance et le couple maxi s'élèvent d'environ +38%... Et le petit doigt de MNC de nous faire observer que ce même rapport est appliqué aux tarifs de la Street et de la XC : respectivement 11 000 et 14 800 euros !
Fort heureusement, les poids des machines ne suivent pas la même tendance : le "small" Scrambler des villes pèse 203 kg à sec, contre 205 kg pour le "large" XC et 207 kg pour le "Xtra-Large" XE, deux machines davantage orientées vers les champs.
Le look classique des Scrambler XC et XE est magnifié par une finition extrêmement flatteuse. L'écrasante majorité des pièces, par exemple, est en bon gros métal finement taillé et ébavuré : le sabot moteur, les garde-boue avant et arrière, les caches de l'injection perforés à la manière des protections du double pot en inox, les protège-mains avec renforts en alu (de série sur la XE)...
Le réservoir est une oeuvre d'art à lui tout seul, qui rend hommage aux vieilles Triumph via sa sangle en inox brossé et son bouchon de type "Monza" en alu, brossé également. Sa forme suit également la fonction : notez les cavités qui dégage un peu de place pour la fourche, permettant ainsi de gagner de précieux degrés d'angle de braquage !
Les modèles d'essai lors de notre journée de découverte "off-road" sont équipés d'un garde-boue avant surélevé. Mais attention, ceux utilisés le lendemain sur route - et vendus dans le commerce à partir de févrieret mars 2019 - disposent de la version basse, moins scrambler dans l'âme...
En comparant les deux nouveaux Scrambler 1200, Moto-Net.Com note une légère incohérence : le logo en triangle peint, que les responsables de la marque sont "very, very excited" de nous présenter sur leur modèle haut de gamme XE, nous plaît bien moins que le marquage à l'ancienne et en relief qui orne le modèle XC !
Le Journal moto du Net se permet aussi de pointer du doigt une rare faute de goût : les clignotants un peu trop gros et en plastique... que les clients peuvent remplacer grâce au kit de relocalisation, aux clignos à LED plus élégants, mis à disposition en vente (malin !) dans le vaste catalogue d'accessoires Triumph.
Au global toutefois, l'allure des nouvelles Triumph est extrêmement soigné. Mais derrière ce look "Modern Classic" se cache un équipement et des prétentions de modèles classés au rayon "Adventure" du constructeur anglais. "C'est un véritable cross-over", appuie Stuart Wood durant sa présentation !
"Les débattements de 250 mm à l'avant et à l'arrière de notre Scrambler 1200 XE dépassent ceux de notre Tiger 800 XC", nous fait observer Éric Pecoraro, responsable marketing chez Triumph France. Les fiches techniques et les caractéristiques n'ont d'ailleurs rien à envier aux (maxi) trails purs et durs (lire les pages 3 et 4 de cet essai pour tous les détails). Même une Honda Africa Twin, référence des trails capables de sortir des sentiers battus, ne s'ébat "que" sur 230 et 220 mm !
Injection électronique, accélérateur ride-by-wire, modes de conduite, ABS et antipatinage (tenant compte de l'angle de la moto sur la XE), écran couleur TFT paramétrable, étriers avant monobloc, grosse fourche inversée entièrement réglable (énorme et dorée sur la XE), double amortisseurs montés sur un long bras oscillant en alu... Les Scrambler 1200 font le plein de beau matériel.
Ces nouvelles Triumph se font d'ailleurs remarquer grâce à leurs prestigieux fournisseurs : Brembo, Continental (électronique), Öhlins, Showa, Metzeler ou Pirelli, Arrow (pour les pots en option). Les marques à l'affiche de ces nouvelles "super" productions doivent légitimer leurs tarifs haut placés... et leur offrir des performances tout aussi élevées ? Réponse en deuxième page.
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS SCRAMBLER 1200 | ||
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POINTS FAIBLES SCRAMBLER 1200 | ||
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