Suzuki tente en 2019 un audacieux pari sur le segment des roadsters en lançant une nouvelle Katana. Une moto basée sur la mésestimée GSX-S1000, à l'appellation culte mais au look contesté. Moto-Net.Com a pu l'essayer au Japon et à deux mois de sa sortie en France. Banzai !
Êtes-vous charmés par l'allure de la BMW R90S, première moto de série équipée d'un carénage de tête de fourche ? Aimez-vous le look de la Suzuki Katana ? Quelles que soient vos réponses, chers Moto-Nautes, sachez que ces deux machines ont été dessinées par la même personne : Hans Muth !
Mais si, "Herr Muth", ce designer allemand également à l'origine de la "Kolossale" Münch Mammuth ! Voilà un homme qui a littéralement fait bouger les lignes de la moto. Et celles de la GSX-1100S en particulier...
Très classique d'apparence - trop même, selon les hauts responsables de la marque -, le gros roadster japonais a été dévoilé au salon de Cologne 1980 dans une version très, très originale : la Katana. À tel point que beaucoup d'encre a coulé suite à sa présentation... dans le courrier des lecteurs de la presse spécialisée (en papier à l'époque !), mais beaucoup moins sur les carnets de commande...
La Katana 1100 a été un échec commercial en France et plus généralement en Europe. Il n'y a guère qu'au Japon, où la référence aux sabres des vénérables Samouraïs a sans doute eu plus d'impact, que la Katana est restée longtemps au catalogue de la firme d'Hamamatsu.
La famille a accueilli de nombreux membres (750, 400 et 250 cc) mais certains n'ont jamais posé leurs roues en Europe. Au Pays du Soleil Levant, la Katana a fait sa dernière apparition en l'an 2000 via une série limitée à 1100 exemplaires de la GSX1100SY... La boucle était ainsi bouclée. Mais elle ne demandait qu'à être relancée !
C'est en 2017 que l'appellation vénérée - par certains, boudée voire exécrée par d'autres - a fait un retour remarqué à l'occasion du salon Eicma de Milan, avec aux commandes cette fois un italien, Rodolfo Frascoli. "Cette nouvelle vision d'une Katana résolument moderne a enflammé le coeur de tous", s'embrasent eux-mêmes les Japonais.
"À l'écoute attentive des retours des visiteurs et enthousiasmé par le potentiel contenu dans le "Concept Katana 3.0 , Suzuki a considéré que le moment était venu d'introduire une nouvelle version de la légendaire Katana", décrivent les responsables marketing.
Convaincue qu'il fallait battre le fer tant qu'il était chaud, la firme d'Hamamatsu a décidé de parier à nouveau sur le look décalé et apprécié - commenté en tout cas - de la Katana. Et pour faire d'une pierre d'un sabre deux coups, elle s'est appuyée sur une base solide et sans doute mésestimée : la GSX-S1000.
Afin de créer la nouvelle Katana en à peine un an, Suzuki a intégralement (ou presque, lire notre point technique en troisième page) repris la mécanique de son maxiroadster qui, grâce à son 4-cylindres costaud et à sa partie cycle équilibrée, s'était imposée dans le comparo MNC l'opposant à ses deux compatriotes du moment : la dernière Kawasaki Z1000 et l'ancienne Honda CB1000R.
Forte de cette victoire, la Suz' avait participé à un second match drôlement relevé également, face aux toutes nouvelles Aprilia Tuono V4R et Yamaha MT-10. Là encore, la "Gexesse" avait fait valoir ses atouts. Mais elle s'était inclinée en raison de ses à-coups d'injection, ses vibrations trop présentes dès les mi-régimes... et un look fade !
En passant sous le bistouri - le Katana ? - des designers nippons, la GSX-S1000 voit ainsi s'effacer l'un des points faibles que Moto-Net.Com lui reprochait : son air déjà vu de maxiroadster japonais, ce style "manga" initié par la Z1000... au début du siècle (millénaire) !
Grâce à ses lignes rectilignes et tailladées, cette nouveauté 2019 se distingue du reste de la production actuelle de maxiroadsters : si de nombreuses marques concurrentes ont depuis longtemps flairé et exploité la piste du néo-rétro en relançant un modèle ou en surfant sur un style - plus ou moins - modernisé des années 60 et 70, Suzuki est la première à proposer un "remake" des années 80 ! Malin, non ?
Extrêmement proche de la GSX-S1000 sur le plan mécanique, la Katana est tout autre d'un point de vue cosmétique. Son phare "Full DEL" - à l'instar de tout l'éclairage de cette moto de l'an 2019 - n'est ni rond ni difforme : il est carré, comme on en trouvait sur de nombreuses routières et sportives des années 80-90.
De même, derrière le petit et joli saute-vent noir se cache une instrumentation 100% digitale, 100% complète mais 0% couleurs malheureusement (lire notre point technique en troisième page). Juste devant, les fils du commodo gauche fixés à la gaine du câble d'embrayage font un peu tache. On aurait préféré qu'ils passent derrière le guidon plutôt. Ou à l'intérieur, carrément !
Le Journal moto du Net émet une autre critique - constructive, comme toujours - au sujet du semi-carénage cette fois : quelques centimètres supplémentaires auraient suffis à cacher la première des deux soudures un peu épaisse du cadre périmétrique en aluminium. Une idée pour un lifting futur ?
Suzuki innove également en adoptant un support de plaque d'immatriculation - et de clignotants - déporté sur le bras oscillant. "C'est une première sur une Suzuki", soulignent les Jaunes d'Hamamtsu qui ont trouvé l'inspiration, non pas sur l'ancienne Katana, mais du côté de la MT-09 des Bleus d'Iwata et des roadsters des Rouges de Varese...
Cette configuration allège habilement la partie arrière tronquée, musculeuse, sombre et totalement inédite de la Katana. Posée sur sa béquille latérale - pas de centrale pour entretenir la chaine, grrr -, la moto expose un profil droit particulièrement réussi. En contrepartie, son profil gauche se retrouve considérablement alourdi par le support et son - indispensable ? - habillage en plastique brut.
Le guidon noir mat en aluminium monté sur silent-blocks et la patte de fixation de garde-boue avant - en alu également -, la selle bicolore grise et noire (un tentant rouge et noir est dispo en accessoire) doivent légitimer le placement haut de gamme de la Katana dans la famille des roadsters Suzuki.
Attendue courant mai dans les concessions françaises, la Katana se décline en deux coloris : le gris originel devrait représenter "70% des ventes chez nous ", calcule Suzuki France, "donc 30% pour le noir qui séduit particulièrement les jeunes"... moins sensibles au look des années 80 sans doute.
Le choix de la peinture ne sera clairement pas orienté par le tarif : contrairement à de nombreuses Suzuki, la Katana et la "Katanoire" seront proposées au même tarif : 13 699 euros, soit 1000 euros de plus que la GSX-S1000, 400 de plus que la version semi-carénée GSX-S1000F.
Moto-Net.Com souligne au passage l'excellente initiative de Suzuki France : la filiale réserve à ses chacun de ses nouveaux propriétaires un livre qui présente minutieusement leur Katana du XXIème siècle, mais dresse aussi l'historique de la gamme Katana - celles du XXème siècle -, et donne la parole à leurs différents designers.
Ce joli bouquin ne peut bien sûr pas justifier à lui seul l'achat de la moto. Faut-il d'ailleurs craquer pour la nouvelle Katana ? Moto-Net.Com vous donne son avis, à l'issue d'un roulage court, intense et instructif sur une route fermée de montagne au Japon. Là où la Katana est fabriquée...
.
.
CONDITIONS ET PARCOURS | ||
| ||
POINTS FORTS KATANA 2019 | ||
|
POINTS FAIBLES KATANA 2019 | ||
| ||
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.