Leader du - microscopique - marché de la moto électrique, Zero Motorcycles décline ses motos S et FXS en version 11 kW (accessibles aux permis B), plus performantes que leurs concurrentes thermiques de 125 cc. Explications et première prise de contact.
Le marché de la moto électrique est encore embryonnaire en France : avec 38 immatriculations en 2015 et 43 en 2014 selon les données de l'administration française, Zero Motorcycles apparaît en tête des ventes du secteur (lire notre Bilan complet du marché moto 2015).
Leader en France, le constructeur américain de motos électriques le serait également à l'échelle mondiale. Mais son statut de "Number One" est impossible à vérifier : "Zero Motorcycles ne communique pas sur ses volumes de production ou sur ses résultats financiers", signale Bruno Muller, responsable de la marque en France.
"Les chiffres de ventes dans la moto électrique sont faibles par rapport à ceux du thermique", reconnaît-il. Ainsi, pour ne pas pénaliser l'image de ce marché - en devenir ? - et protéger sa propre image, la firme de Scotts Valley (près de Santa Cruz, en Californie) préfère garder secrètes ce type d'informations...
Zero Motorcycles est en revanche infiniment plus éloquent en ce qui concerne ses produits et leurs grandissantes performances. À en croire Umberto Uccelli, directeur général de la marque en Europe, les progrès accomplis en quelques années sont phénoménaux : "l'entreprise a dix ans", rappelle le big boss italien, un ancien de chez BMW, Ducati et MV Agusta. Par rapport à certaines marques de motos - notamment américaines et qui ont un siècle de plus ! -, "cela semble effectivement très jeune, mais une décennie dans le milieu des nouvelles technologies c'est énorme", relativise-t-il.
"Comprenez qu'entre le modèle S de 2009 et celui de 2016, l'autonomie a été multipliée par 5,8, la puissance par 5,2, le couple par 2,4 et la vitesse maxi par 1,7", illustre Bruno Muller, tandis que "parallèlement le prix de la moto a diminué de 1500 euros" (lire notre Dossier spécial Motos électriques).
Aujourd'hui, le roadster "Streetfighter" de Zero Motorcycles dans sa version équipée de la batterie Z-Force Lithium-Ion de 13 kWh et du complément "Power Tank" - un cinquième élément de batterie élevant la capacité à 15,9 kWh - serait en mesure de parcourir 317 km en ville.
Sur voie rapide (à 113 km/h), l'autonomie tomberait à 158 km... "C'est l'avantage que nous avons sur les motos thermiques : grâce à notre système de récupération d'énergie, nous consommons moins en ville", rebondit habilement Umberto Uccelli.
La moto électrique marque ici un point auprès des citadins, parisiens en tête puisque ceux-ci ne pourront bientôt plus rouler intra-muros en semaine avec n'importe quelle moto ! Les motards de France et de Navarre, eux, ne seront pas insensibles aux autres chiffres annoncés !
D'après le constructeur, la SR - plus Radicale que la S "tout court" - disposerait d'une puissance maxi de 67 chevaux et surtout d'un couple de 144 Nm. À titre de comparaison, cela représente 11 Nm de plus qu'une Ninja H2 et 16 de moins qu'une ZZR1400 2016, pour un poids total de 208 kg toutes "charges" faites (prévoir 9 heures en charge "normale" et 3 heures avec des chargeurs supplémentaires).
La Zero SR abattrait ainsi le 0 à 100 km/h en 3,3 secondes, pourrait piquer une pointe à 164 km/h et "cruiserait" sans problème à 153 km/h. Parallèlement, les périphériques montés sur la gamme Zero depuis 2015 (suspensions Showa, ABS Bosch 9 et pneumatiques Pirelli) lui assureraient un comportement de "vraie" moto.
Mais les produits de la firme californienne, en plein boum d'un point de technique, ne connaissent pas le même essor sur le plan commercial... Et c'est justement pour développer ses affaires que Zero Motorcycles lance cette année deux modèles bridés à 15 chevaux (lire MNC du 7 décembre 2015 : des motos électriques Zero Motorcycles pour les permis A1 et B).
Les Zero S et FXS 11 kW sont destinées en priorité au marché européen, et tout particulièrement à notre pays : "le marché des MTL (125 cc et équivalents, bridés à 11 kW soit 15 chevaux, NDLR) est très important en France", poursuit Bruno Muller.
"Il représente un tiers du marché du motocycle français, voire 40% si l'on intègre les 3-roues (MP3 LT et autres, accessibles comme les 125 aux permis B via une formation de 7 heures, NDLR), d'où notre insistance auprès de nos collègues américains pour sortir ce type de véhicules".
Semblables en tous points aux modèles S (54 ch) et FXS (le supermotard de la famille, qui développe 44 ou 27 ch selon les versions), ces nouvelles versions 2016 se plient à la directive européenne 212/36/UE qui limite la puissance "continue" des motos électriques à 11 kW et le rapport puissance/poids à 0,1 kW/kg.
"La puissance continue est la puissance que peut fournir le moteur en stabilisant son échauffement", nous traduit Bruno Muller. En termes de puissance "maximale" toutefois, les "MTL" électriques peuvent - allégrement - dépasser ces 15 chevaux : dans le cas présent, les Zero S et FXS bridées continuent (!) de développer respectivement 54 et 44 chevaux !
Le couple développé par les moteurs électriques - "de type "brushless", entièrement conçus, développés et produits en interne depuis 2012", souligne au passage Zero - est plus impressionnant encore : 95 Nm sur le supermotard qui affiche 133 kg sur la balance de son constructeur, et 94 Nm pour le roadster de 185 kg. De sacrés arguments de vente, non ?
"Nous ne cachons pas ces valeurs, mais nous n'avons pas non plus la volonté de les mettre en avant", confie Bruno Muller à Moto-Net.Com : "la législation nous permet d'homologuer nos motos dans cette configuration, nous en profitons, tout simplement".
Grâce à cette subtilité - dont bénéficie également le scooter BMW C Evolution, écoulé à 409 exemplaires l'an dernier en France -, les S et FXS "11 kW" livrent donc des accélérations et des reprises nettement supérieures à celles des concurrentes de 125 cc...
C'est justement ce que Zero Motorcycles Europe nous a proposer de tester à l'occasion du lancement français de ces deux nouveautés 2016, organisé au coeur du bois de Boulogne. Un essai en première mondiale qui s'est malheureusement déroulé sur une dizaine de kilomètres seulement et sous une fine pluie... Prêts ? En route !
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