Envie d'une moto rétro aux courbes désirables et excitante en courbes ? Forte en gueule comme en moteur ? Ça tombe bien : la nouvelle Kawasaki Z900RS pointe son joli phare rond vers ce créneau rétro-sport défriché avec succès par la BMW R Nine T, convoquée ici dans sa déclinaison Pure pour ce nouveau duel MNC !
Lancée en 2014, la R Nine T secoue depuis quatre ans le segment des néo rétros grâce à son dynamisme inédit sur ce type de motos, jusque là davantage orientées vers le seul plaisir des yeux. La BMW, elle, réunit les deux : une vraie "gueule" - classique mais pas désuète - doublée d'un tempérament joueur, voire sportif.
Sous sa robe vintage se cachent des "dessous" modernes - cadre treillis transformable à l'arrière, suspensions performantes et étriers 4-pistons - et surtout un "coeur" qui palpite avec un entrain communicatif : le bicylindre à plat refroidi par air, remis au goût du jour pour satisfaire les normes autant que les amateurs de sensations (tous les détails dans nos photos légendées en page 2) !
Carton plein pour la marque à l'hélice, précurseur de cette tendance "néo-rétro-sportive" : la Nine T s'écoule à un millier d'exemplaires chaque année en France toutes versions confondues, dont cette déclinaison "Pure" - plus accessible via quelques équipements sacrifiés - retenue par MNC pour affronter sa nouvelle rivale, la Kawasaki Z900RS !
Comme sa consoeur d'outre-Rhin, la "RS" rend un vibrant hommage aux canons stylistiques d'autrefois avec son phare rond, son arrière en queue de canard intégrant un feu ovale, son superbe réservoir en goutte d'eau de 17 litres ou encore ses fausses ailettes polies, ses cadrans en ogive et sa longue selle plate. L'ensemble est élégant, presque raffiné, et renvoie plusieurs décennies en arrière.
La nouveauté évoque effectivement la Z1 900 Super Four de 1972 dont Kawasaki assure s'être fidèlement inspiré... mais aussi la Zephyr 750 dévoilée par les Verts fin 1990, déjà à l'époque dans l'optique de surfer sur la vague rétro. L'histoire - celle de la moto en particulier - n'est qu'un éternel recommencement !
Outre leur allure réussie, ces deux motos ont en commun un évident souci du détail et leur finition léchée, des aspects importants pour faire le beau(bo) ! L'avantage va d'une courte tête à la Z900RS, dotée d'astucieuses jantes à bâtons étroits qui passent presque pour des rayons vus de loin ! Mention très bien aussi pour le bord poli des ses roues de 17 pouces et ses élégants supports de garde-boue avant métalliques.
La Nine T Pure, ici dotée de roues rayonnées du kit "Spezial Option 719" (détails en page 2), regorge certes de très belles pièces comme son réservoir en acier de 17 litres (en alu sur la Nine T standard), ses magnifiques platines évidées sous la selle ou son mignon feu à LED. Mais on déplore toujours l’aspect "usine à gaz" de l’admission sur l’arrière des cylindres, typique de cette ancienne génération de Boxer.
Son coloris unique vert - à la teinte vaguement militaire - est par ailleurs assez terne et tristounet, surtout par rapport à la magnifique robe marron et orange de la Z900RS (200 euros de plus que le modèle noir à 11 999 €). Etonnant choix que de limiter à ce point le nuancier d'une moto prévue pour être personnalisée !
MNC regrette également l'aspect banal du silencieux de la Nine T "Pure", précédé d'une valve très apparente d’où émergent des câbles. Pas très glamour tout ça ! Les pots superposés de la Nine T "standard" produisent un bien meilleur effet, de même que le "4-en-1" de la Kawasaki ici remplacé par un adaptable Akrapovic siglé "Z900RS" à 911 euros.
Dernier reproche à l'encontre de l'échappement de la R Nine T Pure : son volume sonore incroyablement élevé ! Le "flat" gronde avec agressivité, comme prêt à mordre, et pétarade sèchement à la coupure des gaz. Cette très forte présence phonique est sympa dans les virolos car elle booste les sensations, mais en ville et sur un long trajet, c'est "too much"...
Plus discrète sans être effacée, la Z900RS possède le timbre profond et rauque d'un vieux "4-pattes". A l'oreille, on croirait entendre un gros moteur à air des années 90... Tout faux ! Son moulin - à eau - est ancré dans la modernité : c'est celui du roadster Z900 lancé en 2017, copieusement modifié aux profits des bas et mi-régimes (détails en page 2).
Malgré des puissances similaires (110 ch côté allemand, 111 ch côté japonais), MNC pressentait de fortes différences de rendement mécanique entre le flat-twin et le quatre-cylindres en ligne. La Nine T Pure ressortait très largement favorite de nos pronostics grâce à sa cylindrée supérieure (1170 cc contre 948) et son énorme couple (116 Nm contre 98,5)...
Ajoutez à cela son architecture bicylindre - certes moins élastique, mais plus expressive - et une boîte de vitesses bien étagée (à défaut d'être aussi rapide et silencieuse que la Zak'), et vous obtenez en théorie des relances défavorables à la Z900RS. Et pourtant, surprise : la moto d'Akashi dépose l'allemande entre 2000 et 4000 tr/mn, soit pile dans les allures usuelles (à 80 km/h, la Z900RS tourne à 3000 tr/mn en 6ème) !
Malgré son répondant instantané, la Nine T est tenue en respect jusqu'aux mi-régimes où la donne commence à s'inverser : contre toute attente, le "Boxer" allemand profite alors de son allonge plus percutante pour reprendre le terrain cédé à sa rivale. Moins volontaire dans les tours (oui, oui !), la Z900RS baisse le pavillon dès 8000 tr/mn : inutile de titiller les 2500 tr/mn restants jusqu'au rupteur, contrairement au Z900 "tout-court".
En définitive, et c'est une "Pure" surprise, le déroulement du match entre ces deux moteurs très énergiques est à l'inverse exact de nos prévisions, pourtant étayées par de logiques considérations techniques. Une bonne nouvelle pour la Kawasaki... un peu moins pour la BMW ?!
En termes de sensations distillées néanmoins, le bloc R Nine T remporte la confrontation : sa poussée ultra-vigoureuse est une exaltation permanente des sens. Le "flat" remue les tripes à chaque trip ! A moins d'être réfractaire à cette motorisation, ses accélérations nerveuses et rugueuses sont hautement savoureuses.
Son caractère attachant s'exerce aussi par ses trépidations au ralenti, son couple de renversement prononcé, son important frein moteur et sa bande-son gutturale. Certes, son raffût de tous les diables décoifferait un chauve, mais il colle à merveille avec l'image de "force bourrue" renvoyée par le bicylindre !
La mécanique de la Z900RS - malgré son inattendue supériorité à bas régimes - n'est pas aussi vivante durant ses montées en régime, pourtant pas dénuées d'un certain "sel" : la Kawasaki est très, très loin d'être insipide. L'ADN de la Z900 est perceptible : la néo-rétro des Verts fuse des virages comme une flèche entre 3000 et 6000 tr/mn. Un vrai jouet !
Au final, ces deux "Bécanes Classiques Bien Gaulées" (BCBG !) disposent d'un moteur qui envoie du pâté bien consistant et dont on abuse avec délice ! Mais la généreuse "tartine" servie par l'allemande met davantage en émoi les papilles, comme si elle avait mariné dans un délicieux cognac...
Par ailleurs, la Z900RS donne quelques aigreurs en raison de ses vibrations dès 5000 tr/mn et de son injection perfectible. La Kawasaki hoquette à la remise des gaz, même en s'appliquant. L'avantage de souplesse offert par sa transmission par chaîne n'y change rien : la BMW, mieux injectée, est plus agréable malgré son cardan.
C'est tout naturellement dans le sinueux que la dernière partie de ce duel MNC va se jouer : comment pouvait-il en être autrement avec de telles machines ?! Car la R Nine T Pure et la Z900RS n'ont rien de ces motos "potiches" qu'on expose fièrement aux terrasses des troquets branchés avant de les maudire dans les virolos sur la route du retour !
Oubliez les motos rétros au comportement encore plus approximatif qu'un ivrogne, qui freinent comme un navire de croisière et gigotent autant du croupion qu'une danseuse de samba ! Avec la BMW et la Kawasaki, le programme est "rétro", d'accord, mais sportif également. Voire très sportif pour la R Nine T Pure !
La moto à l'hélice offre une tenue de cap réjouissante, bien aidée par son train avant réactif, tranchant et extrêmement précis. Le fonctionnement de sa fourche télescopique non réglable est hors de critique, malgré sa nature "basique" face à celle - inversée et totalement ajustable - de la Kawasaki.
La rigidité de son châssis est garante d'une stabilité de premier ordre, supérieure à celle de la Z900RS : c'est avec l'allemande qu'on peut entrer et ressortir des courbes le plus vite, favorisé par sa meilleure garde au sol. Au panneau "Trop tard", son freinage est également un allié précieux via son mordant supérieur à sa rivale, pourtant équipée du dispositif radial de la Z1000 !
La Z900RS, un peu plus légère (215 kg contre 219), n'atteint pas tout à fait le même niveau de performances en grande partie à cause de son compromis d'amortissement. Réglées plus souples, ses suspensions laissent échapper quelques mouvements à très vive allure, sans toutefois perdre le fil. La moto demande simplement plus d'autorité pour rester sur sa trajectoire.
Contrepartie logique : ce tarage moins "sportif" ménage le confort qui fait quelque peu défaut à la BMW quand le bitume se frippe. Le constat est d'autant plus douloureux que l'assise de la Nine T provient de chez Tamal-O-Q, un ancien fakir devenu fabricant de selles de motos... Son amortisseur a beau fonctionner correctement, la dureté de la selle force à rendre la main dans le bosselé !
En revanche, avec sa selle moelleuse (pour un roadster), la Z900RS se montre infiniment plus conciliante. Elle profite en outre d'une ergonomie mieux étudiée, avec une position buste droit sans contrainte sur les bras et les jambes : en cela, elle évoque une certaine ZR7, l'ancêtre de la lignée Z750 / Z800 et Z900 !
La Nine T Pure frôle la caricature : son guidon - très large et bas - forme un demi-cercle pratiquement plat, tandis que ses repose-pieds sont hauts et avancés. Cette disposition oblige à incliner le buste, écarter les bras et lever les pieds : on a connu plus naturel ! La Zak', plus évidente, en profite pour imposer sa maniabilité un cran supérieure pendant les manoeuvres.
Kawasaki frappe un grand coup avec sa nouvelle Z900RS, à la fois belle à regarder et sympa à piloter. Même si la source d'inspiration des Verts provient incontestablement de Munich, la "Rétro Sport" suit une voie suffisamment différente de la R Nine T pour s'en distinguer avec brio.
Affichée à partir de 11 999 euros en noir (12 299 € en marron et orange comme ici), la Z900RS a en outre le bon goût de débuter presque à 1000 euros de moins que la référence allemande (12 900 €), malgré un équipement supérieur comme son antipatinage - en option sur la BMW - et son instrumentation plus complète (tous les aspects pratiques en page 3).
Son comportement dynamique présente par ailleurs un compromis particulièrement intéressant entre "sport" et "confort", rendant les longs parcours à son guidon parfaitement envisageables. Ce n'est pas le cas de la R Nine T Pure, plus sensationnelle mais ô combien plus exclusive !
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS BMW R NINE T PURE | ||
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POINTS FAIBLES BMW R NINE T PURE | ||
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POINTS FORTS KAWASAKI Z900RS | ||
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POINTS FAIBLES KAWASAKI Z900RS | ||
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