Que font les principaux acteurs du monde de la moto pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19 ? Eric de Seynes, président de Yamaha Motor Europe, s'est confié au Journal moto du Net.
MNC : Où êtes-vous confiné ?
Eric de Seynes : Je suis confiné en Normandie, avec ma famille. J'ai la chance d'y avoir aménagé un bureau séparé de la maison, où j'ai toutes les technologies nécessaires : ordinateur, wifi, scanner, imprimante, etc. Ce qui me permet d'être connecté avec l'ensemble de nos différentes entités.
MNC : Comment se déroulent vos journées ?
E. d. S. : Je me lève à 7h30 et j'attaque ma journée de travail à 8h45. Revue des mails pendant 45 mn avec mon assistante par Skype. Ensuite un point avec le Japon pendant une heure. Puis vers 10h30, un comité de direction, toujours par Skype, avec l'ensemble des directeurs de Yamaha Motor Europe où on fait le point sur chaque division et les actions à suivre dans le cadre de la crise actuelle (état sanitaire des pays, situation des usines, approvisionnements, position financière, couverture des changes, etc.). Cela prend environ 3 heures. Ensuite 30 mn pour déjeuner avec la famille. Vers 14h, je participe tous les jours à un "Skype coffee break" avec l'une de nos filiales, ce qui me permet d'échanger avec nos managers et employés de chaque pays pendant 30 mn et de répondre à leurs questions. Ensuite, j'ai deux ou trois réunions sur des thèmes spécifiques, toujours par Skype, jusque vers 17h30, puis de nouveau une heure de traitement de mails avec mon assistante. Enfin je termine avec une heure de coup de fil jusque vers 19h45. Là je pars faire 50 mn de sport (30mn de vélo home trainer et 20 mn de rameur). A 20h30, dîner familial...
MNC : Qu’est-ce qui vous manque le plus ? Le moins ?
E. d. S. : Ce qui me manque le plus c’est finalement le contact direct avec mes collaborateurs, l'échange simple et direct avec les uns et les autres, en plus des réunions formelles. Ensuite ce sont les week-ends de courses. J'ai mal pour nos pilotes et nos teams, condamnés à l'immobilisme alors qu'ils se sont préparés pendant des mois... Ces échanges sur le terrain avec nos ambassadeurs sportifs comme avec le public me manquent vraiment.
MNC : De quoi avez-vous peur ?
E. d. S. : Je n'ai pas peur, mais j'ai évidemment des craintes pour la durée de cette pandémie et pour ses conséquences sanitaires et sociales. Je crains les conséquences d'une récession qui semble de plus en plus inéluctable, comme du temps qui sera nécessaire à la reprise de nos activités dans leur ensemble. Je crains des conséquences sur l'emploi et sur la crédibilité des appareils politiques en Europe. Mais j'ai aussi des espérances, sur la prise de conscience que cette crise va susciter pour redonner des moyens à la recherche médicale, aux hôpitaux, à la cohésion sociale. Sur les enseignements que nous allons pouvoir tirer de cette situation exceptionnelle dans le domaine de la digitalisation de nos échanges, de la réduction des voyages et de nos émissions de CO2, de la relocalisation partielle de nos productions et services, de l'agilité de nos organisations, de la modularité du temps de travail, etc.
MNC : Un livre, un film, une série, un disque à recommander ?
E. d. S. : Je lis avec beaucoup de plaisir le livre d'Hubert Auriol, "TDSPP". Il est écrit avec sincérité et fourmille d'anecdotes et de souvenirs forts sur cette période glorieuse où le Dakar se déroulait encore en Afrique (en considérant l'Arabie Saoudite comme un pays du Moyen-Orient).
MNC : Votre vidéo de moto préférée ?
E. d. S. : Les films intimistes de Philippe Piedelièvre sur Patrick Pons, "Et si l'on vivait", et sur Christian Sarron.
MNC : La première chose que vous ferez à la fin du confinement ?
E. d. S. : Aller embrasser mes parents et repartir au bureau à Amsterdam !
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