Que font les principaux acteurs du monde de la moto pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19 ? Clément Villet, directeur de la division deux-roues motorisés et du développement produit chez Yamaha Motor Europe, s'est confié au Journal moto du Net.
MNC : Où êtes-vous confiné ?
Clément Villet : Je suis chez moi dans la campagne hollandaise depuis un bon mois, à 20 km d’Amsterdam où se trouve le siège européen de Yamaha. Je suis en famille avec ma femme, ma fille de 9 ans et mon fils de 7 ans. Même si le confinement préconisé par le gouvernement hollandais est moins strict qu’en France, nous sommes tous les quatre très prudents et appliquons les mêmes précautions que celles préconisées en France.
MNC : Comment se déroulent vos journées ?
C. V. : Ma journée commence tous les matins vers 6h15 avec 7 km de course à pied autour de chez moi et 20 minutes de gym. Je dois dire que cela faisait un moment que je n’avais pas couru 200 km en un mois, je me sens en pleine forme ! Vers 8h30, je monte m’enfermer dans le petit bureau que je me suis installé au grenier où j’entame généralement ma journée professionnelle par un point téléphonique ou un Skype avec YMC au Japon (décalage horaire oblige !). Je passe ensuite une bonne partie de mon temps en contact avec nos équipes. La situation évoluant de façon tellement rapide et imprévisible en ce moment, les journées sont en fait longues et bien chargées.
MNC : Qu’est-ce qui vous manque le plus ? Le moins ?
C. V. : Je dois dire que le contact direct avec les équipes de Yamaha commence à me manquer, même si les moyens de communication actuels me permettent de rester en contact très étroit avec mon équipe ainsi qu’avec mes collègues au sein de nos différentes filiales. Visiter les différents pays européens pour aller à la rencontre de nos clients et de nos concessionnaires ainsi que la possibilité de rouler librement à moto commencent également à me manquer. Quand je pense que je devais me rendre la semaine prochaine au Yamaha Racing Experience à Misano où je n’ai jamais encore eu l’occasion de rouler et que je me faisais ensuite une joie de participer à la Sunday Ride Classic avec la TZ 250 Reverse dont j’ai fait l’acquisition cet hiver… C’est désormais partie remise ! Ce qui ne me manque pas, c'est le restaurant d’entreprise de Yamaha Motor Europe qui reste immanquablement en bas du classement des cantines de Yamaha que j’ai pu tester ! Même si je suis très heureux de vivre en Hollande, il faut reconnaître que la gastronomie n’est pas le point fort de ce pays...
MNC : De quoi avez-vous peur ?
C. V. : Je n’ai pas peur, même si je dois avouer que les trois semaines au cours desquelles mon père s’est battu contre ce satané virus m’ont semblé bien longues... Quant à la dimension économique, j’espère vraiment que la situation ne durera pas longtemps. J’ai bien entendu une pensée particulière pour tous les acteurs du monde de la moto, nos concessionnaires, nos partenaires, nos teams et pilotes... Je pense malgré tout que l’industrie de la moto saura rebondir car la pratique de notre passion ne sera pas remise en cause par la crise que nous traversons. Au contraire, je suis convaincu que nous allons être nombreux à redécouvrir les joies des voyages à moto plutôt que de prendre un avion pour une destination lointaine.
MNC : Un livre, un film, une série, un disque à recommander ?
C. V. : Je viens de finir le livre "L’entreprise altruiste" d’Isaac Getz. Parce qu’il y aura sûrement un avant et un après Covid-19, j’ai trouvé le parcours de ces entreprises ayant rencontré le succès grâce à leur démarches altruistes et bienveillantes particulièrement inspirant.
MNC : Votre vidéo de moto préférée ?
C. V. : J’ai revu "Le cheval de fer", le documentaire de Pierre-William Glenn datant de 1975, il y a quelques jours. Je voulais montrer à mon fils ce qu’était le monde des Grands Prix bien avant l’époque du MotoGP. Ce film retrace cette période incroyable où pilotes stars et privés se retrouvaient sur les mêmes grilles de départ, cette époque où les pilotes français étaient particulièrement nombreux et où les TZ ont construit leur réputation de machine à gagner.
MNC : La première chose que vous ferez à la fin du confinement ?
C. V. : Sans aucun doute bloquer quelques jours dans mon calendrier pour profiter à nouveau d’une certaine forme de liberté et aller enfin faire la Diagonale proposée par nos amis de Trail Rando au guidon d’une Ténéré 700 !
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