Le groupement CMC (Connected Motorcycle Consortium) lancé en 2016 par BMW, Honda et Yamaha - rejoint par KTM, Kawasaki, Triumph, Suzuki et Ducati - vient de finaliser ses premiers travaux : permettre aux motos de communiquer avec les voitures et infrastructures afin d'éviter des accidents.
En 2016, ils étaient trois : BMW, Honda et Yamaha s'inquiétaient que le futur système de transport intelligent et coopératif (C-ITS pour les experts) ne prenne pas suffisamment en compte les deux-roues motorisés. L'union faisant la force, ils décidèrent de créer un consortium des motocycles connectés (CMC).
Aujourd'hui, fin 2020, les trois membres fondateurs sont épaulés par cinq autres marques de motos et scooters : KTM (membre "premium"), Kawasaki, Triumph et Suzuki (membres qui participent au "développement") ainsi que Ducati (membre "associé").
"Un objectif important du CMC était de définir une première spécification de base pour les motocyclettes afin qu'elles puissent se connecter et "parler la même langue" que d'autres véhicules ou infrastructures par le biais de la communication sans fil", rappelle le consortium.
Cet objectif - nécessaire mais loin d'être suffisant - est désormais atteint. Il est concrétisé par "la publication officielle d'une série de documents traitant de divers sujets liés à l'intégration du C-ITS aux motocycles". Ces documents sont consultables et téléchargeables sur le site du CMC.
Analyse d'accidents, ébauche de multiples applications, développement d'outils, expérimentation de véhicules, recherche de standardisation, création d'interfaces, mise à jour de cartographies... Les travaux sont nombreux et sont surtout loin d'être terminés, mais ils ont déjà permis de souligner une problématique principale.
"L'analyse des accidents montre que plus de la moitié des collisions à motocyclette sont causées par un tiers", indique le CMC, précisant que ce tiers avait souvent du mal à évaluer la distance et la vitesse (parfois excessive, reconnaissons-le) de la moto, ou ne l'avait tout simplement pas vue !
"Ce défaut de perception peut être résumé par la déclaration souvent entendue après de tels accidents : "Désolé, mais je n'ai pas du tout vu la moto"", regrette le consortium. Mais comment rendre les motards et scootéristes plus visibles ?
Plutôt qu'affubler les motos et leurs conducteurs de gyrophares et de chasubles fluo, de pare-buffles et d'armures, d'habitacles complets et d'airbags géants, le CMC souhaite anticiper et parer les situations dangereuses en prévenant les conducteurs concernés (en un seul mot, hum).
Dans un premier temps, des messages puis avertissements pourraient être affichés sur les tableaux de bord de voitures et écrans de motos afin de détecter des "routes de collision" (comme en mer) aux abords de carrefours et intersections, ou prévenir du passage d'un véhicule de secours (dont la sirène serait défectueuse ?)..
Sur route rectiligne, les motards ou automobilistes pourraient être découragés de tenter un dépassement trop osé ou tardif (et face à un conducteur tenté de faire de même...). Sur route viroleuse, la présence d'un véhicule lent et./ou large pourrait être signifié, de même qu'un accident coupant soudainement la circulation....
Dans un second temps et en cas de besoin, des assistances à la conduite - déjà présentes sur les automobiles de dernières générations et quelques motos - pourraient être activées : ralentir ou piler pour éviter de - se faire - couper la route à un conducteur trop pressé ou distrait notamment.
"La technologie est difficile à intégrer sur les motocyclettes, prévient Jorge Viegas, président de la FIM (autre membre du CMC). Émetteurs et récepteurs, capteurs et calculateurs, afficheurs sont bien plus difficile à caser sur un roadster que dans un SUV...
Le patron de la fédération sportive se veut toutefois optimiste et enthousiaste :"nous enseignons aux motards l'importance du contrôle visuel avec les autres usagers de la route, mais le fait de permettre aux motos de "parler voiture" ajoute une couche supplémentaire de communication qui sauvera indéniablement des milliers de vies dans les décennies à venir". On n'est jamais trop prudent ?
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