La première partie de saison MotoGP s'achève sur un bilan préoccupant en termes de chutes et blessures, avec un total de 166 chutes en huit courses et quinze pilotes envoyés à l'hôpital. MNC compte les points… de suture.
Rarement les pilotes MotoGP auront autant attendu la trêve estivale : les cinq semaines de pause jusqu'au prochain Grand Prix - Grande-Bretagne début août - vont permettre de souffler après une première partie de saison éprouvante, blessures à la clé pour une grande majorité.
MNC s'est livré au décompte (voir tableau ci-dessous) : pas moins de 15 pilotes - sur 24 ! - ont été hospitalisés depuis le coup d'envoi au Portugal, marqué par l'effrayant high side de Pol Espargaro. Le transfuge Honda-Repsol - touché au dos et à la mâchoire - n'est toujours pas remonté sur sa KTM/GasGas : Tech3 croise les doigts pour un retour à la rentrée à Silverstone…
Ce premier Grand Prix sur le circuit de Portimao fût aussi le théâtre de l'accrochage entre Luca Marini et Enea Bastianini lors de la course Sprint. Direction l'hôpital pour "Bestia", victime d'une fracture de l'omoplate : le nouvel espoir Ducati est resté sur la touche pendant cinq courses - jusqu'au GP d'Italie - et reprend tout juste ses marques.
La course principale au Portugal voit aussi Marc Marquez s'enflammer sur un freinage : l'officiel Honda emporte dans sa précipitation Jorge Martin et Miguel Oliveira, local de l'étape. Bilan : des contusions pour Martin et un tendon méchamment abîmé pour Oliveira, forfait pour la course suivante en Argentine.
Marc Marquez, lui, se relève avec la main droite fracturée et une pénalité de deux "Long Lap" à réaliser à sa prochaine course. Sa blessure lui fera rater trois manches - y compris "son" GP des États-Unis -, tandis que sa sanction fera l'objet de surprenants rebondissements pour finalement être annulée.
Au total, Marc Marquez est déjà tombé à quatorze reprises (14 !), dont cinq fois sur le seul week-end du GP d'Allemagne. L'espagnol est le triste recordman de chutes, alors qu'il a pourtant raté cinq courses : le n°93 s'est récemment retiré du GP d'Allemagne (le dimanche matin), puis du GP des Pays-Bas à cause de blessures à la main et d'une côte fêlée.
La situation de son nouveau coéquipier Joan Mir n'est guère plus reluisante : l'ancien pilote Suzuki ne cesse de tâter le bitume avec la RCV (12 chutes), au point d'avoir préféré s'épargner lors des derniers rendez-vous. Sa blessure à la main n'est pas seule en cause : l'absence de solutions lui sape le moral, alors que la Honda a également "broyé" son ancien voisin de box, Alex Rins (fracture tibia-péroné)...
MNC comprend d'autant mieux les réserves de Mir que l'ancien champion du monde 2020 vient de partager la photo ci-dessus sans équivoque : le joli ventre arrondi de son épouse Alejandra annonce l'arrivée imminente d'un heureux évènement ! Difficile alors de continuer à prendre tous les risques sur une moto revêche…
Les blessures n'épargnent pas non plus le champion en titre et actuel - confortable - leader du championnat : Francesco Bagnaia s'est fracturé la cheville et déplacé le poignet lors de son accrochage avec Maverick Viñales au GP de France. Le numéro "Uno" n'a pas raté de courses, mais admet avoir dû serrer les dents.
Luca Marini s'est également abimé le poignet sur le circuit sarthois, tandis que Miguel Oliveira s'est de nouveau fait harponner 15 jours plus tôt : luxation de l'humérus pour le décidemment infortuné pilote Aprilia, fauché par Fabio Quartararo dès le deuxième virage du GP d'Espagne ci-dessus.
L'équipe Aprilia-RNF paie par ailleurs un lourd tribu cette saison puisque son deuxième pilote, Raul Fernandez, s'est fait opérer d'un syndrôme des loges après des premières courses terminées à bout de forces, les bras tétanisés. L'ancien pilote KTM a dû déclarer forfait au Mans (72).
Se faire opérer pour un syndrôme des loges (arm-pump) est toutefois une opération courante, qui consiste à inciser la gaine autour d'un muscle - la loge - pour rétablir l'afflux sanguin. Ce phénomène survient en raison des sur-sollicitations au freinage, qui font excessivement gonfler les muscles dans leur logement et provoquent des accumulations de sang.
Profitant de la trêve, Fabio Di Giannantonio vient également d'être opéré d'un arm-pump au bras droit, tandis que Jorge Martin crée un précédent : le pilote Ducati-Pramac sort lui aussi de l'hôpital en raison d'un syndrôme des loges à… la jambe gauche ! "Martinator" explique que cette gêne le pénalise depuis déjà deux ans.
Repaso en Quirófano para resolver un problema que me llevaba persiguiendo un tiempo en la moto. Todo ha salido bien! Ahora toca recuperarse para llegar al 100% a Silverstone pic.twitter.com/S48NjtF6yp
— Jorge Martín Almoguera (@88jorgemartin) July 3, 2023
Côté français, le couperet de la - grosse - blessure épargne Fabio Quartararo et Johann Zarco, respectivement victimes de cinq et six chutes. L'officiel Yamaha s'est certes blessé à l'orteil gauche juste avant le GP des Pays-Bas, mais pas à moto : Fabio est tombé pendant un entraînement de course à pied !
Cette blessure gênante s'est hélas aggravée pendant sa perte de l'avant à Assen, chute qui a par ailleurs entraîné celle de Johann qui le suivait comme son ombre à cet instant ! Bilan : des contusions douloureuses pour le pilote Pramac et une intervention sur le pied de l'ancien champion du monde 2021.
"J'ai poussé un peu fort pour rattraper mon erreur du départ : c'est ma faute, j'ai fait n'importe quoi", reconnaît El Diablo, contraint de pousser sa peu performante Yamaha… comme un beau diable, justement !
Toutes ces blessures soulèvent inévitablement la question : le nouveau format du MotoGP est-il dangereux, avec l'intensification du rythme créée par les courses sprint ? Rappelons que ces épreuves se disputent le samedi après-midi sur la moitié de la distance de la course principale du dimanche, avec 12 pts en jeu pour le vainqueur.
Plusieurs pilotes expriment des réserves sur cette nouvelle formule qui favorise des départs et des premiers tours explosifs : tous les pilotes peuvent souder sans - trop - se préoccuper de la gestion de leur pneus, malgré une quantité d'essence ramenée de 22 à 12 litres. Du spectacle au détriment de la stratégie, en somme.
Le promoteur des Grands Prix s'en frotte les mains : les spectateurs en "ont pour leur argent" le samedi, alors que cette journée autrefois dévolue aux essais peinait souvent à remplir les gradins. Idem pour une grande partie des téléspectateurs, davantage attirés par une course - même tronquée - que des séances d'essais.
Reste que la situation interpelle au regard du - trop - grand nombre de blessures : Dorna a beau tenter de convaincre que tout va bien dans le meilleur des mondes, ces crashs à répétition font réagir. A plus forte raison dans les équipes concernées : le préjudice est considérable en termes d'images et de revenus en cas de forfaits prolongés…
Or, la deuxième partie de saison s'annonce critique : fin septembre, ce sont quatre courses - Japon, Indonésie, Australie et Thaïlande - qui se suivent en cinq semaines ! Le décompte grimpe même à cinq épreuves- dix avec les Sprint - avec le nouveau Grand Prix d'Inde prévu le 24 septembre. MNC met cependant une réserve, en raison du peu de nouvelles des organisateurs indiens.
Conséquence des plaintes formulées par les acteurs du MotoGP : le format des séances d'essais évolue de nouveau l'an prochain, au niveau de la sélection des dix pilotes directement intégrés à la deuxième phase des qualifications (QP2). Désormais, seuls les chronos réalisés durant la deuxième séance d'essais serviront à sélectionner le "Top 10".
Objectifs ? Limiter la prise de risques actuellement nécessaires pour bien terminer la première séance d'essais le vendredi matin. Cette séance - qui sera renommée comme avant "essais libres 1" - ne sera plus prise en compte pour sélectionner les pilotes directement qualifiés en QP2 et ceux repoussés en QP1.
"Franchement, je n'aime pas faire le "time attack" le vendredi matin parce que c'est une séance où il faut commencer à aborder le week-end et établir une stratégie pour la course", approuve Pecco Bagnaia, pilote qui aime poser ses marques avant d'accélérer la cadence.
"Quand on doit attaquer le matin, on pense déjà trop au fait de figurer dans le top 10 (pour les qualifications 2, NDLR)", explique le champion en titre. L'officiel Ducati évoque une pression excessive lors des essais 1, moment que les pilotes devraient selon lui utiliser pour se mettre en jambes.
Cette modification du format des essais a été décidée le jeudi précédent le GP des Pays-Bas lors d'une réunion extraordinaire à la demande des pilotes. Sa mise en place aurait pu débuter dès la rentrée à Silverstone si toutes les parties prenantes avaient donné leur accord. Mais un seul constructeur s'y est opposé : Ducati.
Espérons que cette nouvelle mesure rétablisse une forme d'apaisement l'année prochaine pour éviter l'hécatombe de chutes et blessures de cette première partie de saison, la plus dévastatrice pour les pilotes de mémoire de MNC. Restez connectés !
Pilotes | Moto | Blessure(s) | Évenement | Forfaits |
Bagnaia Francesco | Ducati | Fracture astragale (cheville) + poignet endorli | GP de France (course principale) | Aucun |
Bastianini Enea | Ducati | Fracture omoplate droite | GP du Portugal (sprint) | 5 courses |
Di Giannantonio Fabio | Ducati | Syndrôme des loges bras droit | Après GP des Pays-Bas | Aucun |
Espargaro Pol | KTM | 8 fractures (vertèbres, mâchoire) | GP du Portugal (essais) | 8 courses |
Espargaro Aleix | Aprilia | Fractures talon gauche... au téléphone en vélo | GP d'Italie | Aucun |
Fernandez Raul | Aprilia | Syndrôme des loges bras droit | Opéré avant GP de France | 1 course |
Marini Luca | Ducati | Fracture trapézoïde poignet droite | GP de France (course principale) | Aucun |
Marquez Marc | Honda | Fracture intra-articulaire main droite | GP du Portugal (course principale) | 3 courses |
Marquez Marc | Honda | Inflammation chevillle, pouce gauche cassé, côte fêlée | GP d'Allemagne (essais et warm-up) | 2 courses |
Martin Jorge | Ducati | Syndrôme des loges jambe gauche | Après GP des Pays-Bas | Aucun |
Mir Joan | Honda | Fracture auriculaire main droite | GP d'Italie (essais) | 3 courses |
Oliveira Miguel | Aprilia | Tendon âbimé jambe droite | GP du Portugal (course principale) | 1 course |
Oliveira Miguel | Aprilia | Luxation épaule et fracture humérus | GP d'Espagne | 1 course |
Rins Alex | Honda | Double fracture tibia-péroné jambe droite | GP d'Italie (sprint) | 3 courses (à ce jour) |
Quartararo Fabio | Yamaha | Fracture orteil gauche en course à pied, agravée par chute à Assen | Avant GP des Pays-Bas | Aucun |
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence