SP95 E10 : le point sur le nouveau carburant distribué en France

Le premier constructeur mondial se déclare confiant et exclut d'éventuels soucis sur les motorisations Honda : "le SP95-E10 peut être utilisé pour tous les cyclomoteurs et scooters Honda à moteur deux-temps et quatre-temps, ainsi que pour les motocycles produits pour le marché européen à partir des modèles 1993", explique le service technique français de la marque ailée.

Honda France indique cependant à ses clients que l'utilisation du SP95- E10 avec des machines équipées de carburateurs peut "engendrer des problèmes de fonctionnement par temps froid". Prudents, les japonais insistent aussi sur le fait qu'il est impératif de posséder un véhicule dit "Flex-Fuel" pour utiliser un carburant contenant plus de 10% d'éthanol, comme par exemple l'E85 (80 à 85% d'éthanol), communément appelé Superéthanol.

Un mélange largement répandu en Amérique du Sud, où Honda vient de commercialiser la première moto "Flex-Fuel" au Brésil (lire Moto-Net.Com du 27 mars 2009), mais qui connaît un succès timide en France : seulement 7 000 véhicules "Flex-Fuel" circuleraient dans l'Hexagone malgré un bilan écologique plus probant qu'avec l'E10 et des incitations fiscales attrayantes !

Également présent sur le marché sud-américain, Triumph annonce que toutes ses motos fabriquées après 2005 peuvent accepter jusqu'à 25% d'éthanol dans l'essence, c'est-à-dire "depuis que nous importons des motos au Brésil", nous éclaire Eric Pécoraro, directeur marketing de Triumph France : "concernant l'E10, toutes les motos fabriquées après 1994 peuvent l'utiliser sans aucune incidence sur la fiabilité. Ceci dit, nous tenons à préciser à nos clients que le SP95-E10 augmente sensiblement la consommation, mais que ce phénomène est propre à son utilisation".

Même son de cloche rassurant chez BMW : "il n’existe pas de restriction de la part de BMW en ce qui concerne l’utilisation du carburant E10 et ce quel que soit le millésime de la moto", indique le service communication de la marque allemande.

Du côté de chez Suzuki en revanche, le directeur technique moto de la filiale française "déconseille" aux lecteurs de Moto-Net.Com l'utilisation du SP95-E10 sur tous les modèles antérieurs à 2008 et sur quelques petites cylindrées construites en Espagne, comme la DR 125 SM, les UH 125/200 et UX 125.

Des restrictions étonnantes de la part du blason d'Hamamatsu, qui a toujours joui d'une excellente réputation concernant la solidité et la fiabilité de ses moteurs. "Les japonais pèchent par excès de prudence", nous confie une source bien informée : "Il y avait déjà de l'éthanol dans l'essence auparavant (pour rappel, le SP 95 en contenait effectivement environ 5%, NDLR) et il n'y a aucune raison pour que l'augmentation de ce pourcentage affecte les mécaniques Suzuki. A priori, 85% du parc Suzuki accepterait le SP95-E10".

Sauf que ce n'est pas notre source qui remboursera vos frais de garage en cas de soucis mécaniques potentiellement imputables à une utilisation déconseillée de SP95-E10... Car si certains constructeurs n'hésitent pas à jouer la carte de la prudence, c'est évidemment pour ne pas s'exposer à des problèmes - éventuellement pris en charge sous garantie - tant que des tests longue durée n'auront pas écarté tout risque.

C'est notamment le cas de Yamaha, Kawasaki, KTM, Ducati et des marques du groupe Piaggio, qui préfèrent proscrire l'utilisation du SP95-E10 sur tous leurs deux-roues tant que leurs services techniques n'auront pas procédé à des essais plus poussés.