En hommage à Coluche près de 20 ans après sa mort à moto, les journalistes Jean-Sébastien Fernandes et Arnaud Briand ont recueilli une quarantaine de témoignages de personnalités ayant croisé sa route. Résultat : "Tu nous manques, enfoiré !"
"Avant de prétendre maîtriser sa moto, il faut l'avoir poussée à fond"... Cette maxime aussi politiquement incorrecte que rafraîchissante, à l'heure où l'obsession sécuritaire engourdit insidieusement les esprits, n'est pas de Rossi, pas d'Agostini, pas de Melandri et encore moins de Biaggi mais de... Colucci !
Car l'homme de scène, l'acteur, le réalisateur, l'animateur télé et radio, le chanteur et le candidat à la présidence de la République Michel Gérard Joseph Colucci, mieux connu sous le nom de Coluche, était aussi motard... Avant de finir bêtement sous un camion à l'âge de 41 ans, la tête en sang et "son casque en bandoulière", le 19 juin 1986 sur la route d'Opio, près de Grasse, il avait notamment battu le record du kilomètre lancé en 1985 au guidon de sa Yamaha 750 OW31 sur le circuit de Nardo, en Italie (252,087 km/h).
Dans l'ouvrage qui lui est consacré aux Editions Absolum, pas moins de 41 personnalités - de l'abbé Pierre à Johnny en passant par Mathilda May, Luis Rego, Serge July, Jack Lang, Jean Rochefort, Cavanna, Balasko, Goldman, Cabu, Thierry Lhermitte, notre confrère Bruno Gillet de Moto Journal, le regretté Renaud (lire Moto-Net du 18 février 2004) et bien d'autres - évoquent avec tendresse, émotion et humour ce personnage hautement improbable...
"Aujourd'hui, personne n'ose bousculer ceux qui nous gouvernent, excepté parfois les Guignols sur Canal Plus", constate Jean-Sébastien Fernandes, journaliste, présentateur du Soir 3 et co-auteur avec Arnaud Briand de "Tu nous manques enfoiré !" : "ce qui ressort de ces témoignages, recueillis auprès de proches ou de personnalités qui ont croisé son destin, c'est que Coluche n'a pas été remplacé"...
"Vingt ans après, la mort de Coluche n'est pas véritablement élucidée", estime de son côté Arnaud Briand : "elle laisse toujours la place aux doutes et aux fantasmes. On ne saura jamais si Coluche a été notre Kennedy, s'il a été assassiné parce qu'il dérangeait. A moins qu'il n'ait été qu'une simple victime de la route".... Interrogé par Moto-Net, Arnaud n'a pas souhaité s'étendre sur le sujet "qui dérange encore". "Concernant cet accident, on ne saura jamais", estime de son côté Bruno Gillet avec qui Coluche essayait parfois des nouveautés pour Moto Journal.
Quant à l'acteur Didier Lavergne, qui roulait juste derrière Coluche au moment du drame, il raconte : "On roulait doucement. Je ne sais pas pourquoi, Coluche m'a doublé et a pris cinq ou six mètres d'avance sur moi à l'amorce d'une ligne droite. En face arrivait un camion. Au dernier moment, quand Michel a été à sa hauteur, le conducteur a coupé la route pour tourner vers un petit pont. Comme une porte qui se referme... Le type est descendu et nous a dit : "Vous rouliez trop vite." Faux ! Le compteur de la moto affichait 65 km/h. Moi qui me trouvais juste derrière, j'ai freiné sans laisser la moindre trace de gomme, sans tomber. Michel, lui, n'a pas eu le temps. Il a guidonné et percuté le camion dans l'angle. Aujourd'hui encore, je ne sais pas quoi penser"...
Candidat à l'élection présidentielle de 1981 "parce que ça me fait marrer", Coluche était également à l'origine des Restos du Coeur, aujourd'hui récupérés jusqu'à l'écoeurement entre deux Téléthon, Sidaction, Journée (sic !) de la femme ou du refus de la misère...
Mais "Michel n'a jamais fait les Restos pour qu'ils servent, vingt ans après, d'instrument de promotion aux chanteurs", rappelle fort justement le photographe Jean-Marie Marion. "Pour Michel, les Restos devaient démontrer au gouvernement qu'avec un peu de motivation et de bonne volonté, on pouvait faire manger les gens à leur faim. Une loi devait même voir le jour pour que l'Etat prenne en charge les Restos du Coeur. Après sa mort, il n'est resté que les promesses. Mais bon, comme on dit, ça occupe les bénévoles"...
"Coluche, tu nous manques enfoiré !"
par Jean-Sébastien Fernandes et Arnaud Briand
En vente dans toutes les bonnes librairies
ABSOLUM Editions, 38 rue Dunois 75647 Paris Cedex 13
208 pages noir & blanc
Format : 150 x 238 mm
Prix : 22 euros TTC
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