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RÈGLEMENT... DE COMPTES
Paris, le 18 juin 2014

Règlement du World Superbike 2015 : ciao l'Evo !

Règlement du World Superbike 2015 : ciao l'Evo !

Un petit tour et puis s'en va : la catégorie Evo inaugurée cette saison par la Dorna disparaît du World Superbike 2015 ! Le nouveau règlement WSBK se veut plus simple et vise à réduire - encore ! - les coûts. Moto-Net.Com fait les comptes...

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Élaborée par la Dorna, promoteur du MotoGP qui a aussi mis le grappin sur le World Superbike fin 2012, la sous-catégorie Evo a permis de remplir la grille du World Superbike 2014, grâce à sa formule "moteur Stock + partie cycle Superbike" avantageuse d'un point de vue financier.

Sur le plan sportif en revanche, les petites équipes engagées dans cette catégorie ne font pas recette : certes, à l'issue de chaque course, la première moto Evo a l'honneur de pénétrer dans le parc fermé, mais le public et les médias n'ont d'yeux que pour les trois motos montées sur le "vrai" podium SBK !

Les meilleurs pilotes Evo doivent se contenter, comme meilleur résultat, de rares incursion dans le Top 10. Davide Salom et Niccolo Canepa, qui sont les mieux placés pour le "titre" Evo, n'apparaissent qu'aux 12ème et 13ème places du classement général, très loin derrière le leader Sykes.

En 2015, il sera donc fait table rase de ce World Superbike à deux vitesses : "le championnat reviendra à sa plateforme unique", a décidé la commission Superbike composée de Javier Alonso (directeur général WSBK), Ignacio Verneda (directeur général et sportif FIM) et Takanao Tsubouchi (représentant des constructeurs MSMA).

Règlement WSBK 2015 : entre Evo et WSBK 2014

Lors de leur dernière réunion le 12 juin sur le circuit de Barcelone en présence de Daniel Carrera (directeur du championnat WSBK) et Gregorio Lavilla (directeur sportif WSBK), les grands patrons de la discipline ont confirmé que le règlement du WSBK 2015 s'appuierait sur celui de l'actuel Evo... à quelques amendements près !

Si peu de changements sont à prévoir en ce qui concerne la partie cycle (cadre standard, suspensions et bras oscillant spécifiques), des modifications seront admises sur le moteur, au niveau de la culasse (arbres à cames, conduits d'admission et d'échappement) et des bielles (matériau similaire et poids identique).

Les soupapes, pistons et toutes autres pièces majeures devront en revanche demeurer d'origine, tout comme les carters moteur. La question de la boîte de vitesses est largement simplifiée : une seule sélection de rapports "course" sera conservée sur l'ensemble de la saison !

De même, les handicaps infligés aux motos trop performantes (!) ne le seront plus qu'au moyen de brides au niveau de l'admission d'air. Les lests qui devaient permettre de niveler les performances entre les bicylindres 1200 cc et les 4-cylindres 1000 cc passent à la trappe.

L'électronique, troisième élément capital sur une moto de course de nos jours, évolue également : un kit Superbike sera mis en place pour permettre à chaque équipe officielle de continuer à développer ses propres programmes, mais ceux-ci devront être fournis aux teams privés à trois reprises au cours de la saison.

Le prix de ce kit (8000 euros) inclura l'ensemble du matériel nécessaire au bon fonctionnement du système. Afin d'encourager les "wildcards" - participations d'équipes locales à certaines épreuves -, le kit électronique des Superstock pourra être utilisé.

Enfin, les motos dépourvues de ride by wire dans leur version de route pourront toujours en être équipées en 2015 et 2016, à condition que le système monté soit mis à la disposition des équipes engagés en WSBK ou dans d'autres championnats FIM.

Ce kit devra être fourni soit par le constructeur directement, soit par un fournisseur unique - "par sécurité", invoque la commission qui a fixé son prix à 2500 euros. À compter de 2017 en revanche, le système d'origine devra obligatoirement être conservé.

L'avis du pilote Sylvain Barrier

"Finalement, c'est un règlement qui se situe entre ceux du Superbike et de l'Evo actuels", résume Sylvain Barrier interrogé par Moto-Net.Com au sujet de son grand retour à la compétition, qui nous a livré sa position sur cette cruciale question du règlement.

"Il y a de bons et de mauvais côtés... Certains teams, comme celui d'Adrien (Morillas, qui fait courir Jérémy Guarnoni cette année en SBK Evo, NDLR), risquent de ne pas pouvoir suivre l'année prochaine car le budget va dépasser le million d'euros", estime à la louche le double champion de Superstock 1000.

Ce ticket d'entrée élevé aboutira sans doute à une - forte ? - diminution du nombre d'inscrits en 2015... Sur les neuf équipes alignées en Evo cette année (voir la liste des engagés en WSBK 2014), combien pourront poursuivre leur aventure l'an prochain ?

"D'un autre côté, toutes les marques devraient rester compétitives", poursuit notre cher "Syl'20", y compris celles dont les machines commencent à dater... Honda Fireblade, Suzuki GSX-R et Yamaha R1 pour ne pas les citer !

"BMW va sortir une nouvelle moto l'année prochaine (Youpi, NDLR !), Yamaha également (re-youpi, NDLR !)", affirme le double champion de Superstock 1000 : "ces nouveaux modèles seront plus puissants et disposeront d'une électronique dernier cri".

"En permettant aux teams de préparer leurs moteurs, on réduit déjà un peu les écarts", note encore Sylvain Barrier. "Reste la question de l'électronique", sur laquelle la commission buche ardemment car elle devient centrale !

Également contacté par Moto-Net.Com, le coordinateur sportif Superbike chez Kawasaki, Fabien Raulo, rappelle que "le nouveau règlement a fait l'objet de discussions entre les constructeurs et tous y trouvent plus ou moins leur compte : l'électronique ouvert et à 8000 euros, c'est pour Kawa et Aprilia, le ride by wire pour Honda et Kawa, les bielles pour Ducati"...

L'avis du "Ninja" Fabien Raulo

"Le coût pour les usines diminue effectivement", poursuit Fabien Raulo, mais la facture grimpe pour les teams privés : "cette saison, l'électronique coûtait 1500 euros + 5000 euros pour la data (acquisition de données, NDLR). L'an prochain, ce sera 8000 euros l'électronique et 2500 euros le ride by wire (RBW)"...

Or il pourrait y avoir des rallonges : "en complément de la gestion moteur, Marelli peut très bien exiger 3000 ou 4000 euros pour la data, et Kawasaki demander 500 euros pour l'installation du RBW... ajoutez 4000 euros de faisceau, multipliez le tout par deux pour prévenir les casses et ça fait pas loin de 40 000 euros par moto", calcule rapidement le Ninja...

"Et au-delà du système électronique en lui même, il faut quelqu'un pour le gérer", observe Raulo San. Chez Kawasaki, quelques "maps" de base seront livrées, établissant un périmètre dans lequel pourront jouer les équipes. Mais attention, dépasser ce terrain de jeu pourrait s'avérer contreproductif...

"Ce sont des systèmes très, très avancés", souligne Fabien Raulo,"et si le responsable télémétrie oublie de remettre un capteur, de faire le zéro des suspensions, etc., le pilote risque de se retrouver avec une moto complètement à l'envers !"

"Les teams qui savaient gérer les Data 2D avec un "Télémétrie" stagiaire seront beaucoup plus embêtés s'ils doivent gérer un programme complet de gestion moteur", poursuit-il... Même le HRC, sur sa CBR1000RR, semble parfois en perdre son japonais ! Là encore, la formation des équipes risque générer de nouvelles dépenses...

La mécanique, au contraire, ne fait pas exploser les coûts. "J'aurais d'ailleurs aimé que le travail sur la culasse soit autorisé dès cette année : un préparateur en fait une belle pour 1000 euros et on n'a pas nécessairement besoin d'en changer quand on refait le moteur. Trois culasses suffisent pour équiper les six moteurs alloués par saison".

700 000 euros la saison

"Au final, pour faire une bonne saison, le budget à débloquer sera d'environ 700 000 euros, selon l'expérience (donc les prétentions salariales) des membres du team, et hors salaires pilotes", confie notre interlocuteur à Moto-Net.Com. "On arrive donc à peu près au prix d'une saison de Supersport au top niveau".

"Chez nous (Kawasaki, NDLR), Pedercini sera toujours là, mais MRS (Morillas Racing School) n'est pas certain de pouvoir rester en Superbike car il était déjà limite cette année, tout comme Grillini qui vit d'une année sur l'autre en fonction des sponsors"...

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