Les premiers essais 2014 du World Superbike ont eu lieu sur les circuits d'Almeria (Espagne) et Portimao (Portugal). Hormis Sylvain Guintoli, les principales têtes d'affiche étaient là... mais le rookie Alex Lowes leur a finalement fait les freins !
La hache de guerre est de nouveau déterrée en World Superbike ! Après une trêve hivernale d'un mois et demi, les pilotes du WSBK 2014 sont remontés sur leurs missiles à deux roues, affutées en janvier par leurs teams respectifs dans les ateliers - et usines pour certains...
Jeudi matin à Almeria, les quatre membres des teams Kawasaki et Suzuki Voltcom ouvraient les hostilités. Sans surprise, le champion du monde Tom Sykes signe le meilleur temps des deux jours de roulage, bouclant le circuit espagnol en 1'34 tout rond sur gommes de course. Et encore, le pilote anglais "se traînait" un vilain rhume...
Sykes n'a effectué que 33 tours le premier jour mais 83 le second. Et malgré sa petite forme, le nouveau "number one" de la discipline a tout de même réussi à achever son programme d'essai et à tenir une nouvelle fois son rang (lire MNC du 29 novembre 2013 : Daddy Sykes is back).
"Nous avons tout évalué et tout était positif", résumait "Major Tom" vendredi soir, convaincu d'avoir fait un - nouveau ! - pas en avant. "Nous comprenons un peu mieux les choses et attendons désormais avec impatience les prochains essais à Jerez" les 5 et 6 février.
Son coéquipier Loris Baz n'a pas à rougir de sa prestation sur ces "premiers" premiers tests de l'année : le deuxième Ninja Vert Noir (!) a gagné trois secondes au tour par rapport à ses chronos d'il y a un an : 1'34,5 sur pneus course et 1'34,0 en chaussant un pneu qualif' (arrière).
Le "Lieutenant Bazooka" se hisse donc à une demi-seconde seulement de son coéquipier. Certes, cela représente un écart d'environ 10 secondes sur la ligne d'arrivée en fin de course, mais il s'agit pour rappel de Tom "le champion du monde" Sykes !
Les Ninjas sont devant à Almeria
De plus, notre Loris national n'apprécie pas particulièrement le circuit andalou, trop étriqué à son goût. Mais le jeune pilote - il soufflera ses 21 bougies le 1er février - doit reconnaître que venir s'entrainer sur ce tracé lent avait du bon...
"Les bons réglages que nous avions trouvés lors de notre dernière sortie aux essais de Jerez ont également fonctionné pour nous sur cette piste d'Almeria au style différent", analyse très professionnellement le n°76 dans le rapport Kawasaki.
Le style est plus débridé sur la page Facebook officielle de Loris Baz : "très content de cette deuxième journée !"", postait le Guépard savoyard à peine descendu de sa moto. "Encore de meilleurs chronos et un excellent feeling ! Je ne pensais pas que ce premier test se passerait aussi bien ! Vivement le prochain test et surtout la première course !"
Aux côtés des rapides ZX-10R officielles roulaient les - habituellement plus lentes - GSX-R1000 de l'équipe britannique Suzuki Voltcom. Seul chrono à être mentionné par Mister Denning himself : "un meilleur temps de 1'34,7 sur gommes dures, soit plus de deux secondes plus vite que début 2013", calcule le team manager.
Or ce respectable chrono est l'oeuvre du rookie Alex Lowes, et non du vice-champion du monde "en titre" Eugene Laverty ! "Alex continue d'impressionner à tous les niveaux", soulignait son boss vendredi : "une vitesse constante, très peu d'erreurs et un retour technique limpide".
"Il a la volonté de s'adapter et n'attend pas la moto parfaite", poursuit Paul Denning : "il va vite quelle que soit sa monture"... et quel que soit le circuit, puisque le n°22 dominera l'ensemble de ses camarades quelques jours plus tard à Portimao !
À l'issue des deux journées passées à Almeria aux côtés du Kawasaki Racing Team, l'équipe Suzuki Voltcom s'est en effet rendue dans l'extrême sud du Portugal, à l'Autodromo Internacional do Algarve, où tournaient notamment Aprilia, Honda et MV Agusta.
Lowes confirme et domine à Portimao
Là, le champion du British Superbike 2013 - il est nouveau en WSBK, mais loin d'être un débutant en SBK ! - s'est encore illustré, son nom figurant en haut des feuilles de temps - non officiels - lundi soir, dernier jour de cette première salve d'essais 2014.
"Le test s'est vraiment bien passé, j'apprends encore beaucoup de choses sur la moto", déclarait Alex Lowes. "C'était bien d'avoir la possibilité d'apprendre le tracé (nouveau pour le jumeau de Sam, NDLR) et d'être quand même rapide !"
Peut-être pas encore au fait de son exploit - meilleur temps -, le nouveau pilote Suzuki s'estimait heureux d'avoir pu faire une longue série de tours : "les temps étaient bons, mais le plus important c'est que ça m'a donné beaucoup de confiance".
Un Laverty heu-reux
Homme le plus rapide dimanche - un bon présage ? -, Eugene Laverty suit son coéquipier à un petit dixième (voir la liste des temps officieux ci-dessous). À Almeria, "son rythme était légèrement inférieur à celui d'Alex, mais il est clair qu'il bosse méthodiquement pour trouver le bon ressenti avant de chercher les limites", prévient Denning.
La toute nouvelle programmation électronique des GSX-R motorisées par Yoshimura a visiblement progressé à pas de géant lors des tests : de l'aveu même du team manager, "Youdjine" était "bien plus heureux" vendredi que jeudi !
Lundi soir à Portimao, Laverty déclarait : "je pense que le fait qu'Alex et moi soyons là (en tête, NDLR) a dû surprendre quelques personnes, mais il est aussi bon de récompenser l'équipe car elle a travaillé d'arrache-pied ces deux derniers mois, surtout depuis Jerez". Fairplay, l'Irlandais !
"Je me sens bien sur la GSX-R", assure l'ancien pilote Aprilia, co-auteur (ou presque, lire MNC du 8 juin 2013 : Sykes en Superpole, d'un rien !) de la Superpole portugaise l'an dernier, "et j'ai hâte d'aller à Phillip Island"... pour y viser la victoire ou une nouvelle coupe ?
La moisson a d'ores et déjà débuté pour Eugene puisque ses compatriotes viennent de lui décerner le "Trophée Joey Dunlop" récompensant le meilleur pilote moto irlandais de l'année (2013), devant le phénoménal Michael Dunlop, grand vainqueur du précédent Tourist Trophy !
Crédité du troisième meilleur temps à Portimao, Jonathan Rea a pris beaucoup de plaisir... et d'angle, si l'on en croit certains clichés postés sur Twitter ! JR aurait aussi "fait beaucoup de progrès" sur son inséparable CBR1000RR.
"Maintenant, direction Jerez avant que tout ne démarre véritablement à Phillip Island", gazouillait lundi le n°65, quatre dixièmes plus rapide que son coéquipier Leon Haslam... mais pas plus véloce que Davide Giugliano sur la sulfureuse 1199 Panigale !
Chronométré lui aussi en 1'43,9 sur le tracé portugais, le fougueux italien - pléonasme ?! - regrettait l'intervention des drapeaux rouges lundi en fin d'après-midi suite à la chute d'Alex Lowes, heureusement sans conséquence pour ce dernier.
Ducati met les bouchées quadruple
"Cela nous a empêché de faire une dernière sortie sur gommes neuves, ce qui nous aurait permis de finir le test de manière plus positive encore et de mieux saisir le potentiel de la moto", regrette la recrue du team officiel Ducati.
Sur le pied de guerre dès vendredi et pour quatre jours, l'équipe de Bologne a malheureusement dû "essuyer" deux journées et demi de pluie. "C'était tout de même utile pour gagner confiance sur le mouillé au guidon de la 1199", relativisait le n°34.
De l'autre côté du box, le nouveau n°7 (Davies et non plus Checa, et notons à l'occasion que Laverty pourrait également piquer "son" n°50 à Guintoli !) affirme qu'en "dépit d'un démarrage laborieux, nous avons pu abattre beaucoup de boulot".
À l'instar de la majorité du plateau, Chaz et Davies ont notamment profité de ces premiers tests 2014 pour découvrir et régler les nouvelles suspensions Öhlins 2014 : "la fourche RSP25 et l'amortisseur RSP40", précise Ducati.
"Il était important de tester les différentes pièces en développement et de comprendre leur fonctionnement, plutôt que d'essayer de trouver un réglage global et signer des temps rapides", insiste Chaz Davies, un peu moins véloce que son nouveau partenaire.
Classé entre les deux Panigale officielles, Marco Melandri réalise une performance relativement décevante étant donné sa "classe internationale" et sa nouvelle monture : la RSV4, trois fois championne du monde de la discipline ses quatre dernières années !
Melandri sans Guintoli
"Les deux premières journées ont été un peu gâchées par les conditions météo difficiles", regrette le célébrissime n°33. Le troisième et dernier jour, en revanche, lui aurait permis de beaucoup progresser sur l'électronique de sa moto d'usine.
Rarement pleinement satisfait, "El Macio" se plaignait lundi soir d'avoir enduré quelques problèmes au niveau de sa partie cycle : "l'état de la piste s'est amélioré petit à petit et les réglages ont eu du mal à suivre". Comme Giugliano, Melandri aurait aimé profiter de la piste, fermée la dernière demi-heure...
"En fin de session, nous avons commencé à trouver la direction à suivre concernant mon style de pilotage", indiquait Marco. Mais l'huile répandue par le GSX-R n°22 est venue stopper net la progression du Hérisson de Ravenne, accompagné durant ces tests par Alex Hoffman.
Le pilote d'essai allemand remplaçait en effet Sylvain Guintoli, concentré à 100% sur la récupération de son épaule opérée le 4 novembre. La veille des essais (jeudi pour Aprilia), le Frenchie postait sur Twitter : "au vu des prévisions météo pour Portimao, je regrette encore moins de ne pas y aller".
D'après les officiels d'Aprilia, "le retour du pilote français, qui suit des séances de physiothérapie, est prévu pour la première course à Phillip Island". Plus qu'un mois donc avant que les fans de Guinters ne retrouvent leur chouchou !
Le clan français était toutefois dignement représenté à Portimao : outre Loris Baz, Sylvain Barrier, Jérémy Guarnoni et Fabien Foret roulaient tous sur leurs machines de Superbike adaptées à l'inédite réglementation "Evo" (pour simplifier : moteur de Superstock et partie cycle de Superbike).
Chronométré en 1'44,0 au guidon de sa BMW S1000RR, Sylvain Barrier se hisse à 1,5 seconde du leader. Notre double champion de Superstock 1000 devance ainsi d'une demi-seconde Claudio Corti et sa F1000RR officielle : mamma mia !
Les lecteurs de Moto-Net.Com - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de chance que les autres - peuvent noter sur un coin de leur tablette tactile que Syl'20 (ou Sylv'1 !) portera cette saison le n°52 : celui de son mentor James Toseland, double champion du monde de la discipline, rien que ça !
Les petits Français de la classe Evo
Un peu moins rapide sur sa Kawasaki, Jérémy Guarnoni est reparti satisfait de ses essais, les premiers dans la cour des très grands : "deux jours de tests bouclés, plutôt content des progrès effectués surtout sur la partie châssis", malgré le "manque de tours dû au mauvais temps et à un problème technique".
Mais ces complications n'ont en rien entamé l'enthousiasme de "Jey" : "j'ai eu la chance aujourd'hui de rouler dans la roue d'une légende de la course Moto, Marco Melandri. C'était vraiment une sensation spéciale, je me rappelle encore le regarder devenir champion du monde en 250 cc alors que je commençais à peine la compétition !"
Enfin, Jules Cluzel était également de sortie à Portimao (meilleur tour en 1'47,0) afin de poursuivre la découverte de sa nouvelle monture : la F3 officiellement engagée par MV Agusta et l'équipe - championne l'an dernier avec Sam Lowes et Yamaha - Yakhnich Motorsport !
De retour en catégorie Supersport cette année, le "Coq Supersportif" compte sur la belle italienne pour remporter un titre qu'il avait loupé de peu en 2012, sa première - et seule à ce jour - saison en Mondial Supersport...
"Je n'ai pas fait beaucoup de tours et je n'ai pas pu attaquer aussi fort que je l'aurais souhaité, car nous devons avant tout ajuster beaucoup de paramètres de l'électronique", déclarait le n°16 de Montluçon, "mais j'ai à nouveau pu réaliser que le potentiel de la F3 est très élevé". Ne reste plus qu'à l'exploiter !
Chronos des essais WSBK à Almeria
Chronos des essais WSBK à Portimao
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