Selon un étude publiée hier par AXA France, les motards ont 3 fois moins d'accidents que les automobilistes. Et dans un accident impliquant une voiture et une moto, le motard n'est responsable que dans 30% des cas. Mais les conséquences sont plus graves.
C'est une évidence reconnue par tous : la moto est plus dangereuse que la voiture. Très exactement 6 fois plus en données brutes, et même 21 fois plus lorsqu'on ramène les statistiques au nombre de kilomètres parcourus. Avec 1 million de motards et 30 millions d'automobilistes, la France comptait en effet 923 tués à moto et 4 602 en voiture en 2002, selon les chiffres de la Direction de la sécurité et de la circulation routière (DSCR).
Alors qu'ils ne sont qu'une infime proportion du trafic (0,8%), les motards représentent près de 13% des victimes. Un triste constat qui, pris comme ça, permet au gouvernement de justifier une politique particulièrement répressive à l'égard de la vitesse, y compris pour les motards, ces "mauvais élèves" de la sécurité routière qui doivent "d'abord respecter les règles existantes avant de demander leur modification", selon le leitmotiv de Rémy Heitz, le délégué interministériel (lire notamment Moto-Net du 1er mars 2004 et notre interview du 17 juillet 2003)...
Mais il est une autre évidence qui, si elle est généralement partagée par l'ensemble des motards, l'est nettement moins - voire pas du tout - par les autres usagers et les pouvoirs publics : les motards sont nettement plus prudents que les autres ! Ramené à la proportion du parc, le risque d'avoir un accident à moto est en effet de 3,3%, contre 9,5% en moyenne pour un automobiliste, selon les chiffres fournis par Club 14 (filiale moto d'AXA France, qui assure 260 000 motards dont 30 000 motardes). L'étude du risque moto chez Club 14 montre également que 7 fois sur 10, dans un accident impliquant une voiture et une moto, c'est l'automobiliste qui est responsable. "Nous avons enregistré 9 000 accidents de motos en 2003", nous précise Philip Modolo, le responsable technique de la branche auto-moto d'AXA : "et dans un accident entre une automobile et une moto, la responsabilité du motard n'est engagée que dans 30% des cas".
Défaut de clignotants, pas de coup d'oeil dans le rétro, usage du portable au volant, lecture du journal dans les embouteillages ou maquillage, la liste de ces mises en danger quotidiennes est longue. "Oui mais je respectais les limitations", aura alors beau jeu de préciser l'automobiliste convaincu par la croisade monomaniaque entreprise depuis des années par les gouvernements successifs - qu'ils soient de gauche ou de droite - contre la vitesse.
"Les motards sont une population vulnérable mais responsable", résume Éric Lemaire, président d'AXA Prévention. Vulnérable "donc" responsable, serait-on tenté de préciser... Un simple constat de bon sens qui devrait inciter n'importe quel gouvernement un tant soit peu "responsable", justement, à mettre immédiatement en place une véritable formation à la conduite, plutôt que d'installer un millier de machines hors de prix (80 000 euros pièce) pour sanctionner le moindre dépassement d'un kilomètre heure (lire notamment Moto-Net du 4 mars 2004)... Nettement moins rentable à court terme, certes, mais est-ce vraiment le rôle de l'Etat de raisonner en comptable de PME poitevine ?
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