Pirelli lance en 2013 un nouveau pneu Sport Touring : l'Angel GT, qui se veut plus endurant, plus efficace sur le mouillé mais tout aussi sportif que son prédécesseur, Angel ST. Les Italiens nous l'ont fait tester sur circuit... et sur un porte-avions !
Les Italiens ont le sens de la mise en scène : pour permettre aux journalistes européens, japonais et américains de tester le comportement du fleuron de sa gamme Angel, le nouveau pneu moto Angel GT, Pirelli a décidé d'investir le tout nouveau vaisseau amiral de la Marina Militare !
C'est donc dans une salle de réunion du porte-aéronefs "Cavour" que les responsables de la marque transalpine nous présentent cette nouvelle recrue : l'Angel GT. La lueur rouge qui teinte la pièce se veut solennelle, mais dans les rangs des essayeurs, l'ambiance demeure bon enfant : "T'es cap' de faire de la moto sur un bateau ?"
Avant de nous soumettre à un test de freinage d'urgence sur le pont supérieur, Francesco Pietrangeli, directeur marketing moto chez Pirelli, tient à nous exposer les principales caractéristiques de son nouveau pneu.
Sa présentation débute par un simple constat : si le segment des motos "Sport Touring" ne représente que 12% des ventes en Europe, ce même segment en termes de pneumatiques est trois fois plus important. Le nouvel Angel GT s'attaque donc au gros du marché.
Pirelli observe en effet depuis plusieurs années une hausse des ventes de ce type de pneus, qui n'intéressent plus seulement les possesseurs de motos routières, mais aussi les motards qui roulent en roadsters ou pilotent des sportives.
Parmi cette vaste clientèle, Signore Pietrangeli a repéré trois styles d'utilisateurs : "certains sont urbains et utilisent leur moto à longueur d'année pour le travail ou pour les sorties quelles ques soient les conditions, d'autres parcourent de très longues distances avec passager et bagages, et d'autres enfin affectionnent les promenades en week-end et les virées sur petites routes".
Un point commun réunit toutefois ces différents motards : comme tout bon consommateur, ils attendent de leur achat une durée de vie maximale ! En outre, ils souhaitent que la qualité du produit soit constante dans le temps.
La relève 2013 du Pirelli Angel ST
À leur grand dam, les responsables Pirelli observent que les préjugés, eux, ont la vie particulièrement dure. "Les motards savent que les Pirelli sont d'excellents pneus sportifs, mais ils en concluent qu'ils ne durent pas longtemps", constate Francesco Pietrangeli.
En France d'ailleurs, l'Angel ST n'a pas réussi à surpasser ce handicap : "il a réussi à développer notre part de marché sur ce segment, mais son nombre de ventes n'a pas été aussi élevé que prévu", reconnait Maryline Lesoeur de Pirelli France. Les records du monde instaurés lors de son lancement en 2009 n'ont visiblement pas suffi à convaincre...
"Améliorer la longévité déjà très bonne du ST n'était pas une mince affaire", expose à son tour Piero Misani, directeur du département recherche et développement chez Pirelli. "Accroître la hauteur de gomme aurait augmenté celle des rainures et perturbé la stabilité, aplatir le pneu aurait grevé sa maniabilité et durcir la gomme aurait amoindri ses performances", résume-t-il : "c'est pourquoi nous avons créé un tout nouveau pneu !".
Le dessin de la bande de roulement, bien qu'il conserve un air de famille indiscutable, a été revu sur l'Angel GT afin d'optimiser conjointement le drainage de l'eau, le grip et l'usure.
"D'un point de vue purement esthétique, le dessin est plus simple", explique Piero Misani. Contrairement à celui de l’Angel ST, il ne change pas au cours de son utilisation, "ce qui prouve que ses prestations demeurent pratiquement inaltérées pendant tout le cycle de vie du pneu", affirme Pirelli !
Plus important, le pneu arrière du nouvel Angel GT fait appel à deux types de gomme différents. "Effectivement, le ST était un monogomme", confirme à Moto-Net.Com Luca Bruschelli, membre du R&D chez Pirelli...
Selon notre interlocuteur, ce sont les objectifs toujours plus élevés, et toujours antagonistes (plus de longévité et plus de grip, notamment sur le mouillé) qui ont contraint la maison italienne à employer la technologie bigomme, utilisée depuis plusieurs générations dans la famille sportive Diablo.
Ainsi, la bande centrale du pneu arrière (environ 45 mm de large) adopte une formule à base de silice à 70% qui apporte une meilleure résistance à l'abrasion par rapport au mélange sélectionné pour les flancs - et proche de celui du pneu avant, toujours monogomme - composé à 100% de silice.
Faire durer le plaisir
Parallèlement, le profil du pneu a été modifié : moins arrondi en son centre, il possède une empreinte au sol 6% plus courte et 15% plus large que celle du ST. La zone de contact avec la route diminue les phénomènes de surchauffe et de glissement, et entraîne au final une baisse de l'usure du pneumatique !
D'après les savants calculs des ingénieurs Pirelli, le gain en kilométrage est "d'environ 30%" par rapport à l'ancien Angel. "Cela bien sûr, vous ne pourrez pas le vérifier sur le bateau, pas plus que sur le circuit", intervient Francesco Pietrangeli, "et c'est pourquoi nous avons commandité une étude auprès du Motorrad Testcenter".
"Ces essais, accomplis en Espagne du 27 novembre au 14 décembre 2012, ont été réalisés sur un train de pneus dans les dimensions 120/70 ZR17 et 180/55 ZR17, monté sur six motos Suzuki Bandit 1250 ABS", décrivent scientifiquement les Italiens.
"Les essais ont été effectués par temps sec, avec des températures plutôt basses mais constantes dans le temps. En raison du parcours qui prévoyait des différences d'altitude (de 10 à 1100 mètres au-dessus du niveau de la mer), la température de l'air allait de 5 à 18 degrés Celsius, tandis que celle de l'asphalte variait de 18 à 23°C".
"À la fin des essais (roulements de tambour, NDLR !), le pneu Angel GT a montré qu'il assurait un kilométrage plus élevé que ses concurrents sur le segment Sport Touring", à savoir le Michelin Pilot Road 3, le Dunlop Sportmax Roadsmart II, le Bridgestone Battlax BT 023, le Continental RoadAttack2 et le Metzeler Roadtec Z8 Interact M/O.
Enfin, pour ceux qui douteraient encore des aptitudes au long cours de ce nouveau pneu, son concepteur a jugé bon de remplacer le suffixe ST (Sport Touring) par un GT évoquant le "Gran Turismo" et les glorieuses courses du siècle dernier.
"En 1937, nos aïeux ralliaient Milan à Taranto (1400 km) en une nuit !", rappelle le directeur marketing Pirelli. "On ne pourrait plus organiser ça de nos jours", regretterait-il presque... Mais heureusement, son équipe nous a concocté un test original !
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