Dans un rapport très bien documenté sur la sécurité des utilisateurs de deux-roues motorisés, le préfet Régis Guyot recommande l'obligation de porter des gants qui serait la première étape vers le port obligatoire d'un équipement adapté. Explications.
En même temps que ses recommandations sur la circulation inter-files (lire MNC du 2013 : le CNSR devrait autoriser la circulation inter-files... dans certains cas), le préfet Régis Guyot, mandaté par l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant pour améliorer la sécurité des deux-roues motorisés, a publié un rapport (PDF 15 Mo) sur "les équipements de protection individuelle (EPI) des utilisateurs de deux-roues motorisés" (lire notre Dossier spécial EPI : le point sur les normes des équipements moto et scooter).
Le coût des blessés pour la collectivité |
|
|
Extrêmement bien documenté et particulièrement instructif, ce document de 120 pages réalisé en collaboration avec les principaux acteurs du deux-roues motorisé (associations, assureurs, moto-taxis, médecins, etc.) évoque plusieurs pistes pour réduire l'accidentalité des motards, scootéristes et cyclomotoristes, dont le coût pour la société est évalué à 1,7 milliards d'euros par an rien que pour les blessés.
"Le contrôle du respect de cette obligation est très aisé"
Parmi ces propositions figure, comme en Belgique, la volonté de "rendre rapidement obligatoire le port de gants moto"...
Le rapport constate en effet "qu'au-delà de la qualité de leur conduite et des dispositifs modernes de freinage, seuls des équipements de protection individuelle portés sur eux sont susceptibles, sinon de leur sauver souvent la vie, du moins d'atténuer les conséquences corporelles, y compris à long termes, de leurs accidents".
Les motards mieux protégés que les scootéristes |
|
|
"Dans ces conditions", poursuit le préfet, "on pourrait s'attendre à ce que les conducteurs et passagers de deux-roues motorisés soient systématiquement et bien équipés. Or la réalité est bien différente. Hormis les motards, dont le rapport à leur véhicule et sa connaissance, l'usage qu'ils en font, les vitesses qu'ils peuvent atteindre, les ont conduits très majoritairement à s'équiper de mieux en mieux, les autres usagers, en particulier scootéristes et motards urbains, paraissent - à part le casque, obligatoire - peu équipés".
Ainsi, "au-delà d'évolutions comportementales toujours lentes à intervenir, le port d'équipements de protection individuelle adaptés constitue un vrai gisement de sécurité routière pour les utilisateurs de deux-roues motorisés, les scootéristes et cyclomotoristes tout particulièrement, dont le niveau d'équipement est très faible".
Outre l'aspect obligatoire (le casque), le rapport Guyot liste cinq critères qui semblent entrer en ligne de compte pour le port d'un équipement : "l'utilité ressentie, la fonctionnalité, l'esthétique, la visibilité et le coût".
Or les gants réunissent justement tous ces critères : "faciles à utiliser et à ranger, ressentis comme utiles par une large majorité d'utilisateurs de deux-roues motorisés, de plus en plus esthétiques et d'un coût modeste, ces équipements ont atteint un niveau de port très majoritaire. Il n'y a donc aucune raison d'attendre pour en généraliser le port", estime le rapport, d'autant plus que "le contrôle du respect de cette obligation est très aisé".
Blouson, protection dorsale, gilet airbag et chaussures montantes bientôt obligatoires ?
Il s'agirait de la "première étape" d'une progression dans le port d'équipements de protection, dont les étapes suivantes pourraient successivement concerner :
"On pourrait poser le principe de progression suivant", suggère le rapport : "lorsque le port d'un équipement aura atteint un niveau très majoritaire (65 à 70% par exemple), à la suite de campagnes conduites en partenariat étroit avec les acteurs, on passerait à la généralisation obligatoire".
Campagne nationale et semi-remorque d'information
Parmi les autres mesures recommandées par le rapport Guyot sur les EPI, notons la mise en place d'une "campagne nationale de communication sur l'ensemble des équipements de protection individuelle, en partenariat avec les associations d'usagers et de consommateurs, les fabricants, les assureurs et les mutuelles".
La Sécurité routière pourrait aussi acheter "un semi-remorque aménageable pour réaliser chaque année un tour de France destiné à informer et sensibiliser nos concitoyens sur l'insécurité routière, dont le premier pourrait porter sur les EPI. Le coût annuel d'un tel dispositif équivaudrait au coût sanitaire de deux utilisateurs de deux-roues motorisés handicapés lourds épargnés", précise le rapport.
Le préfet souhaite aussi que les utilisateurs soient davantage incités à porter des EPI en multipliant les formules d'achat combiné "véhicule + EPI", en demandant aux assureurs de négocier avec les fabricants des remises à destination de leurs adhérents ou en remboursant systématiquement les équipements dotés d'un marquage CE et de leurs composants (capteurs et cartouches de gaz des blousons airbag par exemple) après accident.
Autant de pistes qui devront être examinées lors d'un prochain Conseil national de sécurité routière (CNSR), à suivre de près sur MNC. Restez connectés !
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.