Souvent avancée comme l'alternative idéale aux énergies fossiles, la motorisation électrique suscite autant d'intérêt que d'incertitudes... Réunis à Lyon pour les JPMS 2010, quatre constructeurs très actifs font le point sur ce sujet branché...
Sa technologie a beau manquer de développement, son rayon d'action se limiter à de courts déplacements et ses capacités à satisfaire tous les besoins susciter de nombreux doutes, la motorisation électrique est aujourd'hui érigée comme l'alternative quasi unique au bon vieux (et polluant) pétrole.
Forte de ce statut iconique, la "mobilité douce" se taille une place de choix dans l'actualité et les salons deux, trois ou quatre-roues. Les huitièmes Journées professionnelles de la moto et du scooter (JPMS), le salon de la moto et du scooter réservé aux professionnels, ont bien intégré ce phénomène ascendant : solidement implantés aux côtés de quelque 220 exposants, les dirigeants d'E-Solex, Matra, Éco&Mobilité et Goes Europe (importateur de Zéro Motorcycles) ont animé un débat sur la situation de la motorisation électrique aujourd'hui en France.
Isabelle Bettan (E-Solex), François Lombart (Matra), Antoine Valla (Goes Europe) et Luc Jaguelin (Éco&Mobilité) ont délivré l'habituel message empreint d'optimisme : la propulsion électrique serait une solution d'avenir d'autant plus incontournable qu'elle constitue en réalité l'une des rares solutions crédibles et un tant soit peu fonctionnelle !
Pour ces quatre intervenants, la "mobilité douce" est un enjeu à la fois écologique et économique : spécialiste reconnu du marché automobile depuis 1964, Matra s'est progressivement redirigé vers la mobilité de proximité "non polluante". La firme française profite des JPMS 2010 pour dévoiler la seconde génération de son scooter électrique : l'e-Mo+. Une orientation parfaitement dans l'air du temps qui vise à répondre presque exclusivement à des besoins urbains ou administratifs (lire notamment MNC du 15 septembre 2009 : La Poste achète 100 quads électriques).
Indéniablement, l'électrique possède des avantages compatibles avec les exigences urbaines : le couple immédiatement disponible d'un moteur électrique assure des départs canons au feu rouge et son silence de fonctionnement est appréciable dans le tourbillon urbain... même s'il engendre des problèmes de perception auditive par les piétons et les autres usagers.
Autre argument massue en faveur de l'électrique : l'absence de rejets polluants lors des déplacements. Un vrai bon point pour notre planète, sauf que la fabrication, le rechargement et le recyclage des batteries entraînent inévitablement, à l'heure actuelle, des émissions polluantes... Enfin, les faibles coûts engendrés par son utilisation séduisent des usagers lassés de se faire "pomper" par les grands groupes pétroliers : "l'E-Solex 2.0 "consomme" 1,3 € d'électricité pour 1 000 km", estime Isabelle Bettan.
Pour autant, la fée électricité a encore du chemin à parcourir avant de faire la nique à l'or noir : ralenti dans son développement par la vaste procédure de rappel sur ses batteries de première génération, E-Solex avoue devoir composer avec des volumes de ventes décevants : seules 580 unités auraient trouvé preneur en 2009. Plus lourds, plus chers, moins performants et peu autonomes, les deux, trois ou quatre-roues électriques ont encore bien du mal à se défaire d'une certaine réputation de "gadgets urbains".
Dès lors, la constitution d'un réseau digne de ce nom n'a rien d'une promenade de santé. Malgré le haut contenu technologique de la production de Zéro Motorcycles, Goes Europe avoue que la multiplication des points de vente est la principale priorité pour 2010 : seulement "quinze concessions en France" commercialisent les américaines électriques, précise son responsable Antoine Valla.
Le manque d'actions concrètes de la part des pouvoirs publics, pointé du doigt par les participants au débat des JPMS, constitue lui aussi un frein à la vulgarisation de l'électrique. Sollicité par Christian Estrosi dans le cadre de la prime de 400 euros pour l'achat d'un vélo ou d'un scooter électrique afin de "stimuler" un marché "encore balbutiant", François Lombard (Matra) et Luc Jaguelin (Éco&Mobilité) se montrent circonspects et regrettent "l'absence de précisions concrètes" concernant la mise en place de cette fameuse mesure (lire MNC du 26 novembre 2009 : Bientôt une prime pour le deux-roues électriques)...
Enfin, dernier écueil et non des moindres : si les capacités et les efforts de Matra, E-Solex, Éco&Mobilité et Zéro Motorcyles pour rendre l'électrique toujours plus performant et séduisant forcent le respect, l'absence de réelles propositions viables de la part des grands constructeurs de deux-roues contribue à ralentir sa progression.
"Tant qu'ils n'estimeront pas que le marché est prêt et la demande suffisante, les grands noms de la moto et du scooter ne se lanceront pas", confirment les quatre intervenants. Or cette relative frilosité (Piaggio a tout de même ouvert la voie avec son récent MP3 hybride et Peugeot réfléchit très sérieusement à la question) entretient pour l'instant le doute dans l'esprit du consommateur.
Quant au temps d'attente avant l'arrivée de modèles performants et accessibles en provenance des grandes enseignes japonaises et européennes, François Lombart (Matra) et Luc Jaguelin (Éco&Mobilité) l'estiment à "deux à trois ans maximum".
A moins que le récent engouement pour l'électrique affiché par de nombreux constructeurs automobiles - Renault prévoit le lancement d'une gamme complète dès 2011 - ne rencontre un écho favorable auprès du public et enclenche un positionnement rapide des principaux acteurs du marché deux-roues sur cette technologie qui n'en finit pas d'attirer "la tension" ?! A suivre... Restez connectés !
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