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CONFÉRENCE INRETS
Marseille, le 5 mars 2009

Deux-roues motorisés : nouvelles connaissances et besoins de recherche

Deux-roues motorisés : nouvelles connaissances et besoins de recherche

L'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS) réunit pendant deux jours à Marseille chercheurs et spécialistes pour réfléchir aux aspects scientifiques de la sécurité du deux-roues motorisé. Un vent frais qui fait du bien !

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A l'initiative de l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS), près de 150 chercheurs, scientifiques et spécialistes de tout poil planchent depuis ce matin à Marseille sur la sécurité des deux-roues motorisés.

Et comme le mistral qui souffle sur la Cité phocéenne, ces ateliers apportent une bouffée d'air frais particulièrement vivifiante sur le monde du deux-roues motorisé, loin des affrontements stériles entre politiques sclérosés dans leur approche sécuritaire du risque zéro et motards souvent enclins à jouer les vierges effarouchées à la moindre remise en question.

Pierre Van Elslande, directeur du Département Mécanismes d'accidents de l'INRETS

Mise en place grâce à l'implication de Pierre Van Elslande, directeur du Département Mécanismes d'accidents de l'INRETS, la conférence devrait permettre d'aboutir à de véritables propositions pour réduire les risques liés à la pratique de la moto et du scooter.

La sécurité des utilisateurs de deux-roues motorisés est en effet au cœur des préoccupations actuelles, que ce soit en termes politiques (répression), économiques (coûts sociétaux de l'accidentologie) ou industriels (progrès des constructeurs en matière de sécurité passive).

Avant même la clôture officielle demain par la déléguée interministérielle à la sécurité routière Michèle Merli herself, un premier bilan de cette conférence tient dans son intitulé même : "Les deux-roues motorisés : nouvelles connaissances et besoins de recherche".

Développer de nouveaux outils

Un immense besoin de recherche se fait en effet sentir dans le domaine des deux-roues motorisés : les statistiques basées sur les Bulletins d'analyse d'accident corporel (BAAC) établis par les forces de l'ordre sur les lieux de l'accident ont montré leurs limites (lire notamment Moto-Net.Com du 21 janvier 2003), et l'INRETS peine à généraliser ses Etudes détaillées d'accident (EDA) qui les complètent avantageusement.

La plupart des chercheurs continuent par ailleurs à ne distinguer dans leurs différents travaux que les "cyclos" de moins de 50 cc et les "motos" de plus de 50 cc, alors qu'il serait infiniment plus pertinent d'affiner les catégories en différenciant les "moins de 125 cc" des "grosses cylindrées", sans parler des différents catégories de scooters, maxi scooters et motos ou de leurs types d'utilisateurs respectifs...

Conférence de l'INRETS sur les deux-roues motorisés : nouvelles connaissances et besoins de recherche

Ouvrant ce matin la conférence à la bibliothèque de l'Alcazar, le chercheur norvégien Rune Elvik de l'Institute of Transport Economics basé à Oslo a tenté de savoir si les risques encourus par les motards étaient "équitables et justes", selon la terminologie de John Rawls, par rapport aux autres catégories d'usagers (automobilistes et utilisateurs des transports en commun, notamment). Il a identifié neuf facteurs de risques fondamentaux (énergie cinétique, friction, visibilité, compatibilité, complexité, prévisibilité, rationalité, vulnérabilité et tolérance de l'environnement), dont cinq sont particulièrement importants à moto : la visibilité des motards, leur compatibilité avec l'environnement, leur rationalité (comportement "raisonnable"), leur vulnérabilité (absence de carrosserie) et la tolérance de l'environnement (infrastructures qui "pardonnent" plus ou moins les sorties de route, chutes et autres glissades).

"Les risques encourus par les motards ne sont pas équitables"

Cette conjonction de facteurs, que l'on peut résumer en un triptyque "conducteur - véhicule - environnement", sera d'ailleurs reprise par la plupart des intervenants : chacune des composantes est à prendre en compte en situation d'accident.

L'INRETS en bref

Créé en 1985, l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS) est un établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST), placé sous la double tutelle du ministère chargé de la recherche et de celui des transports. Il intervient principalement dans les transports terrestres mais compte également des interfaces aérienne et maritime.

Fort de près de 500 personnes réparties dans 18 unités de recherches (Villeneuve d'Ascq, Arcueil, Versailles-Satory, Bron, Lyon-Satolas, Marseille et Salon-de-Provence), ses missions sont de "rassembler et développer les connaissances scientifiques par une approche globale du système des transports, assurer des missions d'expertise et de conseil, contribuer à l'effort général de l'enseignement supérieur, valoriser les résultats de recherche dans le cadre de partenariats économiques et diffuser les connaissances acquises auprès d'un large public".

Il apparaît notamment, selon les études menées par M. Elvik en Norvège, que le taux d'accidentalité des motards n'est pas plus élevé que celui des automobilistes, mais que seul leur manque de protection explique la proportion plus importante de victimes : le risque d'être blessé dans un accident est beaucoup plus élevé en deux-roues qu'en voiture, mais les risques d'avoir un accident seraient à peu près identiques en moto et en voiture.

"Il n'y a aucune preuve que les motards se comportent de façon moins responsable que les autres catégories d'usagers", estime M. Elvik : "au contraire ils portent un casque, des vêtements protecteurs, roulent les feux allumés, font l'objet de restrictions de puissance, sont de plus en plus équipés de système d'antiblocage des roues au freinage et doivent souvent passer par des permis graduels".

"Dans la plupart des collisions, ce n'est pas le motard qui est responsable mais une autre catégorie d'usagers", remarque encore le chercheur avant de conclure que le risque est donc "inéquitable et injuste dans la mesure où il est lié à la vulnérabilité du motard".

Une Vision Zéro "complètement erronée"

M. Elvik n'a pas hésité à tordre le cou aux idées "totalitaires" du projet Vision Zéro (lire Moto-Net.Com du 15 mai 2003 et Moto-Net.Com du 15 mai 2008), qui prévoit notamment de limiter à 30 km/h la vitesse dans les zones où se trouvent des piétons, 50 km/h aux carrefours et 70 km/h sur les routes où il peut y avoir une collision frontale entre deux véhicules.

"C'est une vision complètement erronée", a-t-il déploré : "on ne prend en compte que la vitesse et pas la masse du véhicule, qui est pourtant très favorable en ce qui concerne les motos. On imagine bien les conséquences d'un choc frontal entre un camion et une moto roulant à 70 km/h !"

Enfin, M. Elvik en a profité pour rappeler qu'il n'avait jamais souhaité interdire les motos, mais que ses propos avaient été tout simplement déformés par un journal à sensation auquel il démontrait l'absurdité du projet Vision Zéro qui, s'il voulait aller jusqu'au bout de sa logique, devrait fixer une vitesse maximale à 15/20 km/h sur tous les types de voies, ou y interdire purement et simplement les deux-roues... "C'est le rôle des chercheurs de mettre en garde la société contre les conséquences désastreuses de ce type d'idéologie totalitaire", a conclu Rune Elvik avant de laisser la place aux premiers intervenants.

Espérons que ces travaux - à découvrir prochainement en détails sur Moto-Net.Com - permettront enfin de faire évoluer les politiques gouvernementales sur un mode un peu moins binaire que la sempiternelle équation "vitesse = danger"... A suivre, restez connectés !

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Petite précision : la FEMA n'a jamais été en faveur des feux de jour, elle a accepté les feux dédiés comme un moindre mal.

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