A 35 ans, le pilote catalan n'a rien perdu de son envie de courir : si les mauvaises langues affirment que le Superbike permet aux vétérans du MotoGP de préparer une retraite dorée, Carlos Checa, lui, affiche une réelle soif d'apprendre... et de gagner !
Depuis maintenant treize ans, Carlos Checa animait le championnat du monde MotoGP. Et si l'on ne peut pas réellement s’extasier devant le palmarès du natif de Sant Fruitos (deux victoires, 24 podiums et trois poles positions), le pilote catalan fut toutefois un challenger de taille, capable de coups d’éclats et surtout d’une persévérance remarquable.
Pour certains, cette longévité exceptionnelle aura surtout été le fait de sa nationalité. Mais El Toro fait taire bon nombre de ses détracteurs en 2006, lorsqu’il rejoint les rangs de Yamaha Tech 3 presque gratuitement : il montre alors une motivation inattendue, faisant progresser pas à pas des pneus Dunlop peu performants, sans jamais baisser les bras ni regretter la perte de son statut de pilote officiel.
Tour à tour pilote d’usine Yamaha (de 1999 à 2002) puis Ducati (en 2005), Carlos a aussi piloté aussi une 500 Honda de 1995 à 1998 ! Autant dire que son expérience de la catégorie et des différents types de machines en font un allié de choix pour l’équipe Ten Kate l’an prochain !
Véritable épouvantail de la catégorie (sans compter son incroyable domination en Supersport mondial !), l’écurie hollandaise compte bien profiter de la sagesse et des connaissances de la course de l’espagnol pour continuer à faire briller les couleurs du team...
Quant à l’intéressé, il voit dans ce nouveau challenge l’opportunité de renouveler une motivation perdue et de retrouver des sensations de pilotage plus en accord avec son style : "ces deux dernières saisons en MotoGP, j’avais perdu l’enthousiasme et la motivation. Mais lorsque j’ai participé aux 8 Heures de Suzuka, j’ai réalisé que mon avenir était en Superbike ! C’est vrai qu’en Espagne, ce championnat n’a pas la popularité du MotoGP, mais je ne recherche pas la popularité : j’avais besoin de stimulations et courir en Superbike était la bonne solution", explique-t-il sereinement.
Il est vrai que celui qui a débuté sa carrière mondiale par la 125 en 1993 est resté perplexe suite à son expérience avec les nouvelle 800 cc cette année... Plus petites, plus maniables mais aussi moins puissantes et plus assistées, les descendantes des "grosses" 990 cc ont en effet déstabilisé certains anciens du plateau, comme Alex Barros ou Loris Capirossi : ces habitués des 2-temps au maniement plus délicat et à la puissance bestiale ont éprouvé énormément de difficultés à s'adapter cette année.
Incapable lui aussi de trouver le bon mode d’emploi de sa RCV212 dans le team LCR, Carlos clôturera sa carrière en catégorie reine avec une modeste 14ème place finale et 61 points marqués : des résultats forcements décevants en regard des 155 points ramenés en 2000, ou de sa quatrième place au classement général en 1998 !
Le n°7 se souvient avec nostalgie de cette époque : "ne pas gagner de championnat dans ma carrière m’a toujours manqué, en particulier en 500. En 1998, ma blessure à Donington m’a pénalisé pour le reste de la saison (Carlos comptait alors une victoire et deux podiums en huit courses, NDLR) et en 2000, j’étais en course pour le titre pendant la moitié de la saison avec Kenny Roberts Jr".
C’est pourquoi aujourd’hui le nouvel officiel Ten Kate affiche clairement des ambitions de succès : s’acclimater le plus rapidement possible aux spécificités du Superbike pour décrocher, enfin, ce titre mondial qui lui échappe depuis si longtemps...
"J’ai deux ans pour viser le titre mondial", estime Carlos : "ça ne sera pas facile, mais je suis convaincu que nous pouvons y arriver. En Superbike, j’ai de réelles chances de victoires mais courir contre Ducati, Yamaha et Suzuki ne sera pas une promenade !"
D’autant que comme ses ex-rivaux en catégorie reine, Alex Barros et Max Biaggi, l’espagnol de 35 ans va devoir composer avec une moto dérivée de la série, des courses se disputant en deux manches et surtout des pneus Pirelli, au comportement bien éloigné des enveloppes spécifiques utilisées en MotoGP : "je n’ai pas rencontré de grosses difficultés avec la Honda de Superbike (lire Moto-Net.Com du 3 décembre 2007, NDLR), la moto est plus physique à emmener mais tout bien pesé, elle n’est pas aussi compliquée à piloter qu’une MotoGP. Mon seul problème vient des pneus qui ont un grip inférieur. Je dois encore m’adapter aux Pirelli, mais je pense qu’avec le temps ce ne sera plus un problème", précise le sympathique pilote.
Une adaptation délicate mais indispensable pour gagner, comme l’a démontré Max Biaggi - auteur du même pari que Carlos la saison dernière. L’espagnol et l’italien vont ainsi pouvoir se retrouver sur la piste et essayer de damer le pion aux habitués la catégorie... Car, aussi grandes soient leurs motivations, Bayliss, Haga, Corser et Laconi vont eux aussi vendre chèrement leur peau !
Première confrontation le 23 février au Qatar : à suivre sur Moto-Net.Com, bien sûr !
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