Après le retour en France de Sabrina , j’ai repris ma route vers le nord. Sur le coup des 11h, j’aperçois une vieille Béhème devant moi : je dépasse le motard et lui fais signe de s’arrêter. Forcément, c’est un Allemand !
Après le retour en France de Sabrina, j’ai repris ma route vers le nord. Sur le coup des 11h, j’aperçois une vieille Béhème devant moi : je dépasse le motard et lui fais signe de s’arrêter. Forcément, c’est un Allemand !
Un sacré bourlingueur le type : il a démarré son tour du monde en mai 2010 en partant vers l’est. Après l’Asie et l’Australie, le voici en Amérique du Sud qu’il remonte tambour battant afin d’être en Alaska en août. Tout un programme !
A Barrancay, on se sépare. Je quitte la panaméricaine direction Huaraz et la Cordillère blanche. Grandiose ! La Cordillère blanche possède les plus belles montagnes glaciaires d’Amérique du Sud et de magnifiques lacs d’altitude à l’eau turquoise.
Populations andines
C’est aussi l’occasion d’aller à la rencontre des populations andines dans des lieux inaccessibles en moto. Le 11 avril, j’ai fait les préparatifs à Huaraz et je me suis rendu dans le petit village de Cashapampa où j’ai passé la nuit. Ce sera le départ du trek à 2900 m d’altitude.
Le lendemain, je pars à 8h à pied pour Hualcayan. Cette petite mise en jambes est l’occasion de traverser ce plateau agricole et de papoter avec une famille rencontrée en chemin, qui se rend aussi à Hualcayan.
Première pause à 3200 m
Sur la fin du parcours je les laisse filer, mon sac est lourd et je préfère m’économiser. J’arrive vers midi à Hualcayan, où je fais une dernière pause à 3200 m avant d’entamer l’ascension dans les premiers alpages. Pour cette première journée, je m’arrête à 16h à 3800 m d’altitude pour monter mon campement.
Afin de limiter le poids de mon sac, je n’ai pas pris de tente mais seulement une bâche et un hamac, ce qui prend forcément un peu plus de temps à installer...
Après une nuit pluvieuse, je reprends le sentier qui monte à flanc de montagne. Mais moralement c’est dur, car j’aperçois toujours le village. Heureusement, vers 4200 m les paysages changent, je me rapproche des lagunes.
Campement à 4650 m
Vers 15h30, enfin, j’arrive à la lagune Cullicotcha à 4650 m d’altitude. Je préfère m’arrêter là pour aujourd’hui, la vue est top !Le lendemain matin, ça fait déjà un bon moment que je suis réveillé lorsque le soleil pointe le bout de son nez et fait fondre la glace sur la bâche.
Qu’est ce qu’il a fait froid ! Durant la matinée, je passe l’abra Cullicotcha à 4850 m puis l’alto d'Alpamayo à 4700 m, avant de faire ma première rencontre en deux jours : Sam, un Américain qui n’a vu personne depuis trois jours, est bien content de trouver quelqu’un à qui parler !
Je poursuis ensuite la descente dans la vallée et suis la rivière jusqu’à m’installer à son rivage, là où demain je bifurquerai pour le col de Cara Cara.
J’ai bien mis trois quarts d’heure avant de trouver le chemin pour le col, mais à force de tâtonnements je grimpe et parviens enfin en haut.
La descente de l’autre côté n’est pas simple non plus. Je traverse un vallon limite marécageux avant de remonter vers le paso de Mesopampa. La vue est splendide sur les sommets enneigés, mais rapidement le temps se couvre alors je descends vers la lagune Safuna.
Jésus et les truites
En chemin, cinq chevaux galopent ventre à terre, suivis d’un berger sur sa monture. Il s’appelle Jésus ! Je le salue, il s’arrête, on papote, il m’invite à manger, puis à dormir et finalement à rester le lendemain.
Après une bonne nuit dans un lit de paille aux dimensions péruviennes (1,50 m !), nous voilà partis gambader dans la vallée à chercher ses animaux dans l’une des plus belles chaînes montagneuses au monde. Vers 13h on rentre finir les restes de soupe de la veille, puis on se fait frire du maïs avant d’entamer une sacrée partie de pêche dans la rivière d'en face.
Avec son filet, il a ramené 20 truites en moins d’une heure ! Il est 17h lorsqu’on termine de les vider. C’est marrant de les voir s’agiter alors que je viens de leur arracher le coeur, les poumons, les intestins... La soirée se termine ainsi, le ventre plein, satisfait de ma journée de berger.
Je serais bien resté plus longtemps, mais je dois vraiment continuer la progression. Il m’indique le chemin pour passer le col, mais il n’est vraiment pas évident et les nuages bouchent la vue...
Je tente quand même de trouver le passage, mais au bout d’une heure je préfère me raviser : le temps est trop bouché près des sommets.
La femme de Jésus
Je fais demi-tour et prends le chemin pour Pomabamba, que je dois atteindre dans la journée afin d’y trouver un hôtel et recharger la caméra. En chemin, je rencontre un "campesino" qui rentre lui aussi à la ville. J’entame ainsi une longue descente dans les pâturages boueux de la Cordillère blanche.
En milieu de journée, nous croisons la femme de Jésus qui rentre de la ville les sacoches pleines de provisions ! Elle doit encore passer les montagnes qui lui font face avant la nuit, alors elle ne traîne pas.
Au cours de la descente, la vallée est de plus en plus habitée. Je découvre de petits villages où la marche à pied et le cheval sont les seuls moyens d’accéder à ces lieux escarpés.
La journée se passe ainsi au fil des rencontres qui m’accompagnent plus au moins longtemps jusqu’à Pomabamba, où j’arrive les pieds en sang après plus de 10 heures de marche.
Retour en ville après 10 heures de marche
Après six jours dans les montagnes, j’ai du mal à atterrir dans cette petite ville où tout devient facile, mais je ne reste qu’une nuit : le lendemain je repars dans les montagnes après avoir soigné mes pieds ! Ils ont encore quatre jours à tenir, alors je fais gaffe à ne pas trop forcer. Le soir, je me réinstalle dans ces hauts alpages qui sont devenus ma maison.
La journée suivante, je traverse une nouvelle vallée agricole où chaque rencontre est l’occasion de demander mon chemin pour la lagune Huecrococha, où je ferai une dernière pause gastronomique avant de repartir définitivement dans les montagnes. Jusqu’à me suspendre à deux eucalyptus à 4200 m d’altitude !
Au réveil, la vue n’est-elle pas magnifique ? Je passe en fin de matinée un énième col, puis redescend vers la lagune Huishcash avant de remonter vers le col de Punta Union à 4700 m. Mon dernier col, ouf ! Maintenant, ce n’est plus que de la descente, et ce sera mon dernier bivouac.
Le dernier jour, je termine par la quebrada Santa Cruz où je croise Pedro et son fils, partis deux jours jeter un coup d’oeil à leurs bêtes dans les montagnes. Il me reste alors trois heures de marche et c’est la fin de cette terrible aventure dans les montagnes de la Cordillère blanche.
Je récupère ma moto, et au terme d’une heure de piste je me retrouve à Caraz où je peux enfin me reposer... A suivre : restez connectés !
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