Juste après vous avoir fait partager mon treck sur l'Altiplano , la semaine dernière, j'ai quitté La Paz vers 14h30. direction Coroico en empruntant el Camino de la Muerte....
Juste après vous avoir fait partager mon treck sur l'Altiplano, la semaine dernière, j'ai quitté La Paz vers 14h30. direction Coroico en empruntant el Camino de la Muerte....
J'ai préféré partir en début d'après-midi pour éviter les dizaines de vélos des tours opérateurs qui empruntent chaque jour cette route mythique. Je mets une bonne heure pour sortir de La Paz et trouver le fameux chemin. En théorie j'en ai pour deux ou trois heures, mais la route est rapidement bloquée.
Je remonte la file de bus et de camions pour m'apercevoir qu'un éboulement bloque le trafic et que ça va durer encore près d'une demi-heure avant qu'ils libèrent le passage. Camions, bus et 4x4 sont déchaînés ! Ca devient très dangereux et stressant, donc je n'ai pas pris vraiment de plaisir sur cette route qui n'a pour moi pas grand chose d'exceptionnel, à part les premiers kilomètres accrochés à la montagne.
Sincèrement la Bolivie offre beaucoup mieux en termes de paysages. En revanche, ce qui est mythique, c'est mon sens de l'orientation... Après environ 4 heures de route, j'arrive dans un petit village qui n'est pas Coroico mais Chulumani, à environ deux heures de route dans l'autre sens...
Fête de la Vierge à Coroico
Le lendemain, je fais ressouder et renforcer mon support valise qui commence à subir les outrages du temps, puis je prends la piste de Coroico qui serpente le long de la montagne. C'est vraiment joli et il y a beaucoup moins de circulation, c'est top.
En milieu d'après-midi j'arrive enfin à Coroico ! Le village est décoré, les gens se baladent en habits traditionnels : ce soir, c'est la Fête de la Vierge ! Je décide de rester dormir. Demain j'irai à Caranavi, à environ 70 km d'ici.
Le lendemain, une BMW et une Versys sont garées à côté de ma moto : je fais la rencontre d'Ernesto et de Walter, qui font la route ensemble jusqu'à Ushuaia. On papote, on se raconte nos anecdotes et on finit par déjeuner ensemble.
A 14h je descends la piste sinueuse de Coroico. Il y a pas mal de poussière, je suis derrière un vieux pick-up Ford transportant 5 personnes dans sa benne et qui met la pression au 4x4 juste devant lui.
On roule à près de 60 km/h sur cette piste étroite, c'est plutôt rapide pour ici... J'allume ma caméra embarquée, les images (à découvrir prochainement) vont être chouettes !
Le 4x4 et le pick-up accélèrent et commencent à couper les virages. Je les suis en restant bien sur ma trajectoire quand le premier rentre dans une courbe à gauche en aveugle : Bam ! Choc frontal, le pick-up a juste le temps d'éviter le carambolage.
Personne n'est blessé, juste de la tôle froissée, mais je me prends une bonne montée d'adrénaline et poursuis ma route. J'arrive sur une portion goudronnée de quelques kilomètres, un chien me coupe la route juste quand je suis sur l'angle ! Je l'évite de justesse.
Au bout de quelques kilomètres, la route est bloquée jusqu'à 18h minimum : chute de pierres. Je suis à environ 50 km de Caranavi, il me reste 3 heures de route. Je n'ai fais que 20 km et j'ai failli y rester deux fois ! La décision est prise : je rentre à Coroico où je retrouve mes potes motards ! Aujourd'hui j'ai la poisse, on verra demain.
Le lendemain, la route est rouverte mais pas pour longtemps. Une nouvelle chute de pierres bloque le passage, c'est très courant pendant la saison des pluies. L'ouvrier me dit d'avancer, il va me faire passer. Je démarre, m'avance un peu... J'entends alors un bruit d'éboulement. Coup d'oeil à droite : un énorme rocher qui s'est détaché vient sur moi !!!
Par réflexe je relâche l'embrayage et fais un départ façon motocross, la moto bondit en avant et je vois le rocher passer dans mes rétros... L'ouvrier ébahi me crie "suerte", mon coeur bat la chamade... Je ne vais pas finir la semaine !
Après 5 heures de route pour faire 70 km, je passe Caranavi et continue vers Guanay. Je dois absolument faire le plein. Le gars de la station-service veut bien me vendre 10 litres d'essence dans mes bidons si je gare la moto à 50 m. Officiellement, il n'a pas le droit de vendre d'essence à un étranger, seules les stations-service nationales peuvent le faire, mais c'est 9,5 bolivianos au lieu de 3,70. Soit 1,10 euros au lieu de 40 centimes !
10 litres d'essence au tarif local
Pas grave, je suis déjà bien content d'avoir 10 litres au tarif local. Puis j'attends à la sortie de la station qu'un Bolivien s'arrête pour me parler. 10 minutes plus tard, je file mes bidons et 40 bolivianos à un gars du coin qui va à son tour m'acheter de l'essence. C'est l'occasion de se marrer et de jouer les bandits de grand chemin. Bref, chaque plein est une aventure avec son lot de rencontres.
En revanche, la suite du trajet jusqu'à Guanay est difficile. Il pleut de nouveau et cette terre tassée et mouillée glisse comme du verglas. D'ailleurs je tombe plusieurs fois, dont une fois dans le fossé. Heureusement, le conducteur arrivé juste après au volant de sa Toyota Carib a bien voulu sauter en tongs dans la boue pour m'aider à sortir la moto !
Le soir à Guanay je rencontre Pedro et Julio, qui m'invitent dans leur village et me proposent de dormir à l'abri dans la station-service qui ne sert plus depuis dix ans. On passe la soirée ensemble. Ils sont chercheurs d'or dans une mine à ciel ouvert et me proposent de passer une journée avec eux. Parfait !
La ruée vers l'or !
Le lendemain je m'entasse avec dix autres mineurs dans le break. C'est parti pour la ruée vers l'or ! Cette journée en leur compagnie a été géniale, ils m'ont tout expliqué et m'ont même filé un peu d'or !
L'eau stockée plus haut dans des réservoirs arrive sous pression à l'endroit où se trouve l'or. Ils érodent alors la paroi et creusent une tranchée où sont disposés des tamis permettant de récupérer le précieux métal.
Vers 17h, la piste a bien séché et je décide de rouler une heure ou deux afin de prendre un peu d'avance pour le lendemain. Après une heure à rouler entre 20 et 40 km/h, je dépasse deux camions et passe quelques virages, quand soudain je perds l'avant : la moto ripe dans un fossé à droite, mais cette fois la roue avant a tapé dans un gros rocher...
Perte de l'avant...
J'attends les deux camionneurs pour sortir la moto. J'ai cassé le garde-boue avant qui ne tient plus que d'un côté. La valve de ma roue avant ne s'était pas complètement fermée, occasionnant une crevaison lente et la chute. Je continue jusqu'au village suivant. Sorata n'est qu'à 150 km, soit un jour et demi de route.
La piste reprend de l'altitude et m'offre un panorama magnifique. Des pistes improbables débouchent sur des petits villages de chercheurs d'or, c'est plutôt énorme comme ambiance ! Peu de touristes s'égarent ici : il n'y a pas transport, il faut se débrouiller par soi-même et ça me plaît !
Au milieu du gué...
Après Mapiri, il n'y a pas de pont. Je dois traverser un gros gué. Vu le courant, je ne suis pas confiant... Je fais des signes au routier de l'autre côté pour savoir où passer, puis m'élance. J'ai rapidement de l'eau jusqu'aux valises, le courant fait riper la moto mais je tiens bon. Je garde un filet de gaz car si je cale et que l'eau rentre dans le pot d'échappement, je suis mal...
Je reprends difficilement ma progression, la moto avance en crabe, mais je dois surtout garder le cap sinon le courant sera plus fort et pourrait me faire perdre l'équilibre... J'arrive finalement de l'autre côté mais je n'en mène pas large !
Plus qu'une heure de route, environ 20 km. Dernière étape avant Sorata, coupure générale d'électricité et dîner aux chandelles dans un petit village dont j'ai oublié le nom...
Nouvelle chute...
Sorata est maintenant à 4 heures de route (près de 60 km) alors je pars cool, j'ai la journée pour moi. Depuis hier je roule sans garde-boue avant car les vibrations en sont venues à bout. Je suis bien embêté, car plus rien ne tient les durites de frein que j'ai attachées avec des riselans et le radiateur n'est plus du tout protégé de la boue, m'obligeant à m'arrêter régulièrement pour le nettoyer.
Cette fois la piste monte franchement sur l'Altiplano, c'est magnifique ! Je roule tranquille, entre 30 et 40 km/h, pour profiter du paysage. C'est la dernière journée de route. Mais à 2 heures de l'arrivée, je suis violemment projeté à terre : la durite de frein s'est prise dans la roue avant, la bloquant d'un coup !
Bilan : sans ma botte d'enduro j'aurai certainement le pied cassé, écrasé par ma valise droite... En revanche j'ai le coude bien enflé et j'ai un peu mal aux côtes. Pour la moto, la durite est à moitié arrachée et le liquide s'échappe : je n'ai plus de frein avant. J'ai eu du bol de tomber sur la piste car le ravin n'est jamais loin...
J'arrive finalement à Sorata vers 17h, après 7 heures de piste ultra glissante en roulant au pas. Ici la ville est un peu plus grande, je devrais pouvoir trouver un mécano pour m'aider. En attendant je vais me coucher, c'est plus sûr !
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