Et voilà, Santa Rosa c'est fini. Direction La Paz, cette incroyable ville perchée tout là haut sur l'Altiplano. En attendant, il me reste 400 km de piste et 90 km de goudron. Mes crampons mordent le ripiot, ça vibre, ça secoue, ça glisse.... C'est la piste !
Et voilà, Santa Rosa c'est fini. Direction La Paz, cette incroyable ville perchée tout là haut sur l'Altiplano. En attendant, il me reste 400 km de piste et 90 km de goudron. Mes crampons mordent le ripiot, ça vibre, ça secoue, ça glisse.... C'est la piste !
Je sais que ce sont les derniers moments dans la forêt. Ici pas moyen de trouver un endroit où dormir, la route n'est empruntée que par les transporteurs en tout genre qui ne s'arrêtent pas. Ca fait maintenant trois villages qu'on me dit qu'il y a de quoi se loger dans le village suivant, mais sans succès.
Vers 21h j'en ai marre, la conduite de nuit est dangereuse et je fatigue. Je demande à une vieille dame qui sert des jus de fruits si je peux camper à côté de sa maison : pas de soucis, je monte la tente sous l'oeil amusé des enfants et rentre dans ma caverne.
A gauche ? A droite ? Au milieu !
Le lendemain, dernière étape avant La Paz. La piste monte doucement dans les montagnes et est parfois dans un sale état... La conduite se fait alors souvent à gauche pour que le conducteur puisse voir où il pose ses roues par rapport au ravin tout proche. Le problème, c'est qu'il manque des panneaux et comme je ne connais pas l'endroit, je ne sais pas toujours s'il faut conduire à gauche ou à droite ! Alors je conduis au milieu, comme ça je n'ai pas tout à fait tort...
Mais je me suis fait quelques frayeurs quand même ! En tous cas, c'est dingue ces pistes creusées dans la montagne, ça me laisse un avant-goût de la Ruta de la Muerte. Mais ce ne sera pas pour aujourd'hui : l'arrivée à la Paz s'est faite par la nouvelle route. Je suis bien malade et ça fait 150 km que je suis plié en deux sur la moto... En plus, le soleil ne va pas tarder à se coucher alors je préfère aller au plus vite.
J'atterris finalement au Bacoo Hostel où j'hiberne les deux jours suivants. Vendredi, je peux enfin aller me balader. C'est pas encore ça, mais je n'en peux plus de rester là même si l'auberge est top. Sur un coup de tête, j'achète une carte des alentours de La Paz, de la nourriture pour trois jours et je prends un bus pour Coroico !
Après deux heures et demi de bus, le chauffeur me dépose comme je lui ai demandé à l'entre de la piste qui va vers Chairo. L'idée ? Partir de 1000 m à pied et monter sur l'Altiplano, à près de 5000 m d'altitude, en empruntant la route de Choro (une ancienne voie utilisée par les Incas), sans guide et en autonomie totale.
En attendant, je suis au départ de cette piste, il est 22h et le prochain village est à plus d'une heure de marche. Heureusement je trouve rapidement quelques maisons et demande si je peux camper. Un orage éclate : il pleut à l'extérieur et à l'intérieur de ma tente. Génial...
Je me réveille dans mon sac de couchage trempé et c'est parti pour 8 heures de marche entre 1000 et 2000 m d'altitude. Je mets près de trois heures à parcourir les 12 km qui me séparent de Chairo, là où débute mon trek. La nature est luxuriante, l'air humide et je ne suis pas au mieux de ma forme, mais je suis bien content de retrouver des coins sauvages !
A midi je quitte la piste et m'enfonce dans la forêt en suivant un petit sentier. Ce chemin est en fait une vraie ligne de vie entre les quelques hameaux entretenus par les villageois. Chaque hameau est composé d'une ou deux maisons. Ce sont en fait des familles qui se sont installées là et n'en n'ont jamais bougé.
Le soir, je dors dans un abri que je squatte à Bella Vista - qui porte bien son nom. Je fais tout sécher et dors au sec. En principe ce trek se fait en descente et sur trois jours. En montée c'est plus physique et je pense mettre quatre jours.
Le deuxième jour, le chemin ne fait que monter et descendre. C'est plutôt inquiétant, quand je pense à tout le dénivelé qu'il me reste à faire... En tous cas le paysage ne change pas : des rivières, des ponts suspendus et une forêt impénétrable alors que je suis entre 2000 et 2500 m d'altitude. On n'est pas très loin de l'équateur.
Sur le chemin, je rencontre deux Français et un Bolivien. Il est 14h, je m'accorde donc une petite pause avec eux qui dure, et dure, et dure encore... Mince, je suis à la bourre ! Je marche à un bon rythme, mais je ne parviens pas à atteindre Challacapampa... Tant pis, je dors à même le chemin à environ 2400 m d'altitude.
Le troisième jour, ça grimpe dur dès le réveil ! Je suis parti à 7h et à 9h je suis déjà à 2900 m. La végétation disparaît, l'air est sec, la vue se dégage : j'adore !
Vers 11h, le chemin inca est de plus en plus évident. C'est incroyable, les traces laissées par cette civilisation ! A midi je suis à Cuchura (3700 m). J'ai bien carburé mais je suis limité en nourriture, il faut que je ravitaille avant demain.
L'ascension devient difficile, la respiration est haletante, mais le paysage vaut le coup. Ici, c'est un vrai village avec électricité, école et même un péage pour les étrangers afin de contribuer à l'entretien du chemin ! Ils sont forts ces Boliviens.
Finalement j'arrive à Samana Pampa, à 3900 m d'altitude, sur le coup des 15h00. Je m'arrête là pour aujourd'hui. Le coin est idéal pour camper, la vue superbe et j'ai trouvé un vieux qui fait des sandwiches aux œufs pour le p'tit déj : le top !
Le soir venu, je campe un peu à l'écart du village pour être tranquille. Je suis pile poil à 4000 m d'altitude.
Mardi, dernier jour. Plus que 85 0m avant le Col de la Cumbre. Après quatre sandwichs aux oeufs, je repars tranquille. Je ménage mes efforts et profite de la vue. J'en bave un peu mais je savoure cette dernière ascension. Je suis sur une route mythique, en train de monter sur l'Altiplano !
Je m'arrête à 4400 m pour voir les ruines incas qui ne sont plus que des tas de cailloux et je reprends doucement. Je m'arrête régulièrement pour boire et éviter les crampes. A 15h, après 5 heures de marche, je suis à 4850 m d'altitude. Le temps est superbe et je vois que le Cerro Kolini, un sommet tout proche, semble facile d'accès...
Je sors alors du chemin, prends la crête, contourne le sommet, serre un peu les dents car mes jambes faiblissent... et je me retrouve 50 minutes plus tard à 4990 mètres : panorama à 360 degrés sur la Cordillera Real !
A 16h j'entame la descente jusqu'à la route et à 17h30 on me prend en stop jusqu'à La Paz. J'ai le sourire aux lèvres : je suis monté à pied sur l'Altiplano !
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