Manaus (Brésil), 8 janvier 2013. Revenons un peu en arrière : nous sommes le 30 décembre 2012 et voilà près de 40 heures que je suis sur ce maudit bateau en bois ... La dernière nuit a été rude, il a plu et comme je dormais sur le pont supérieur, je me suis fait arroser comme il faut !
Manaus (Brésil), 8 janvier 2013. Revenons un peu en arrière : nous sommes le 30 décembre 2012 et voilà près de 40 heures que je suis sur ce maudit bateau en bois... La dernière nuit a été rude, il a plu et comme je dormais sur le pont supérieur, je me suis fait arroser comme il faut !
Bref, j'ai peu dormi et mon sac de couchage a du mal à sécher... Rien ne sèche dans ces régions humides ! Mais bon, c'est la fin du périple. Je vais pouvoir récupérer la moto et me rendre à Alter de Cho. Les passagers descendent à un premier arrêt, puis on repart pour décharger la marchandise deux kilomètres plus loin.
Le bateau doit s'amarrer à une barge, mais il n'a pas la place de se mettre en travers. Il va donc pousser la barge moteur à fond pour la déplacer et s'appuyer contre l'autre bateau, lui aussi en bois... tout en lui arrachant quelques planches ! Ils sont fous ces Brésiliens !
Je pars ensuite me balader dans Santarem et rentre dans un restaurant où l'on paie sa nourriture au poids. Une sorte de buffet chaud avec un coin grillade qui ma convient parfaitement !
Mais je ne me suis pas éternisé à Santarem qui n'est pas vraiment beau et en début d'après-midi je me suis rendu à Alter de Cho, à environ 30 kilomètres. En arrivant, quelle surprise : ce village porte bien son nom de "Caraïbes de l'Amazonie". Il fait bon, j'aperçois des plages de sable blanc et de l'eau turquoise... Je suis en fait au bord de la rivière Tapajos (dont l'eau est bleue), qui se jette ensuite dans l'eau boueuse de l'Amazone.
Je cherche une petite auberge ou un carbet, mais tout est déjà complet pour le Nouvel An. Finalement au bout de deux heures j'atterris à l'Albergue de Floresta, où je rencontre pas mal de trentenaires venus de France mais aussi du Pérou, d'Allemagne, d'Uruguay... Le soir on va se faire un petit feu et deux d'entre eux en profitent pour gratter leur guitare. Le séjour commence bien !
Le 31 a été dédié à la préparation de la marmite de caïpirinha... On n'a pas fait que ça, mais c'est sûrement le moment crucial de cette journée ! L'instant où les regards se croisent, les coeurs palpitent, les glandes salivaires s'activent et le foie se prépare à une nouvelle bataille. L'ambiance était top à l'auberge, on était tous déchaînés !
Le lendemain au réveil, je regrette la caïpirinha mais sûrement pas cette chouette soirée. Les jours suivants je me la joue cool à base de randonnées à pied et petits ploufs dans l'eau chaude du Tapajos, histoire de profiter de cet endroit paradisiaque. Comme j'ai un peu de temps, je me lance dans des aventures culinaires puisque j'ai pu goûter du Tambaqui, un poisson spécialité de la région. Puis des aventures ménagères, puisque pour la première fois de ma vie j'ai lavé mes affaires à la main. Savonnage, essorage, séchage... Un vrai pro !
Au bout de quelques jours j'ai commencé à envisager de partir et je me suis renseigné sur les bateaux pour Manaus. Environ 40 heures de trajet et 480 reals (180 euros) pour la moto et moi. Ça fait cher... Je ne voulais pas passer le week-end à Manaus, je suis trop bien ici, donc je repousse jusqu'à vendredi pour arriver dimanche. Je me pointe vendredi matin vers 9h, mais tous les bateaux sont déjà complets. Il faudra que je revienne demain. Les réservations sont possibles mais pour discuter le prix il faut arriver quelques heures avant le départ du bateau et s'il reste de la place on monte...
Je rentre bredouille à Alter de Cho et retourne à la plage. Dans l'après-midi je rencontre Pierre, un Péruvien plutôt sympa et qui parle français. Il est musicien et écolo et me parle sans discontinuer de son association qui replante des arbres. De fil en aiguille, on papote et il me propose une solution séduisante : me faire traverser le Tapajos en pirogue pour 80 reals !
De l'autre côté du fleuve, une piste pourra m'emmener à Jurunti pendant environ 120 km et de là je pourrai reprendre un bateau. Je gagne donc 15 heures de croisière, ce qui n'est pas mal. A 20h, rendez-vous au bar pour attendre son bateau qu'il loue à un gars du coin.
Je vais acheter un peu de nourriture pour la traversée qui va durer 2 heures et une bouteille de cachaça sur ses conseils. Il se met à pleuvoir, il faut attendre, il sirote des bières pendant que je sympathise avec d'autres personnes mais je ne bois rien car je ne connais personne ici et je ne parle pas la langue. Et puis je préfère être en forme pour charger la moto.
Il est minuit. Pierre, qui a pas mal picolé, devient désagréable et parle d'un ton sec à tout le monde... On part enfin au bateau avec Naranja, le conducteur. Arrivé sur la plage, le bateau est en fait une vieille pirogue en bois et sur nous trois, seul un est assez costaud pour porter la moto. Et encore, il a trop fumé et je me rends compte que Pierre le gringalet est dans un état avancé lorsqu'il laisse rouler la bouteille de cachaça vide...
J'annule l'opération, recharge la moto et vais rejoindre les deux Uruguayens qui dorment sur la plage à l'autre bout de la petite ville.
Enfin le 5 janvier, debout à l'aube. Je suis à 7h au port et j'arrive à obtenir une place pour 300 reals (150 euros). C'est reparti pour 40 heures de bateau ! Mais durant le trajet pleut, l'eau rentre partout et traverse les vieilles bâches. En quelques minutes, tout est trempé...
Ce voyage est un peu le même que le premier côté paysage, mais j'ai préféré le premier sur un bateau plus petit et plus convivial. Mais quoi qu'il arrive, c'est à faire. Remonter l'Amazone m'aura en tout pris près de quatre jours de Macapa à Manaus, dix jours si je compte les six passés à Alter de Cho.
J'ai l'impression d'être dans le Transsibérien brésilien même si l'ambiance est tout autre, avec la musique à fond en plein air. Car c'est le même genre de transport interminable qui permet aux gens de se déplacer dans ces grands pays. Pour nous Européens, ces liaisons font rêver et nous attirent, mais ça fait quand même du bien quand ça s'arrête !
Je suis finalement arrivé à Manaus à 4h du mat'. Mort de fatigue, je me rends à l'Hostel Manaus, une auberge sympa dans le centre. J'étais vraiment au radar quand je l'ai trouvée et j'ai dormi une bonne partie de la journée. Le lendemain, je suis allé faire un petit coucou chez Kawasaki Brésil qui avaient été mis au courant de mon aventure et voulaient me rencontrer. Puis j'ai pensé à vous et la journée est vite passée !
Demain je quitte Manaus pour rejoindre Porto Veilho si c'est possible, car il semblerait que la Transamazonienne soit impraticable en cette saison... Je vous donne des nouvelles dès que possible : restez connectés !
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