Le prochain Salon de la moto de Paris, qui aurait dû se tenir en fin d'année, n'aura pas lieu. Les constructeurs examineront vendredi une proposition de l'organisateur pour un salon au Bourget en mars 2018, qui si elle n'est pas retenue pourrait ouvrir la voie à un salon mixte auto-moto sur le modèle du salon de Bruxelles. Quels sont les enjeux dans un contexte économique difficile ? Qu'en pensent les principaux constructeurs ? Explications.
Le prochain grand rendez-vous de la moto à Paris serait reporté en mars 2018 (moins proche du salon de Milan) et déplacé de la Porte de Versailles vers Le Bourget (a priori moins coûteux). C'est en substance la teneur de la proposition que remettra ce vendredi l'organisateur du Salon de la moto aux constructeurs réunis au sein de la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM), après cinq réunions préparatoires.
"On évaluera les coûts dans la proposition de l'organisateur au Bourget, mais s'ils sont proches de ceux de la Porte de Versailles pour Honda ce sera non", prévient d'emblée Fabrice Recoque, directeur de la division moto chez Honda France qui se dit "très satisfait" du dernier salon de la Porte de Versailles en décembre 2015 même si "actuellement il n'y a pas assez de visiteurs (165 000 selon l'organisateur, NDLR) par rapport aux sommes investies".
"On verra si c'est jouable, notamment en termes de coût, mais pour l'instant tout le monde est partant pour Le Bourget", tempère de son côté Eric de Seynes, président de la branche moto de la CSIAM et directeur général de Yamaha Motor Europe, déjà à l'origine du Paris Moto Show en 2005 lorsqu'il dirigeait Option Organisation avant de jeter l'éponge après une seule édition. "A l'heure du numérique, l'époque où l'on venait découvrir un modèle sur un salon est quasiment révolue car les motards ont accès en temps réel à toutes les informations disponibles sur chaque nouvelle moto", résume Eric de Seynes. "Il faut donc se réinventer pour susciter de nouveau de l'intérêt et inciter les visiteurs à se déplacer sur un salon. Les salons qui marchent le mieux sont les salons régionaux comme Lyon, Cagnes-sur-Mer ou même Pecquencourt, car les personnes les plus éloignées de grandes villes ont déjà tout vu sur Internet".
Le contexte a considérablement évolué depuis la première annulation du salon de la Porte de Versailles en 2009. Face à Cologne et Milan, le salon de Paris a renoncé à ses ambitions internationales et ne s'appelle plus "Mondial" de la moto, les constructeurs veulent réduire les coûts et améliorer leur retour sur investissement et les visiteurs ont déjà accès à une multitude d'informations en ligne avant même la présentation d'un nouveau modèle...
Comme l'ont déjà fait les organisateurs des 24 H Motos et du Bol d'Or pour tenter d'enrayer la désaffection du public (MNC du 25 juin 2013 : un groupe de travail au chevet de l'endurance française), le salon de la moto doit donc se repositionner et trouver des solutions pour séduire à nouveau les exposants et les visiteurs.
En cas de rejet par la CSIAM d'un salon au Bourget en mars 2018 (pour des raisons de coût et de localisation, notamment), l'idée d'un salon réunissant à la fois l'auto et la moto, comme le Salon de Bruxelles qui a lieu jusqu'au 22 janvier dans la capitale belge, pourrait revenir sur le devant de la scène. "Si les coûts du Bourget sont proches de ceux de la Porte de Versailles, il y a peu d'intérêt à se délocaliser", estime Fabrice Recoque chez Honda, mais "on a besoin d'un salon, c'est très important".
"On travaille sur plusieurs pistes qui sont encore en débat au sein de la CSIAM", explique Christophe Decultot, directeur général de Honda France. "L'objectif est de rendre ce salon encore un peu plus vivant, plus émotionnel, mais en même temps d'essayer de réduire les coûts pour faire un salon plus raisonnable financièrement".
Le hall moto du Salon de Bruxelles se distingue en effet par sa sobriété avec des stands de taille raisonnable, tous de plain-pied, sans fioritures ni structures onéreuses, axés sur l'essentiel : des motos, des prix, des fiches techniques et des vendeurs. Car le salon belge n'est pas une simple vitrine mais est un vrai salon commercial où s'effectueraient en quelques jours "jusqu'à 60% des ventes annuelles".
"Ce salon "mixte" auto-moto présente des avantages et des inconvénients", poursuit Christophe Decultot en précisant bien qu'il ne s'agit pour l'instant que d'une "piste de réflexion. D'ici la fin du premier trimestre, il faudra prendre des décisions. Pour l'instant la réflexion est sur mars 2018, et si elle n'aboutit pas elle ouvrira la voie de manière concrète à un salon mixte auto-moto".
Le gros avantage d'un salon mixte auto-moto serait naturellement lié à la forte affluence du Salon de l'automobile : "un salon mixte drainerait tout de suite 1,2 million de visiteurs", calcule le DG de Honda, mais "ce n'est pas non plus la solution idéale pour exprimer les spécificités de la moto, la passion, la partie dynamique. Il y a eu une petite initiative en 2016 avec une exposition de motos à l'entrée du Hall 1, à laquelle on n'a pas adhéré car ce n'était pas un dispositif très qualitatif".
"Peut-être qu'un jour il y aura aussi ce concept de salon mixte auto-moto à Paris", confirme Fabrice Recoque. "Le vrai concept qu'on cherche, c'est peut-être d'avoir un salon dans lequel on aurait l'auto et la moto, mais séparés avec des stands dédiés. Il est hors de question de faire des stands mixtes auto-moto pour ceux qui peuvent le faire, mais de rassembler sur un même périmètre les deux univers et parler de mobilité et de technologies du futur" (comme le Honda Riding Assist dévoilé à Las Vegas, NDLR).
Avant que les membres de la CSIAM se prononcent vendredi sur une proposition de salon de la moto au Bourget en mars 2018, MNC a souhaité connaître l'avis des principaux constructeurs sur l'éventualité d'un salon mixte auto-moto.
Réponses en page suivante pour les abonnés Premium ou en achat ponctuel... Mais vous, qu'en pensez-vous ?
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.