Yamaha est le seul grand constructeur moto à maintenir sa sportive de 600 cc dans son catalogue en 2017. La R6 perd plusieurs chevaux dans l'opération - merci Euro4 - mais gagne beaucoup par ailleurs : look de M1, équipement de R1... Moto-Net.Com a testé le tout sur le circuit d'Almeria !
Arrivée sur le dynamique marché des motos - super ! - sportives un an après la R1 - en 1999 -, la Yamaha R6 a connu dix prodigieuses années au cours desquelles son moteur de 599 cc (valeur maxi pour concourir en catégorie Supersport), sa partie cycle en aluminium (puis agrémentée de magnésium), son électronique de pointe (ride-by-wire YCCT en 2006, admission variable YCCI en 2008) et sa fantastique plastique n'ont cessé d'évoluer, tous les deux ans environ.
"Dans les années 2000, les modèles sportifs étaient très "tendance" et séduisaient de nombreux motards qui roulaient en majorité sur route", rappelle Clément Villet, directeur de la division deux-roues chez Yamaha Motor Europe, lors de la conférence de presse du lancement de cette R6 2017.
Mais à partir de 2008, la crise mondiale, la répression routière et l'attrait des motards pour d'autres montures - typées néo-rétro notamment - ont brusquement eu raison des modèles Superbike (4-cylindres 1000 cc et twin 1200 cc et plus) et Supersport (4-cyl 600 cc, 3-cyl 675 cc).
Ainsi chez Yamaha, la dernière évolution de la R6 datait de 2010 ! Deux ans après la sortie de la 4ème génération (caractérisée par son nouveau cadre alu, sa boucle arrière en magnésium, son carénage redessiné et ses mises à jours moteur dont l'YCCI) sortait une nouvelle version aux mi-régimes consolidés mais à la puissance réduite de 129 à 124 ch.
Depuis, les fans de la R6 n'ont eu à se mettre sous le gant qu'une édition spéciale célébrant les "50ème anniversaire" de son constructeur. Pas de quoi stopper l'inexorable chute de ses ventes en Europe : d'un peu plus de 15 000 exemplaires écoulés en 2006, son score a plongé sous le millier en 2013 pour tomber sous les 350 l'an dernier.
"Le segment des motos sportives est moribond", reconnaît volontiers Clément Villet, "mais il n'est pas mort ! Chez Yamaha, les ventes de notre série R125, R3/25, R6, R1 et R1M représentaient encore l'an dernier 11,5% de nos ventes".
Bien que nettement moins performante commercialement, la 600 cc a toute sa place dans le catalogue Yamaha : "imaginez que la R6 disparaisse de notre gamme "Supersport"... Le fossé entre la R3 et la R1 serait colossal en termes de performances et de tarifs", nous fait remarquer le responsable européen.
C'est pourtant ce à quoi s'exposent les principaux rivaux de Yamaha : en choisissant de ne pas renouveler cette année leurs CBR600RR, ZX-6R, GSX-R600 et Daytona 675, Honda, Kawasaki, Suzuki et Triumph ne vont pouvoir vendre en France que des quantités limitées de motos en 2017 (faute d'homologation Euro4), puis aucune en 2018...
"C'est un choix", observe notre interlocuteur, "il est vrai que se plier à la nouvelle norme Euro4 est un processus coûteux, difficilement rentable au regard des ventes en Europe ou même de celles plus importantes aux États-Unis. Yamaha a relevé ce pari".
Pour mettre toutes les chances de son côté, la firme d'Iwata a décidé de décliner l'appréciée recette de la R1 à la nouvelle R6 : lui donner un "R" de famille avec la M1 ! Vue de face, la petite sportive est d'ailleurs plus proche de la moto engagée en Grand Prix, grâce à une entrée d'air forcée placée plus haut et des phares plus profondément encastrés...
Proposée pour sa première année 2017 dans de classiques coloris "Race Blu" et Noir "Tech", la nouvelle Supersport de Yamaha porterait, à n'en pas douter, magnifiquement les couleurs du prochain champion du monde de MotoGP : Maverick Viñales ou Valentino Rossi ?
À moins qu'une hypothétique livrée spéciale de la R6 ne vienne célébrer le succès d'un autre pilote plus légitime encore, puisque pilotant la R6 en World Supersport cette saison : Federico Caricasulo ou - mieux pour les motards français, clients comme concessionnaires - Lucas Mahias, notre ouvreur lors de cette présentation sur circuit ? Moto-Net.Com croise les doigts pour lui !
C'est vue de profil que la nouvelle R6 s'éloigne le moins du précédent modèle, son carénage étant une évolution de l'ancien : "la lignée de conduits latéraux et les lignes horizontales mouvantes forment un design croisé qui met en valeur l'excellente aérodynamique de la moto", décrivent laborieusement les japonais... Qui dit mieux ?
La partie arrière s'inspire en revanche très clairement de celle de la R1. Les "tuyères" de la Supersport sont toutefois plus hautes que celles de la Superbike, si bien que la nouvelle 600 paraît un peu plus élancée que la 1000... mais un peu moins que l'ancienne R6 à l'impressionnante flèche arrière.
L'YZF-R6 de 2017 ne se contente pas de ressembler à la plébiscitée YZF-R1 de 2015 : elle profite de la mise aux normes Euro4 de son petit 4-cylindres pour chiper la fourche et le système de freinage installés sur sa grande soeur (lire le point technique).
L'électronique est également revue : "il ne s'agit pas d'une simple mise à jour, mais d'un remplacement complet des composants et du faisceau", nous assure Clément Villet. C'était nécessaire pour intégrer les modes de conduites D-mode et antipatinage TCS, inédits sur la Supersport.
Afin de respecter les restrictions en termes de pollution atmosphérique mais aussi sonore, Yamaha a consenti à "brider" son moteur. Abaissée de 5 ch lors de la précédente mise à jour, la puissance de la nouvelle R6 perd 5 autres chevaux, plafonnant désormais à 118,4 ch (selon la fiche technique en dernière page). Le couple maxi baisse lui aussi (de 4 unités) à 61,7 Nm.
La finition de la moto demeure en revanche toujours aussi élevée : qualité perçue de l'accastillage (fourche, étriers, platines de repose-pieds, support de plaque, etc.), assemblage des plastiques, traitement des différentes surfaces, parcours des câbles et durits, peinture du carénage... Yam' maintient la barre très haut !
Il n'y a guère que les soudures du cadre pas toujours nettes et régulières - contrairement à celles du bras oscillant - qui n'aient pas trouvé grâce aux yeux de MNC. Notons au passage que le cadre et le bras oscillant ont été scrupuleusement conservés. La R6 garderait donc sa phénoménale tenue de route piste ?
C'est justement ce que Yamaha propose à Moto-Net.Com de vérifier sur le circuit d'Almeria, dans le sud-est de l'Espagne. Le Journal moto du Net a mis un peu de temps à se remettre le tracé en tête : sa dernière venue date de fin 2010, à l'occasion de la sortie de la dernière évolution de la GSX-R600 (relire notre Essai MNC : Suzuki bosse ses fondamentaux) !
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS YZF-R6 2017 | ||
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POINTS FAIBLES YZF-R6 2017 | ||
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